SERY: déjà 30 ans
L’organisme Solidarité Ethnique Régionale de la Yamaska (SERY) qui a pour mission d’accompagner les nouveaux arrivants dans leur intégration était fier de présenter ses nouveaux locaux rénovés et de réaffirmer sa position dans le domaine de l’aide à l’intégration des nouveaux arrivants. Cependant, si la situation s’est grandement améliorée dans les 30 dernières années, l’ignorance reste encore LE grand défi auquel sont confrontés les acteurs du milieu.
Après 30 ans à œuvrer afin que les nouveaux arrivants trouvent leur place au sein de notre société, c’est environ huit à dix pour cent des citoyens de Granby qui font partie de groupes minoritaires. L’organisme a aidé des humains venant de 121 nationalités différentes, embauché 20 employés, a vu trois directions se succéder… beaucoup de chemin a été parcouru au fil de ces années. Seulement, si tous ces travailleurs et bénévoles ont quelque chose en commun, c’est leur amour pour autrui. « Tous les acteurs sont passionnés par l’humain » tient à rappeler la présidente du conseil d’administration, Nathalie Bédard, avant de rappeler le slogan de l’organisme « parce que chez nous c’est aussi chez vous ».
Un directeur général qui connaît la poutine
Lorsque le directeur général du SERY, Frey Guevara, a pris la parole, c’est avec de la fierté dans les yeux qu’il a présenté les différents projets pour cette année significative pour l’organisme. Publireportage, participation de Kim Thuy lors d’une conférence, ajout d’une nouvelle catégorie lors du Gala des Prix Distinction de la a Chambre de commerce de La Haute-Yamaska, à savoir, la catégorie Intégration des travailleurs immigrants et plusieurs autres projets.
Or, il y avait un petit quelque chose de perceptible qui surpassait ces annonces, certes hors du commun. M. Guevara a lui-même été accueilli par le SERY à son arrivée en terre canadienne. Aujourd’hui, c’est comme directeur général de ce service, maintenant considéré comme une Institution pour la ville de Granby, qu’il se présente au lutrin. Un chemin pour le moins encourageant pour ceux qui peuvent voir la montagne devant eux.
Le point de presse s’est d’ailleurs déroulé dans une salle dédiée à une collègue disparue en 1999, Jeannette Haffagee, qui s’est impliquée dès les débuts du SERY en 1992 et qui a tout donné pour obtenir les subventions et reconnaissances nécessaires au bon fonctionnement de l’organisme. Cet objectif sera atteint en 1996 lorsque le gouvernement fédéral octroiera les subventions tant attendues. La femme originaire d’Afrique du Sud, qui a manifestement connu l’apartheid, est considérée comme un des piliers du SERY et pour cause.
Les vieux « travers » qui persistent
Malgré une évolution manifeste quant à la tolérance des immigrants au Québec, un des défis majeurs auquel l’organisme est confronté reste l’ignorance. Une ignorance qui se traduit, malheureusement, trop souvent en une xénophobie. Au cours du point de presse, le Granby Express a eu l’occasion de s’entretenir avec l’ancienne directrice générale du SERY, aujourd’hui à la retraite, mais toujours impliquée dans l’organisme, Joanne Ouellette.
« Il y a des gens qui sont…racistes c’est un grand mot. Je trouve qu’il s’agit d’ignorance. Ils sont ignorants quant au vécu de ces personnes. Ils ne connaissent pas le parcours de ces nouveaux arrivants. Quel chemin ils ont fait. Je me rappelle une vieille dame afghane, elle allait à l’épicerie juste en face et portait un foulard transparent sur sa tête, attaché autour de son cou. Un homme lui dit « tiens! voilà les terroristes qui débarquent en ville ». Elle a fait comme si elle n’avait rien entendu. Il y a encore des gens comme ça, mais c’est de moins en moins palpable, car ils se sont intégrés et nous les voyons de plus en plus dans divers domaines. »