Un pharmacien radié pour trois mois
JUSTICE. Le pharmacien Marc-André Tessier a été radié pour une période de trois mois par l’Ordre des pharmaciens du Québec. Cette décision survient après que le pharmacien salarié se soit approprié des stupéfiants à même l’inventaire d’une pharmacie, située au 751, rue Principale à Granby.
Selon un document, dont TC Media a obtenu copie, une plainte a été déposée dans ce dossier le 27 octobre 2016. Les faits reprochés au pharmacien se seraient échelonnés sur plus de deux ans, soit du printemps 2014 jusqu’au mois de juin 2016. «Alors qu’il exerçait sa profession à titre de pharmacien salarié à la Pharmacie Jean Provost, Majed Bitar et Kevin Smith inc., la partie intimée a fait défaut de se comporter avec dignité et intégrité dans ses rapports avec un autre pharmacien en s’appropriant, à même l’inventaire de la pharmacie, des médicaments», peut-on lire dans la plainte formulée. Le document révèle aussi que Marc-André Tessier a fait un usage immodéré de substances psychotropes.
En raison du Code de déontologie des pharmaciens, le pharmacien doit s’abstenir de faire un usage immodéré de substances psychotropes ou de toute autre substance, incluant l’alcool, produisant des effets analogues.
Selon l’Ordre des pharmaciens du Québec, l’intimé dans cette affaire a prononcé un plaidoyer de culpabilité sur deux chefs de la plainte. Pour chacun des chefs, une radiation temporaire de trois mois a été suggérée.
Dans son jugement, l’Ordre des pharmaciens du Québec écrit «la sanction vise non pas à punir le professionnel fautif, mais à assurer en premier, la protection du public. Ensuite, la sanction doit permettre d’atteindre les objectifs suivants: dissuader le professionnel de récidiver et servir d’exemplarité pour les autres membres de la profession. En quatrième place vient le droit de l’intimé de pratiquer sa profession.»
Rappel des faits
Selon l’Ordre des pharmaciens du Québec, Marc-André Tessier est inscrit au Tableau de l’Ordre depuis 2008 et il commence à travailler à la pharmacie située au 751, rue Principale, à Granby en 2009.
Dans sa déclaration, l’intimé explique «qu’il a développé un désir pour les stupéfiants et pour leur effet euphorique, à la suite d’une intervention dentaire en 2011 pour laquelle il lui fut prescrit du Supeudol pour la douleur qu’il éprouvait».
C’est à la suite d’une rupture amoureuse au printemps 2014 qu’il pose le geste pour la première fois. Il s’approprie des stupéfiants dans l’inventaire de la pharmacie où il travaille. Au fil du temps, sa dépendance s’accrut graduellement à différents produits.
Constatant un débalancement dans les inventaires, les propriétaires font appel à une firme de sécurité et prennent les inventaires journaliers de l’armoire de stupéfiants, dont seuls les pharmaciens ont la clé. Ils constatent le 7 juin 2016 que l’intimé s’appropriait des stupéfiants sans prescription et sans en payer la contrepartie.
Selon le document obtenu, «l’intimé a reconnu que ses gestes étaient inacceptables, mais que sa dépendance était trop forte pour s’empêcher de voler et de consommer. Il était conscient qu’il finirait par se faire prendre. La valeur des appropriations se chiffre à 5 000 $», est-il mentionné.
Marc-André Tessier est congédié sur-le-champ. Le 9 juin 2016, l’un des propriétaires de l’établissement produit une demande d’enquête au bureau du syndic de l’Ordre des pharmaciens. De son côté, l’intimé s’engage à rester inscrit au programme Alerte lui permettant de faire exécuter ses ordonnances qu’à une seule pharmacie.
Dans les semaines suivant son congédiement, Marc-André Tessier a remboursé les sommes qu’il devait pour ses appropriations à l’un des copropriétaires de la pharmacie.