Une journée dans la vie d’un patrouilleur de ski

BROMONT. 7h30. Journée froide et venteuse de janvier. Les patrouilleurs de l’équipe de Bromont, montagne d’expériences, arrivent en poste. Première étape? Prendre sa radio émetteur-récepteur à la clinique située au pied du mont Soleil et se rendre à une remontée.

Tous les patrouilleurs arpenteront une piste pour déterminer si elle est praticable ou non.

Les conditions générales de ski et les pièges, comme des buttes de neige laissées par les dameuses ou la présence de roches, détermineront alors de la qualité de la piste.

Lundi (11 janvier), une quinzaine de patrouilleurs sont en poste. Certains sont des employés permanents et rémunérés. D’autres sont des bénévoles. C’est le cas de Claudette Hubert qui sillonne la montagne depuis six hivers. Avant d’atterrir à Bromont, la retraitée était patrouilleuse au mont St-Bruno. Celle qui habite à St-Bruno fait tout le trajet pour relever le défi «Bromont», une montagne bien plus grosse. «Ç’a m’arrive encore de me perdre», lance-t-elle.

L’équipe de patrouilleurs de Bromont, avec ses 203 âmes, est l’une des plus imposantes du Québec en ce qui a trait à la quantité.

La grande patrouille, une fois l’état des pistes de ski établi, a rendez-vous à la caserne, le bâtiment de secours situé au sommet du Versant du Village.

Le chef d’équipe fera un retour sur le weekend et donnera les consignes pour la journée. Lundi, quelques missions attendaient les patrouilleurs. L’un d’eux devait aller remplacer une corde dans la San Francisco et un autre devait replacer le matelas bleu qui recouvre le poteau 7 de la remontée mécanique du Versant du Lac.  

Les patrouilleurs sont invités à ouvrir l’œil. Les vents forts feront sans doute tomber des branches dans les pistes et il faudra les ramasser au fur et à mesure. Au même moment où le chef d’équipe donne ses consignes, des fenêtres de la caserne, on voit que les nuages se dispersent et fait place à des percées de soleil.

Le mont Soleil et les versants du Village, des Cantons et du Lac sont ouverts, laissant ainsi 45 pistes sur 112 aux bons soins des amateurs de sports de glisse.

Un semblable scénario sera présenté à la clientèle du soir. En milieu d’après-midi, l’équipe de patrouille de jour ira fermer, s’il le faut, les pistes inaccessibles en soirée. Pendant ce temps, l’équipe de patrouille du soir assurera la sécurité des clients, et ce, jusqu’à la fermeture de la montagne.

La grande patrouille, une fois l’état des pistes de ski établi, a rendez-vous à la caserne, le bâtiment de secours situé au sommet du Versant du Village. Le chef d’équipe fera un retour sur le weekend et donnera les consignes pour la journée lors du meeting matinal.

Mot d’ordre: prévention

«Tout sport comporte ses propres risques», assure Philippe Rainville, superviseur exploitation activités et prévention de Bromont, montagne d’expériences.

À cette montagne des Cantons-de-l’Est, deux personnes ont perdu la vie dans les dix dernières années. Les incidents se sont produits à seulement une semaine d’intervalle. «C’est très rare qu’une personne perde la vie en ski», précise le superviseur.

En ski ou en planche à neige, les blessures les plus fréquentes sont des blessures d’articulations, comme à l’épaule, aux poignets et aux genoux.

Un rapport est entrepris pour tout incident qui est rapporté à la patrouille. Une personne vérifie que tous les rapports sont conformes. Une fois que cela est fait, ils sont envoyés au ministère de l’Éducation, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche (MEESR).

Selon Philippe Rainville, tout patrouilleur porte trois chapeaux.

«On fait un métier qui rassemble à la fois le travail des policiers, des ambulanciers et des pompiers. On n’éteint pas de feu, mais on fait beaucoup de prévention et on doit parfois faire de la répression.»

L’aspect répressif de la patrouille de ski déplait à une partie de la clientèle, reconnait le superviseur. «Quand un client blessé nous voit arriver, c’est là qu’ils sont contents», ajoute-t-il.

Philippe Rainville ajoute qu’on réduit les risques d’accident en respectant la régle d’or des stations, soit avoir le contrôle.

En 2011, l’équipe de patrouille de Bromont et les services ambulanciers et médicaux de la région ont établies des procédures dans les cas d’accidents. Elles sont revues chaque saison pour améliorer ce service d’aide.

Bon skieur

Selon Philippe Rainville, un bon patrouilleur doit détenir de fortes habiletés en ski ou en planche à neige, bien travailler sous la pression et gérer adéquatement les situations d’urgence.

Pour devenir patrouilleur, il faut obligatoirement suivre la formation de l’Institut national de secourisme du Québec (INSQ). À la station de ski de Bromont, les patrouilleurs sont formés par Trauma Experts.

En février, Bromont, montagne d’expériences tiendra une journée «portes ouvertes» pour ceux qui souhaiteraient rejoindre la grande équipe de patrouilleurs.

Nuits Blanches

Les Nuits Blanches sont une particularité de Bromont, montagne d’expériences.

Neuf fois durant l’année, la montagne reste ouverte jusqu’à 2h du matin. Un DJ est sur place et des activités surprises ponctuent la soirée.

Lors des Nuits Blanches, Philippe Rainville dit ajouter davantage d’effectifs sur la montagne. «Il y a entre 25 % à 30 % de plus de patrouilleurs parce qu’il y a plus de monde. On fait ça en raison du volume», indique-t-il.

Il assure que des adeptes de ski ou de planche à neige consomment de l’alcool et de la drogue. En plus des patrouilleurs, les employés des remontées mécaniques et du service de sécurité assurent une surveillance. «Mais c’est bien moins pire que c’était», avance M. Rainville.

Sutton est prêt à tout

Du côté du mont Sutton, l’équipe de patrouilleurs, composée de 90 bénévoles et de six employés permanents, est prête à toutes éventualités, assure la responsable des communications, Mireille Simard.

«Les skieurs ont aussi leur part. Ils doivent s’assurer d’être en former, de respecter les codes de conduite», ajoute-t-elle.

Une équipe de préventionniste arpente aussi le domaine skiable. «Ce sont les yeux des patrouilleurs», image Mme Simard.

Dans les dix dernières années, Sutton n’a enregistré aucun décès.

La responsable des communications rapporte que le mont Sutton détient l’un des plus bas taux d’accidents de ski.

« C’est une montagne très technique. Ce n’est pas une station où la vitesse est recherchée, mais où on savoure la descente» avance-t-elle pour expliquer ce phénomène.