Une rentrée scolaire hors de l’ordinaire

IMMIGRATION. Dans une semaine jour pour jour, des centaines d’enfants et d’adolescents entameront l’année scolaire 2016-2017. Pour certains qui n’étaient même pas au Québec à pareille date l’année dernière, cette rentrée est tout sauf ordinaire.

La famille Hudi fait partie de la vague de réfugiés syriens qui se sont installés au Canada en début d’année. Cette dernière est arrivée à Granby en plein hiver.

À l’approche de la rentrée scolaire, la première que les enfants feront en entier, la famille à accepter de rencontrer le GranbyExpress. La rencontre s’est déroulée chez Solidarité Ethnique Régionale de la Yamaska (SERY) en compagnie de l’intervenante communautaire scolaire et interculturelle, Fatma Ghella. Elle y était à titre d’interprète comme les membres de la famille sont en processus d’apprentissage du français.

Muhammed, 10 ans, Amer, 13 ans, et Umran 15 ans ont tous hâte de fouler les portes de leur école respective. Pour avoir expérimenté pendant trois mois le milieu scolaire du Québec l’an dernier, les nouveaux Granbyens savent à quoi s’attendre.

En effet, deux mois après leur arrivée à Granby, les trois garçons intégraient l’école. Le plus jeune à l’école primaire Ave Maria et les deux plus vieux à l’école secondaire Haute-Ville.

Muhammed ira cette fois dans la classe d’accueil de l’école L’Assomption. Le petit est curieux et adore apprendre. S’il aime tout de l’école maintenant, il admet avoir été surpris au début de ce qu’était l’école au Québec.  
 
En Syrie par exemple, il y a moins de loisirs, raconte le père, Ali Hudi. «Ici, l’ordinateur et la télévision les aident beaucoup dans leur apprentissage», précise-t-il. L’aîné de la famille avoue qu’il a été surpris d’écouter des films en classe.

Amateur de sport, Amer a quant à lui était impressionné par les gymnases.
«Il n’y a pas de salles de sport comme ça en Syrie. Ici, elles sont très grandes et il y a aussi beaucoup de matériel», ajoute l’adolescent de 13 ans.
 
Premiers de classe
Bien que l’environnement scolaire soit relativement nouveau pour leurs enfants, Ali Hudi et Murani Elhalaf ne sont pas inquiets. «Ce sont de bons élèves qui aiment l’école. Je ne suis pas inquiet parce que je sais ce dont ils sont capables en terme académique», assure Ali Hudi.

Les parents se disent fiers d’être au Canada. Ils souhaitent apprendre le français, les coutumes et les traditions de leur pays d’accueil. «Mais cela demande du temps. Tout est nouveau pour nous», explique M. Hudi.

Le père de famille suit des cours de francisation au SERY. Les cours de la mère sont offerts au Cégep de Granby. Cette dernière qui assure aimer la langue trouve toutefois que d’apprendre le français, du lundi au vendredi, de 8h30 à 15h30, est trop pour elle. Elle croit qu’un horaire raccourci l’aiderait à mieux assimiler la matière. D’autant plus qu’elle aurait plus de temps à la maison afin de préparer le repas et d’accueillir ses garçons à leur retour de l’école.
 
Préparation  
Sinon, ce sont 28 enfants immigrants qu’a accueillis le SERY qui feront leur première entrée scolaire dans quelques jours.
Ils proviennent de neuf pays différents, en majorité d’Afrique, et sont âgés de 5 à 17 ans.

Ils iront dans l’une des classes d’accueil de la Commission scolaire du Val-des-Cerfs, soit à Haute-Ville pour les élèves de niveau secondaire, et à l’Assomption ou à Ave Maria pour ceux de niveau primaire.
 
Le coordonnateur de l’intégration scolaire au SERY, Frey Alberto Guevara, à l’emploi depuis dix ans, relève que l’intégration des enfants immigrants en milieu scolaire est différente pour chacun. «Cela peut être relativement facile pour certains et plus difficile pour d’autres. Simplement parce que chaque élève à sa propre histoire», explique-t-il en soulignant que des enfants quittent leur pays parce qu’il est en guerre.

Frey Alberto Guevara rencontre tous les enfants immigrants qui arrivent à Granby. Il leur présente les rudiments du milieu scolaire québécois. «Cela va de la préparation à la boite à lunch, aux poux, aux uniformes, au transport en autobus ou aux fontaines (d’eau)», relate-t-il.

La question que les enfants lui posent le plus souvent? «Quand est-ce que je commence», rapporte-t-il en échappant quelques rires.
 
Les parents sont davantage préoccupés par les frais que demande l’éducation. «La plupart du temps, ils se demandent comment ils vont faire pour tout payer», indique M. Guevara.

Le programme de préparation à l’école du SERY implique également une visite de l’école ainsi qu’une rencontre avec les parents, les enfants et les enseignants quatre semaines après la rentrée.

Ce programme instauré depuis plusieurs années au SERY sert de modèle à d’autres organismes d’accueil et d’intégration.