Vapoteurs, préparez-vous à payer plus cher vos produits

TAXES. Le gouvernement fédéral a annoncé il y a quelque temps l’entrée en vigueur d’une nouvelle taxe d’accise qui touchera tous les produits contenant des liquides de vapotage. Ainsi, certaines bouteilles de liquides verront leurs prix augmenter de presque 16 $. Une énième règlementation qui oblige encore les commerçants à s’adapter, a constaté le GranbyExpress.

Terry Whittam est à bout de souffle. Alors qu’il doit déjà composer avec les difficultés imposées par le contexte difficile (la pénurie de main-d’œuvre et l’inflation entre autres), voilà que le propriétaire de la boutique ToutVape, ayant pignon sur rue Saint-Jacques à Granby depuis une dizaine d’années, doit composer avec cette nouvelle taxe qui l’oblige à fonctionner à perte pour quelque temps. « Chaque année, il y a quelque chose, quand ce n’est pas le nom ou l’étiquetage, ils (les autorités gouvernementales) trouvent de quoi d’autre. On ne peut plus utiliser un nom de personnage, de drink, de pâtisseries, ou même de bonbons sur nos produits. Chaque année, il y a quelque chose qui nous cause des pertes. Ils sont acharnés », indique M. Whittam, visiblement découragé.

En effet, depuis le 1er octobre dernier, les fabricants et les importateurs de produits de vapotage vendus dans les magasins doivent posséder une licence ou être enregistrés auprès de l’Agence du revenu du Canada. Ils doivent aussi s’acquitter d’un droit d’accise sur les produits de vapotage et sont obligés d’apposer un timbre d’accise pour produit de vapotage afin d’indiquer que les droits ont été payés.

Pour les consommateurs, ces règlementations se traduisent par d’importantes hausses de prix sur les produits liquides. Ces derniers connaitront une hausse d’un dollar par deux millilitres jusqu’à dix millilitres. À partir de ce seuil, c’est une augmentation d’un dollar qui sera ajoutée par tranche de dix millilitres supplémentaires. Par exemple, pour une bouteille de 120ml, c’est une hausse de 16 $ qui sera constatée sur la facture. « Je trouve que c’est exagéré et trop taxé. Ce que ça implique, ce sont des pertes, parce qu’il y a certains fournisseurs pour qui c’est un peu compliqué pour eux de reprendre du stock », mentionne Terry Whittam, qui a choisi d’assumer des pertes pour offrir aux clients des produits qui ne sont pas surtaxés, et ce, jusqu’au 1er janvier.

Pour les responsables de la boutique TuVap, installée sur la rue Principale, cette nouvelle taxe vient également affecter leurs liquides faits maison, la « marque de fabrique » de la place, mais qui doit en arrêter la production d’ici le premier janvier. « Ça serait trop dispendieux d’essayer de convertir ça, vu que ça prend des tags gouvernementaux faits par les fabricants. Vu qu’on n’est pas considéré comme fabricant, il faudrait faire le tout en laboratoire et chaque tag devrait contenir un numéro de série et la saveur incluse. Ce qui coûte très cher à réaliser », explique Dawson Gaboriault, vendeur au TuVap depuis quelques années.

« Ce qui est dommage là-dedans, et un peu comme à chaque fois que le règlement change, c’est le fait qu’on est obligé de retourner les produits qu’on a achetés. Mais on ne peut pas le faire avec tout notre inventaire, il y a donc des produits avec lesquels on va être pogné jusqu’à leur destruction », regrette-t-il.

Cause et conséquences 

Si les boutiques de cigarettes électroniques se voient tant règlementées, c’est parce qu’elles sont incorporées à la loi sur le tabac depuis 2018, alors que, surprise, les liquides et produits vendus de vapotage ne contiennent généralement aucune trace de tabac. Un vrai non-sens pour les commerçants qui, pour eux, s’explique par la méconnaissance des produits et du manque d’éducation. « Ça n’aurait pas dû être ça, la nicotine et le tabac sont deux choses complètement différentes et qui n’ont aucun lien. On n’a pas rapport avec l’industrie du tabac, mais on a été intégré avec leurs lois, ce qui implique des règlementations bizarres pour nous », dénonce M. Whittam.

« Il y a certains produits qui sont faits avec de la nicotine synthétique, qui est faite en laboratoire. Ça n’a donc même pas rapport avec la plante en tant que telle », ajoute M. Gaboriault.

Pour les commerçants, ce genre de règlementation impliquera plusieurs conséquences indirectes, dont l’intensification de la contrebande notamment. En effet, les liquides peuvent être faits par quiconque ayant sur la main de la glycérine végétale, du propylène glycol, des arômes et de la nicotine. Si ce dernier ingrédient est un peu plus compliqué à obtenir, les premiers éléments quant à eux sont facilement trouvables.

Les vendeurs entendent également plusieurs clients mentionner leur retour à la cigarette, étant donné les prix similaires entre les deux produits. « Ils disent qu’ils veulent faire ça pour décourager les jeunes, mais c’est un couteau à double tranchant. Ça va fonctionner un petit peu, mais on punit ceux qui ont choisi la réduction des méfaits pour un produit moins dommageable, on les punit en les surtaxant pour éviter que les jeunes viennent », affirme Terry Whittam, qui assure être très sévère avec les jeunes mineurs qui se présentent dans sa boutique.

« J’entends les gens dire qu’ils paient beaucoup de taxes, et ils se demandent pourquoi ils paient tout ça alors qu’il y a moins de services en général. Les écoles tombent en ruine, les hôpitaux sont à l’agonie, les routes sont pleines de trous. On a l’impression que ces taxes-là, c’est que pour remplir leur belle poche », conclut le gérant de la boutique ToutVape.