Violence conjugale: des données préoccupantes

SOCIÉTÉ. La violence conjugale fait des ravages partout en province. En 2022, 129 incidents ont été enregistrés par le Service de police de Granby (SPG) comparativement à 96 en 2019. Une hausse de 34,38 %. Une donnée qui n’est pas près de régresser de sitôt. C’est le constat qu’a fait la travailleuse sociale, Noémi Maltais, lors du bilan de l’an deux du projet APPUI (Agir ensemble pour Protéger, Prévenir dans l’Urgence d’Intervenir) soutenu par la sûreté municipale.

Près de 70 chicanes de famille, 175 événements pour des individus perturbés, dix médiations pour des cas de tentative de suicide et 156 autres interventions (violence conjugale, agression sexuelle, annonce d’un décès, maltraitance envers les aînés). Au premier coup d’oeil, les statistiques évoquées démontrent toute l’importance d’une ressource civile en travail social au SPG.

« Avec les années, plusieurs organisations policières se sont rendu compte que c’était essentiel dans notre travail. Il y a souvent un volet social qui s’ajoute dans les interventions policières. Et Noémi, concrètement ce qu’elle fait sur le terrain, elle travaille avec les policiers et auprès des victimes qui peuvent être vulnérables ou en besoin de protection », a expliqué la capitaine Caroline Garand, capitaine à la sécurité des milieux et des relations communautaires du Service de police de Granby.

Pour les patrouilleurs, la travailleuse sociale est aussi un point de référence. Cette dernière leur a d’ailleurs offert une formation sur la démystification de la violence conjugale, l’hiver dernier. La mise en place d’une trousse violence, qui contient notamment une série de dépliants pour les victimes, un aide-mémoire pour les policiers et des documents pour la prise en charge de l’intervention, est également une autre de ses réalisations.

 

« Ces trousses se retrouvent dans la salle de rédaction et sont accessibles pour les patrouilleurs qui peuvent les apporter dans leur sac de patrouille et s’en servir lors de situations de violence conjugale »,  a indiqué Noémi Maltais, travailleuse sociale attitrée au projet APPUI.

 « Dans les cas de violence conjugale, c’est souvent des interventions émotives. Avec cette liste (d’éléments et de points à ne pas omettre), on est certain que nos policiers n’oublient rien », a ajouté la capitaine Garand.

Lourd portrait

La violence conjugale n’est pas une lubie. Elle est présente comme en font foi les chiffres ci-haut mentionnés. Noémi Maltais peut en témoigner, car elle côtoie régulièrement des victimes et des agresseurs afin de les aiguiller vers les ressources d’aide du milieu. 

« Au niveau psychosocial, mon rôle est différent de celui des policiers. Dès qu’ils ont des informations, ils doivent monter un dossier et l’envoyer aux enquêtes. Moi, je suis dans un rôle d’accompagnement. »

Selon la travailleuse sociale, rien ne laisse croire une diminution prochaine de la violence conjugale. « C’est difficile de faire le portrait de la violence conjugale sans parler de la santé mentale, de l’augmentation de la problématique de la santé mentale, des trous de service par rapport au CIUSSS et aux organismes communautaires  (…). Mon portrait de la dernière année, c’est une grosse augmentation. « 

Financé à 90 % par le ministère de la Sécurité publique et à 10 % par la Ville de Granby, le projet APPUI d’une durée de trois ans viendra à échéance le 31 mars 2024. « Comme organisation policière, c’est sûr que je vais être en pourparlers avec le Ministère cet automne justement pour prolonger le projet. Pour nous, c’est une priorité », a confié le directeur du SPG, Bruno Grondin.