Yves Langlois confondu avec un activiste

HOMONYMIE. Malgré plusieurs plaintes en ligne, une lettre recommandée, une mise en demeure signifiée par un huissier et une injonction accordée par un juge de la Cour supérieure, le réalisateur de St-Armand Yves Langlois n’a toujours pas de nouvelles du géant Internet américain Google. Mais pendant ce temps sur la toile, une photo du réalisateur accompagne la description d’un autre Yves Langlois. «Une situation cauchemardesque», selon lui.

D’une part, il y a Yves Langlois, né en 1951, le réalisateur de St-Armand connu notamment pour le documentaire L’Autiste au tambour.

D’autre part, il y a Yves Langlois, né en 1947, activiste membre du Front de libération du Québec et connu sous le pseudonyme de Pierre Séguin. Il a notamment participé à l’enlèvement du diplomate James Richard Cross lors de la Crise d’octobre de 1970. Douze ans plus tard, il a reçu une sentence d’emprisonnement de deux ans.

C’est en tapant son nom par hasard sur Google que le réalisateur de St-Armand, Yves Langlois, a découvert qu’une photo de lui apparaissait à côté de la description de l’activiste.

Un véritable cauchemar qui recommence pour le cinéaste qui a jonglé, il y a une vingtaine d’années, avec son homonyme activiste. «De 1970 à 1990 je me suis fait prendre à plusieurs reprises pour l’autre Yves Langlois. Ça me suivait partout. Aux États-Unis, j’ai déjà été gardé quatre heures avant d’être relâché. Mon fardeau s’était allégé avec l’arrivée des systèmes informatiques. Mais là, ça recommence et c’est encore pire».

D’activiste à terroriste

En faisant cette découverte, le 4 novembre dernier, Yves Langlois a avoué que «les bras me sont tombés. Être activiste, ce n’est pas un crime. Mais lorsqu’on fait cette recherche en anglais, le mot activiste est remplacé par terroriste. Et ça, c’est grave».

Par prudence, Yves Langlois a décidé d’annuler un voyage en France. «Je n’ose pas aller aux États-Unis. Là-bas, le terrorisme est le pire des crimes».

Il a donc immédiatement téléphoné au géant Internet américain Google. Résultat ? Des heures d’attentes perdues au téléphone et des plaintes en ligne sans réponse.

Google totalement absent

Membre de la Fédération professionnelle des journalistes du Québec (FPJQ), Yves Langlois a contacté la clinique juridique Juripop.

Le 26 novembre, une mise en demeure, accordée par un juge de la Cour supérieure, l’honorable Thomas M. Davis qui a «jugé grave la situation», a été envoyée au moteur de recherche pour rectifier le tir.

«Mettre la photo de Yves Langlois, le réalisateur, avec la bonne description, et vice-versa. C’est ce qui est important pour le moment», explique l’avocat qui représente Yves Langlois, M. Alex Leclerc.

Trois fois, la mise en demeure a été envoyée par un huissier et toujours pas de réponse de Google. «Je n’ai jamais vu ça, de ne pas avoir de réponses. Pourtant, Google n’a aucun avantage à laisser la photo là. Pourquoi ne nous répondent-ils pas ? Je ne sais pas. Mais en ce moment, c’est comme s’ils se disaient qu’étant donné que la compagnie est une grosse structure, ils se permettent de ne pas respecter la loi au Québec», dit l’avocat.

Yves Langlois assure avoir perdu un contrat en raison de cette erreur. Le processus d’évaluation des dommages est encore en cours et un montant de 350 000$ pourrait être réclamé à Google en dommages et intérêts.