Le secteur industriel granbyen à la croisée des chemins

AFFAIRES. Alors que les annonces en affaires se sont multipliées ces derniers temps à Granby (Prinoth, Tremcar et Volta pour ne citer qu’eux), cette croissance s’accompagne également d’un manque de locaux industriels et de terrains disponibles pour de nouveaux projets. Ce qui redéfinit les enjeux et les opportunités économiques de la région, qui est à la croisée des chemins, selon Éric Tessier, directeur du développement industriel chez Granby Industriel.

Actuellement, 16 locaux industriels sont disponibles à la location, d’après le site internet de Granby Industriel. Dans le secteur industriel, les locaux disponibles sont notamment situés dans le secteur des rues Karel-Velan et Arthur-Danis, entre autres. «Dans le parc industriel, il y a moins de locaux à louer qu’avant, c’est sûr. Il fut une époque où on avait quatre ou cinq pages sur notre site internet de locaux à louer, aujourd’hui c’est une ou deux (…). Ce qui est intéressant avec ces locaux, c’est que vu que l’intérieur n’est pas complété, ça permet au locataire de les adapter aux besoins spécifiques de leurs entreprises», a mentionné M. Tessier.

La pénurie la plus préoccupante concerne davantage les terrains disponibles pour les projets industriels. Alors qu’il y a à peine cinq ans, plus de 5 millions de pieds carrés de terrains étaient disponibles en ville, aujourd’hui il ne reste qu’un ou deux terrains qui ne peuvent être vendus pour des raisons techniques. «On reçoit des appels de gens intéressés à acquérir des terrains presque chaque semaine, mais pour le moment, nous n’en avons plus», a déclaré M. Tessier. «On a énormément de demandes, mais c’est un problème généralisé sur la Rive-Sud de Montréal, où il n’y a plus de terrains à vendre, et ça ressurgit à Granby», a-t-il ajouté.

Malgré la non-disponibilité de terrains, Éric Tessier affirme toutefois qu’à court terme, aucun développement industriel n’est envisageable dans la ville. «Aujourd’hui, le monde a bien évolué, on ne mise plus sur la croissance à tout prix. La protection des milieux naturels et humides devient très importante, et il faut faire avec ces enjeux-là. On a énormément de projets à absorber cette année».

De nouvelles réalités

Alors que le monde industriel connaît ses propres défis, à Granby, la pandémie n’a pas vraiment eu raison des espaces du secteur manufacturier. D’après M. Tessier, le facteur de limitation actuel se situe plus dans la disponibilité de la main-d’œuvre. «Les usines n’ont pas été autant impactées que les immeubles à bureaux. C’est certain que le télétravail s’est imposé dans le parc, au niveau administratif notamment, il y a donc -peut-être un taux moins élevé d’occupation dans les entreprises, mais pour ce qui est des aires de production, il n’y a pas eu vraiment d’impact», a-t-il fait savoir.

Par ailleurs, Granby Industriel est présentement en pleins travaux avec la Ville de Granby pour définir la nouvelle stratégie de développement économique pour les prochaines années. Éric Tessier affirme que le secteur industriel doit avant tout s’adapter à de nouvelles réalités pour tenter d’attirer des entreprises plus spécialisées. «Avant, on analysait le potentiel des projets un à un, on avait mis un focus important sur les secteurs aéronautique ainsi que du transport et des véhicules spéciaux (…). Aujourd’hui, on va miser davantage sur tout ce qui est entreprises technologiques, qui vont peut-être créer moins de postes, mais des emplois de plus haut niveau et avec de meilleurs salaires», a mentionné M. Tessier. «On est un peu à la croisée des chemins», a-t-il conclu.

Et du côté commercial ?

Si l’on se penche sur la rue Principale de Granby, on constate que la majorité des locaux sont actuellement occupés. Cependant, il est indéniable que le contexte actuel, marqué par une inflation persistante, présente des défis pour ceux qui souhaitent se lancer en affaires.

Contrairement au secteur commercial, où l’offre et la demande semblent relativement équilibrées, le secteur des bureaux présente une dynamique différente. Avec la montée en puissance du télétravail et d’autres méthodes similaires, de plus en plus d’entreprises optent pour des formules hybrides. Cela a un impact sur la demande d’espace de bureau. «Les entreprises réalisent qu’elles ont moins besoin d’espace bureau, notamment avec les gens qui travaillent de la maison ou qui ont des formules hybrides, mais il est encore trop tôt pour se prononcer sur ça, mais il est évident que ça va avoir un impact à long terme», a mentionné Fanny-Ysa Breton, codirectrice de Commerce Tourisme Granby et région et responsable du développement commercial.

D’après Mme Breton, la situation de la location de bureaux à Granby, qui n’était déjà pas à son meilleur avant la pandémie, s’avère délicate aujourd’hui. «Nous savons que nous avions déjà un nombre considérable de bureaux disponibles à louer à Granby, et cette situation ne semble pas s’améliorer à court terme. C’est un problème qui touche de manière généralisée, et comparativement au centre-ville de -Montréal, nous pouvons nous considérer chanceux, car les gens à Granby sont tout de même revenus dans les bureaux malgré les nouvelles tendances de travail à distance », a indiqué la responsable du développement commercial. «On est en plein dedans, et avec ce contexte inflationniste, ça ne nous aide pas vraiment, on va pouvoir constater les effets d’ici un ou deux ans», a-t-elle complété.