Être sur son X
Parfois une réorientation de carrière peut changer une vie.Passant de représentante au service à la clientèle à travailleuse de rue, Maÿlis (*) ne regrette pas ce changement de cap visant à venir en aide aux plus vulnérables de la ville de Granby.
Cela fait maintenant un peu plus de trois semaines que Maÿlis parcourt les rues de Granby à la recherche de gens dans le besoin. Contrairement aux travailleurs sociaux et psychologues, elle est là pour tendre l’oreille et offrir du support moral aux plus vulnérables. En poste depuis peu en tant que travailleuse de rue pour Impact de rue Haute-Yamaska, elle ne regrette pas du tout son choix. «Avec les années, je me suis développé une passion pour l’itinérance et la toxicomanie autant chez l’adulte que chez les plus jeunes», explique Maÿlis. Étudiante à l’Institut de formation en zoothérapie appliquée à Montréal, sa volonté d’aider son prochain a convaincu la direction d’Impact de rue Haute-Yamaska de l’intégrer à l’équipe. Une approche différente pour l’organisme puisque les travailleurs sont sur le terrain et disponible en tout temps pour la clientèle, le temps d’une marche ou d’un café au parc. «On est le dernier maillon du filet social qui rattache les gens à la société. Malgré tout, on est assez important», souligne la nouvelle employée.
Un beau défi attend Maÿlis puisque son mandat est principalement d’aller à la rencontre des 14-30 ans. Elle sillonne les parcs et terrains avoisinant les écoles à la recherche d’une clientèle plutôt farouche envers les intervenants. «Avec la jeunesse, c’est difficile.C’est souvent une période où ils sont très renfermés. Malheureusement, les jeunes en 2020 sont beaucoup axés sur la technologie et sortent moins dehors que par le passé. Il faut donc mettre des stratégies en place pour faire sortir les jeunes et les faire parler. Ce n’est pas un mandat facile, mais nécessaire en raison de la forte demande», mentionne la travailleuse de rue.
Dans le rouge
Autre défi important auquel son équipe et elle doivent faire face est bien entendu la passation de l’Estrie en zone rouge. En l’espace de quelques jours, les itinérants se sont définitivement retrouvés à la rue puisque toutes leurs ressources disponibles ont fermé leur porte. Restaurants et espaces publics fermés, les personnes dans le besoin ont de moins en moins d’espaces pour se réchauffer et s’assurer un minimum de répit. En pleine crise du logement, ils ne peuvent se trouver un logis par faute d’argent et de référence d’employeur. Un défi d’autant plus complexe pour les travailleurs de rue qui avaient l’habitude de rencontrer les plus vulnérables dans un café du coin par exemple. «Le travail que l’on fait, c’est un travail de proximité, mais on nous demande de faire ça à deux mètres. C’est hyper complexe de travailler de façon sécuritaire en ce moment», affirme Maÿlis. Pour le moment, la solution la plus viable pour Impact de rue Haute-Yamaska est d’offrir une présence accrue dans les rues pour réitérer leur présence même en période trouble, tout en respectant les consignes de distanciation sociale.
Malgré ce lot de défis,Maÿlis garde tout de même la tête haute. «Je ne pense pas que c’est un métier facile qui est fait pour tout le monde, car on est confronté à la vulnérabilité des gens. Mais, pour moi, le moindre geste peut faire la différence. Aucune thérapie n’est possible sans l’amour de l’autre», souligne-t-elle.
Pour une question de préservation d’identité, nous avons volontairement émis de mentionner le nom de famille de la travailleuse de rue.