Quand l’amitié et la passion transcendent un demi-siècle

ENVIRONNEMENT. Le temps qui passe ne vient pas à bout des grandes amitiés, pas plus qu’il ne met à mal les passions les plus profondes. C’est ce qu’ont démontré 90 membres du défunt Club Natural, réunis en toute simplicité à Granby le week-end dernier pour des retrouvailles historiques.

 Par Roxanne Langlois

Voilà 50 ans que de jeunes fervents d’observation de la nature du collège classique Mgr-Prince, appuyés par l’un de leurs professeurs, jetaient les bases du Club des Bibithologues, peu après rebaptisé Club Natural. Au total, pas moins de 189 jeunes, garçons et filles, ont fait partie du regroupement, actif de 1967 à 1983.

Ils étaient certainement loin de se douter que cinq décennies plus tard, un grand nombre d’entre eux se donneraient rendez-vous dans une institution mise sur pied grâce à leur dévouement et à leur audace: le Centre d’interprétation de la nature du lac Boivin (CINLB).

S’ils ont désormais pour la plupart atteint l’âge d’être grands-parents, ils ont, dans la fleur de l’âge, façonné le paysage et écrit à leur façon une page de l’histoire de Granby. C’est que c’est un noyau de ces «adolescents», désireux de se porter à la défense du «marais» qu’était à l’époque le lac Boivin, qui a lancé et mené la bataille ayant rendu possible la conservation de leur terrain de jeu.

Vers le CINLB

Les naturalistes amateurs, âgés de 12 à 18 ans, s’intéressent d’abord au dossier vers 1969 et consacrent leurs loisirs à interpréter, inventorier et aménager les marécages. Cinq ans plus tard naît une cellule du Club Natural, l’Association pour la Conservation et l’Aménagement des marécages, qui se jette dans la mêlée pour sensibiliser les élus qui entrevoyaient un tout autre avenir pour le site.

«On a fait plusieurs manifestations et des défilés sur la rue Principale contre la pollution du lac Boivin et pour sa conservation. À l’époque, les marais étaient vus comme nauséabonds et pénibles», se rappelle celui qui dirige le CINLB depuis 37 ans, Mario Fortin.

U
n Granbyen bien connu, Gérald Scott, est mandaté en 1976 par le maire de l’époque, Paul-O. Trépanier, de mener la barre du Comité d’aménagement du lac Boivin, aussi chargé du sort du parc Daniel-Johnson. La destinée des lieux est finalement scellée en 1980 avec la création d’une corporation à but non lucratif visant à conserver le territoire, sa faune et sa flore : le CINLB.

La passion au rendez-vous

En dépit de parcours de vie bien variés, nul doute qu’un lien inaltérable unit toujours ces écologistes : une passion pour l’observation de la nature, développée à une époque où le mot «environnement» n’était pas encore sur toutes les lèvres. Mais ce n’est pas tout, explique le premier président du club, Yves Lauzière : «Le Frère Bachand dirait sûrement que ça a façonné des personnalités. Ça a fait des gens dotés d’un grand humanisme pour qui l’amitié et l’entraide sont des valeurs primordiales».

Le «gardien» qui veille

Si l’heure était aux célébrations, les remerciements ont aussi abondé lors des retrouvailles. Les ex-membres ont profité du rassemblement pour rendre un vibrant hommage à Mario Fortin, le «gardien de leurs convictions». «Il n’a jamais cessé de bonifier et de faire croître ce précieux rêve dont il a eu la garde», a témoigné l’un des membres du conseil d’administration du CINLB,  Michel Aubé. Lui-même un jeune amateur de sciences naturelles dans les années 1970, M. Fortin a jusqu’ici dédié sa carrière à cet intérêt qu’a fait naître en lui le Club Natural. «Il n’y a pas que moi qui a été influencé par le Club. Il a eu un impact sur la voie de tout le monde dans la salle», a-t-il fait valoir.

Visiblement très heureux de se retrouver, les ex-membres ont également mis en lumière la précieuse contribution «d’adultes» qui ont cru en leurs ambitions dès la première heure. Les Frères Fernand Rheault et Gérard Bachand, le professeur Rémy Deslandes, l’ex-avocat Jean H. Massey et l’homme d’affaires Gérald Scott ne sont que quelques-unes de ces personnes clés.

Les membres du Club Natural s’étaient réunis pour la dernière fois en 1987 à Rawdon pour souligner le 20e anniversaire de fondation du regroupement.