Refaire l’arbre de sa vie une feuille à la fois

COMMUNAUTAIRE. À l’école, la fin de parcours se confirme la plupart du temps par la remise du diplôme signifiant la réussite scolaire. À l’Auberge sous mon toit, une ressource d’aide pour les hommes de 18 à 35 ans, on souligne les fins de séjour des résidens en les invitant à ajouter une feuille à «l’Arbre du changement»; un nouveau programme lancé par l’organisme d’aide.

Pierre, Alexandre et François (noms fictifs) traînent un long passé dans leurs bagages. Prochain arrêt: la résidence de l’Auberge sous mon toit (ASMT) sise sur la rue Chapais, à Granby. Leur souhait? Obtenir de l’aide afin de retrouver une vie meilleure. Après avoir côtoyé des intervenants (toxicomanie, criminologie, etc.) dans leurs démarches de réinsertion sociale durant une quarantaine de jours (séjour moyen), ces hommes repartent avec l’espoir de vivre de jours meilleurs. Pour souligner ce cheminement, les usagers ajoutent une feuille dessinée à main levée sur l’Arbre du changement; une murale peinte sur l’un des murs de l’établissement.

«À l’Auberge, on est témoin de grands changements de la part des résidents et on cherchait une façon de les valoriser en plus de la petite tape dans le dos au quotidien. Et l’idée de l’arbre, je trouvais que c’était une belle symbolique parce qu’à prime bord, c’est un peu ça. Les gars viennent ici pour commencer un petit bout de changement. Un désir de changement, ça prend racine dans l’arbre et le tronc, qui grandit, permet de surmonter les obstacles et les difficultés. Et la persévérance, c’est la feuille au bout de la branche», explique Kim Doré, intervenante clinique à l’Auberge sous mon toit.

Ce projet communautaire mijoté en équipe avec la collaboration de l’artiste Caroline Plaat et des résidents de l’Auberge s’inscrit désormais dans le processus de réinsertion. L’arbre, signe de vie et de renaissance chaque printemps, marque l’imaginaire des hommes, assure Mme Doré.

«Notre arbre, c’est un hêtre. C’est un beau jeu de mots, car ici, on est beaucoup dans l’être. Pour les racines et le tronc, on a associé des mots à ça. Les racines, pour amorcer du changement, ça prend de la confiance et du soutien (…). Et tranquillement, on a demandé aux gars d’écrire ces mots-là sur l’arbre. Même chose pour le tronc et au fil du temps, notre arbre va se garnir de ces mots-là», raconte l’intervenante de l’Auberge.

«Cet arbre-là, c’est un peu le reflet de la question qui nous revient toujours: est-ce que vous réussissez à l’Auberge? C’est quoi vos réussites? Ici, on a un taux de réussite de 100 %. Dès qu’un gars nous appelle, pour nous, c’est une réussite. Pour moi, l’arbre (du changement), c’est du concret», affirme Marie-Ève Théberge, directrice générale de l’Auberge. «De voir un gars avec un beau sourire après avoir apposé sa feuille et reçu son certificat, c’est un beau moment d’euphorie et d’émotions.»

Outre les intervenants, les résidents peuvent aussi compter sur la présence de Molly, une sympathique chienne, qui contribue au bonheur de tous entre les murs de la ressource d’aide. «Elle est très importante pour les gars. C’est incroyable. Molly s’est taillé une place de choix à l’Auberge sous mon toit. C’est notre septième intervenante et elle ne coûte pas cher», confie Kim Doré sur un ton mi sérieux, mi-blagueur.

Depuis la plantation de l’Arbre du changement, quelques feuilles ont déjà poussé. «Une mention d’honneur, ça parle et ça touche les gars», assure l’intervenante.

Par ailleurs, avril a été le mois le plus achalandé des dix dernières années à l’Auberge. La ressource a traité 52 demandes d’aide au cours de cette période.