Un «Commun Frigo» pour éviter le gaspillage alimentaire

ALIMENTATION. Le Centre communautaire Saint-Benoît veut faire sa part pour réduire le gaspillage alimentaire dans la région de Granby. Il met donc le «Commun Frigo» à disposition de la population 24/7 pour y déposer (ou y prendre) des fruits, légumes et pains non transformés.
Par Ugo Giguère
Ce détail est capital: on ne peut déposer que des fruits et légumes non transformés au frigo et du pain au congélateur. Rien d’autre. «À cause des normes du MAPAQ, si l’on offre des produits transformés, il faut qu’ils soient étiquetés et il faut qu’on s’assure qu’ils sont comestibles. On ne veut pas prendre cette responsabilité», explique le directeur général de la Corporation de développement communautaire (CDC), Sylvain Dupont.
La CDC va s’assurer chaque jour de procéder à une inspection visuelle et olfactive des produits apportés par le public. «Comme à la maison, on le sait à l’odeur si c’est encore bon!», souligne M. Dupont.
Le projet a été initié par le Groupe actions solutions pauvreté (GASP) Haute-Yamaska. En faisant la mise à jour des besoins en sécurité alimentaire dans la région, le comité s’est penché sur les initiatives de frigos qui émergent un peu partout au Québec.
Comme les priorités étaient de soutenir les démarches de solidarité alimentaire et de réduire le gaspillage, l’idée du frigo communautaire s’est imposée. Tout de suite la CDC a levé la main et presque au même moment, une dame impliquée dans le milieu communautaire a offert de léguer un réfrigérateur en excellent état.
L’enjeu majeur du gaspillage
Selon des données présentées par le coordonnateur du GASP, Nicolas Luppens, près de 40 % des aliments sont perdus directement à la ferme sans même se rendre au marché. Des dizaines de milliers de tonnes d’aliments sont ensuite gaspillées en épicerie et dans l’industrie de la transformation. Finalement, près de 47 % des denrées qui se rendent jusqu’à la maison seront là aussi jetées.
«C’est un enjeu majeur sur lequel on peut agir», souligne M. Luppens. On invite donc les gens qui disposent de fruits et légumes en trop à les déposer dans les bacs du Commun Frigo. Une moitié de sac de pommes ou de carottes si l’on sait qu’on n’en consommera que quelques-unes; un marchand qui rapporte ses invendus à la fin de la journée.
Les citoyens qui en ont besoin sont aussi invités à se servir dans le frigo ou dans le congélateur. D’ailleurs, les règles à suivre seront aussi disponibles sous forme de pictogrammes et en braille.
En hiver?
Pour l’instant, le frigo sera disponible tout l’été. Selon l’évaluation de l’utilisation et des besoins, il se pourrait qu’il demeure en place 12 mois par année. «On ne m’a pas fait savoir qu’on ne pouvait pas le laisser dehors en hiver. On verra ce qu’on fait si le besoin est là», répond Sylvain Dupont.
Première œuvre d’art!
L’artiste Karelle Hébert a reçu le mandat de donner une identité au Commun Frigo. La jeune femme qui codirige la Troupe de théâtre Les Audacieux en était à sa première expérience en peinture. C’est après avoir vu ses maquillages pour enfants que des membres de l’équipe de la CDC lui ont proposé le projet d’habiller le frigo.
«Je voulais représenter Granby et j’ai voulu montrer l’agriculture, les quartiers résidentiels et les commerces. Je voulais aussi insérer des personnages, mais je trouve qu’il est complet et qu’il ne faut rien ajouter. Alors, je vais intégrer les personnages sur la poignée», décrit-elle.
Après avoir travaillé pas moins de 85 heures sur son projet dans la dernière semaine, Karelle Hébert entend se donner quelques jours de repos. Elle complétera son travail par l’ajout d’un verni pour sceller les couleurs.
Au sujet de ses personnages «allumettes», elle veut qu’ils soient différents. De toutes les couleurs et dans tous les états… comme la population qu’ils représentent. Autant pour rappeler les nombreuses communautés ethniques que les handicaps physiques ou les différences sexuelles.