Des lettres pour briser l’isolement «comme dans le temps de la guerre»

COMMUNAUTÉ. La pandémie actuelle force le service des loisirs de Granby à user de sa créativité pour déployer des projets qui briseront la solitude des personnes en centre d’hébergement. Lettres, dessins, messages; tout est bon pour redonner de l’espoir «comme dans le temps de la guerre».

«Le but vraiment, c’est de briser l’isolement, confie Jean-Olivier Grégoire-Fillion, coordonnateur à la vie communautaire chez Vie culturelle et communautaire de Granby (VCCG). On est tous en ce moment, isolés, chez nous, mais on n’a pas tous les mêmes moyens. Il y a des gens en centre d’hébergement qui, des fois, n’ont pas de famille ou d’amis à appeler, avec lesquels s’amuser avec les technologies. Ce n’est pas tout le monde qui a la même habileté avec ça.»

Pour des personnes en milieu d’hébergement, leur activité de socialisation est de jouer aux cartes avec les autres résidents ou bien de manger en groupe.

«C’est le moment où ils sortent de leur chambre, c’est là où ils sont exposés à une vie sociale, fait valoir M. Grégoire-Fillion. Là, maintenant, il faut qu’il reste pas mal dans leur quartier […] Si nous, on trouve ça long à la maison avec une télé, un ordi, un téléphone, de l’espace, eux, ça doit être plus difficile.»

Devant ce constat, le service des loisirs de Granby a développé un projet de correspondance pour briser l’isolement, dont le modus operandi est d’envoyer des lettres, des dessins ou des messages d’espoir de façon numérique pour encourager les échanges avec les personnes seules.

«Dans le fond, avec la situation actuelle, le loisir a été réorganisé, précise Jean-Olivier Grégoire-Fillion. On ne travaille pas sur nos dossiers normaux. On travaille sur autre chose; on est en cellule spéciale.  […] On cherche des façons de divertir les gens, de briser l’isolement, d’aller chercher les gens d’une façon autrement.»

«Tout ce qu’on reçoit de correspondance, les gens nous l’envoient par courrier électronique, a poursuivi le principal intéressé.  Ce n’est pas nécessairement tout du contenu qui a été fait sur du papier à la base et qui a été numérisé. Il y en a qui a créé des choses à l’ordinateur avec une photo d’eux en voyage et ils l’ont intégrée dans leur lettre ou des choses comme ça.»

Au moment d’écrire ces lignes, une trentaine de familles et personnes avaient déjà commencé le projet avec l’appel à tous. À ceux-là s’ajoute une quinzaine de personnes qui ont envoyé un premier courriel pour indiquer leur intérêt à participer au projet. La provenance des gens est majoritairement de Granby et des environs, mais aussi de la Colombie-Britannique.

«Au début, c’est anonyme, relate le coordonnateur à la vie communautaire. Le premier contact, les gens ne savent pas à qui ils écrivent et c’est la personne en centre d’hébergement qui brise la confidentialité, si on veut en disant, bonjour je m’appelle Jean-Claude […]»

Le souhait de VCCG serait que les gens viennent qu’à s’échanger des numéros de téléphone pour que le lien perdure, tout comme le projet, même après la crise actuelle.

«C’est parfait, commente Jean-Olivier Grégoire-Fillion. Dans le meilleur des mondes, ils s’appelleraient tous les jours pour raconter leur journée. C’est la première fois qu’on fait quelque chose comme ça. Les réponses sont très bonnes. Peut-être que oui, on pourrait le faire à l’année les correspondances comme ça. Ce serait une façon d’avoir un lien avec une communauté qui est moins active, moins présente dans nos événements. On divertit les gens en s’assurant qu’ils survivent à la crise.»

Toute personne souhaitant participer à l’initiative peut le faire en contactant l’organisme culturel à info@vccgranby.org.