Un «sentiment d’impuissance» habite les proches aidants
COVID-19. Le confinement causé par la pandémie du coronavirus force le deuil de plusieurs proches aidants ces temps-ci alors qu’ils ne peuvent plus voir ni même toucher ceux qu’ils aiment tant. C’est un «sentiment d’impuissance» qui les habite et dans certains cas, ils doivent apprendre à lâcher prise.
«Ce n’est pas facile, a confié lors d’une rencontre virtuelle, Johanne Dubord, qui agit comme proche aidante avec sa mère. Ce n’est pas de lâcher prise sur quel chandail elle va mettre aujourd’hui. C’est de lâcher prise sur des habitudes qu’elle ne fait plus. Ça va être perdu pour de bon parce que c’est ça que la maladie fait. Donc, ça précipite plein de deuils. C’est extrêmement difficile.»
Le coronavirus a eu pour effets d’enlever les routines et les habitudes des personnes vivant avec une maladie cognitive. Ces seuls moments qui leur permettaient de retarder en quelque sorte la perte d’aptitudes mentales.
«C’est assister à distance à une perte définitive de certains acquis», a expliqué Mme Dubord, qui se questionne, cherche des solutions, tout en étant consciente que le personnel des résidences en a plein les bras.
«Je pense qu’on vit un sentiment d’impuissance, a témoigné Jeanne Bergeron, âgée de 80 ans, qui s’occupe de sa sœur. Je lui téléphonais tous les matins et ça, ça la sécurisait beaucoup. J’étais contente de prendre de ses nouvelles. Maintenant, je ne peux plus à cause du confinement. On la visitait souvent. Elle pouvait sortir pour faire ses ongles et la coiffeuse venait. Toutes ces choses-là, elle ne les a plus. Toutes ces habitudes sont annulées. Alors, elle a perdu beaucoup de sa santé mentale.»
La sœur de Mme Bergeron ne sait plus appuyer sur le bon bouton pour répondre aux appels. C’est donc un membre du personnel qui doit mettre les membres de la famille en contact.
«C’est très apprécié, a ajouté la proche aidante. C’est la seule manière que je peux parler à ma sœur. C’est très difficile de comprendre aussi exactement ce qu’elle veut nous dire à cause que la maladie évolue. J’essaie de la sécuriser. C’est très difficile pour nous aussi.»