Finalistes du FICG: des évidences… et des surprises

CRITIQUE. Les membres du jury ont officiellement fait leurs choix, samedi soir, à l’issue de la toute dernière demi-finale du volet concours du 50ième Festival international de la chanson de Granby (FICG). Si parmi eux se retrouvent des évidences (Jessy Benjamin et Lord Byrun), des surprises s’y sont aussi glissées (Laura Lefebvre et Simon Elliot).

Ce sont quatre auteurs-compositeurs-interprètes qui braveront le regard attentif de la centaine de professionnels du domaine musical, mercredi prochain, lors de la grande conclusion de l’aventure. Si de talentueux bands ont réellement tout donné sur scène (pensons, entre autres, à Fidel Fiasco et à LES AUTRES, tous deux de passage jeudi soir), aucun d’entre eux n’a été sélectionné pour l’étape ultime.

La plus grande certitude, parmi les quatre noms en lice, était sans conteste Jessy Benjamin. Il était écrit dans le ciel (et dans notre article!) que le jeune artiste était destiné à rester à Granby pour encore quelques jours.

Véritable phénomène sur scène, le crooner de Varennes a définitivement un talent plus profond que celui de déclencher les rires; que ses chansons ensoleillées qui sortent des conventions soient jouées pour une deuxième fois au FICG est une excellente nouvelle. Attention: ne soyez pas surpris de le voir être couronné grand gagnant de l’édition 2018…

Le choix de Lord Byrun, pigé parmi le tout dernier round de demi-finalistes, samedi, était également prévisible. L’auteur-compositeur de la Saskatchewan, qui ne peut véritablement être comparé à personne, a non seulement récolté la faveur du jury, mais également celle du public, qui lui a décerné le prix Yves-Gagnon.

Si le coup de cœur n’a absolument pas, disons-le, une voix mémorable (on l’a entendu fausser samedi), il est de ceux à qui l’on pardonne tout et qui marquent les esprits. Ce n’est certainement pas pour rien qu’il a également récolté le Prix de la meilleure présence sur scène. L’artiste singulier travaille avec intelligence et charme sans artifice. Il y a définitivement dans la démarche artistique de Lord Byrun quelque chose d’irrévérencieux et de surprenant qui manquait à la scène musicale francophone.

La date du 18 août restera également marquante pour Laura Lefebvre, cette artiste aux touches nostalgiques et électro qui avait ouvert le concours, mercredi dernier. Non seulement a-t-elle été repêchée par les membres du jury, mais elle a, en plus, récolté le Prix chanson coup de cœur SOCAN pour son titre Émile.

L’auteure-compositrice-interprète de Québec et ses musiciens avaient effectivement brillé en offrant la proposition la plus originale, mercredi; après tous les personnages qui ont ensuite déferlé sur scène, le public a toutefois eu le loisir de l’oublier, ce qui ne fut pas le cas  du jury. Si son retour n’était pas nécessairement le plus flagrant, ce sera un réel bonheur de savoir que de gros noms de l’industrie auront l’occasion de plonger dans son univers.

La plus grande surprise demeure sans conteste le quatrième nom de la liste: Simon Elliot. Membre de la cohorte 2017 de l’École nationale de la chanson de Granby, le jeune homme de Boisbriand s’était en effet bien défendu (sans plus) vendredi sous le thème persistant des étoiles, proposant un voyage allant de la pop à l’électro en passant par le folk et de rap.

Dire, toutefois, que celui-ci s’était véritablement distingué serait néanmoins exagéré. L’auteur-compositeur-interprète a ce petit quelque chose qui colle avec l’esprit d’une finale, mais son passage sur scène, globalement, ne laissait pas présager qu’il serait des heureux élus. La bonne nouvelle, c’est que l’on remet les compteurs à zéro et que Simon Elliot a désormais l’opportunité de nous prouver qu’on a eu tort.

Précisons que c’est l’Ontarienne Reney Ray, avec son titre Le monde est con, qui a remporté le Prix de la chanson populaire Tim Hortons voté par les internautes. Enfin, faute d’avoir atteint la finale, la Montréalaise Désirée pourra s’envoler, en 2019, vers les Rencontres de la chanson francophone d’Astaffort, dirigées par nul autre que Francis Cabrel.

Et les autres….

Nombreux sont ceux qui s’attendaient à ce que Shiraz Adham soit retenue pour la prochaine étape. L’auteure-compositrice-interprète de Montréal, qui s’autoproclame «musicienne égocentrique», s’est largement démarquée samedi soir. Le cocon musical que la candidate de La Voix 2014 s’est forgé sur mesure est littéralement envoûtant; une aura de mystère l’entoure et donne irrémédiablement envie de s’y attarder. Gageons que la claviériste, à qui il ne manque peut-être qu’un peu d’expérience, rebondira.

Il y a fort à parier que ce sera aussi le cas d’Alex Burger, cet «artisse libre» de Saint-Césaire au veston jaune. Son nom faisait sans doute partie des prédictions de nombreux spectateurs; du moins, il était bel et bien de celles dressées par le GranbyExpress.

Excentrique, celui qui qualifie son style de «rock’n drôle» a versé dans le country, samedi, en abordant des thèmes du quotidien. Si Burger n’a pas convaincu les juges, il aura certes persuadé bon nombre de festivaliers d’aller à la rencontre de À’ment donné, son premier EP lancé le printemps dernier.

Celui qui lui a sonné le glas du 50 ième concours du FICG, Julien Déry, sera, entre autres, parvenu à aborder l’amour de façon détournée avec C’est ça l’amour bang bang. Celui qui table sur le sarcasme et enchaîne énergiquement les «la la la» joue sur le même (et vaste) terrain qu’Alex Burger. Le demi-finaliste de la Capitale nationale aurait-il souffert de l’ordre de parution, qui les a fait jouer l’un après l’autre? Chose certaine, celui qui a proposé de vendre pour 50 $ le numéro de téléphone de Jean-François Breau, l’animateur de la soirée, est bien loin d’être inintéressant.

Marie-Clo, cette Ontarienne débarquée tout droit de Lefaivre était véritablement hypnotisante sur scène samedi. Soyons heureux que l’auteure-compositrice, qui prépare son deuxième album, ait décidé d’officiellement poser sa valise après plusieurs années de voyages. Que ce soit au piano ou au ukulele, Marie-Clo a un côté théâtral rafraîchissant.

Enfin, le band Les Bémoles (de Mandeville, dans Lanaudière) peut quitter Granby avec le sentiment du devoir accompli. La formation composée «de vrais de vrais chums» a entraîné le public dans un moment de pur divertissement, lui présentant en chanson de savoureux personnages comme le joueur de poker Jaque-Peter. La formation, aux ritournelles ultra simples et accrocheuses, rappelle par moment Les Colocs dans ce qu’ils avaient de plus joyeux.

Enfin, soulignons que Pierre Guitard, le grand lauréat de l’édition 2017, a fait patienter le public de superbe façon durant les délibérations du jury. Celui qui n’avait, cette fois, rien à perdre ni rien à gagner en montant sur les planches du FICG, a véritablement l’étoffe d’un grand et l’a démontré.

La Grande Finale Rouge FM a lieu ce mercredi 22 août, toujours au Palace de Granby.