Le très honorable retour de Jonathan Savage

Il y a 10 ans, l’École nationale de la chanson accueillait en ses murs un certain Damien Robitaille qui a connu le succès que l’on sait. Parmi ses camarades de classe, un autre auteur-compositeur-interprète retenait l’attention: Jonathan Savage. Une décennie plus tard, celui qui compte deux albums maison prépare son retour par le tremplin du FICG.

Son premier album autoproduit Faux prophète a attiré les éloges à sa sortie en 2006. Un certain succès qui lui a permis de vivre la vie de musicien. «J’ai roulé ma bosse un ou deux ans avec cet album-là», se rappelle-t-il. Ce sont les années suivantes qui ont été plus difficiles.

«Ç’a été assez tough en 2008, 2009, 2010. J’appelle ça ma traversée sans dessert…», confie le Gaspésien qui a dû faire des «jobs de bras» comme manutentionnaire et courriériste afin de payer ses factures.

Malgré tout, le rêve reste là. Celui où le «poète à temps partiel» gagne sa vie avec ses mots et ses accords de guitare. «Je ne passe pas mes soirées à écouter le baseball à la télévision, je suis tout le temps en train d’écrire et de jouer de la guitare», souligne le chansonnier de 34 ans.

Survient alors en novembre 2012 un deuxième album indépendant intitulé Le très honorable Jonathan Savage. Encore une fois, l’œuvre est reçue positivement par la critique, mais c’est son créateur qui s’en détache. «Je ne l’ai pas défendu comme il aurait dû être défendu. C’était des chansons enregistrées en 2010, pour moi c’était déjà du passé», reconnaît celui qui voulait simplement que l’album puisse vivre sa vie.

C’est tout de même grâce à cette sortie qu’il a repris goût à la scène. «Je suis revenu à la vie musicale à cause de la réaction des gens. J’ai fait quelques prestations seul avec ma vieille guitare classique et il se passe quelque chose avec le monde. C’est l’accueil des gens qui m’a poussé à faire Granby», admet-il.

Pour lui, le Festival international de la chanson de Granby reste le «dernier chien de garde des faiseurs de chansons».

De son propre aveu, Jonathan Savage a peut-être été son pire ennemi au moment où les opportunités s’ouvraient. «J’ai l’impression qu’inconsciemment, je ne me considérais pas prêt», croit celui qui aujourd’hui ne demande qu’à entrer par la grande porte.

«Je suis comme à un tournant de ma vie. J’arrive à un «Y» dans mon chemin», image-t-il. Et la sagesse de la trentaine pourrait bien lui servir. À la première écoute, on sent la familiarité avec un autre vétéran comme Guy-Philippe Wells. Son parcours peut même se comparer à un Bori ou un Daniel Bélanger qui se sont révélés plus tard, mais avec une valeur ajoutée dont la jeunesse ne dispose pas.