Blouses médicales: Vêtements SP souhaite poursuivre la production après la pandémie
AFFAIRES. Toujours à la recherche de nouvelles opportunités, Vêtements SP regardait «d’autres choses» avant la pandémie, mais rien n’était «assez intéressant» pour se lancer, confie le président de l’entreprise, Steve Bérard. La crise sanitaire actuelle a cependant amené le gestionnaire et son équipe à revoir leur offre et à créer des blouses pour le milieu médical. Et la production pourrait bien s’étendre à plus grande échelle après le virus…
«Effectivement, on est dans les discussions pour essayer de trouver des solutions à ça et d’offrir ce type de produit, mais à long terme, a commenté au bout du fil le président, Steve Bérard. Ce serait dans les millions de blouses que j’aimerais produire.»
Au moment d’écrire ces lignes, Vêtements SP avait produit pas moins de 85 000 blouses médicales distribuées à travers les différents centres hospitaliers du Québec.
Lorsque la pratique du sport en mars se dirigeait vers une baisse importante, l’entreprise a décidé de fermer l’usine de Granby pour quelques semaines, et ce, avant même l’annonce du premier ministre François Legault.
«On avait déjà des [annulations] de commandes, a souligné M. Bérard. C’était très alarmant. On avait annoncé à nos employés qu’on allait fermer l’usine, donc, un moment très difficile et très crève-cœur. Par la suite, M. Legault avait annoncé que de toute façon, on n’avait pas le choix de fermer. Les employés comprenaient. Ça a été très émotionnel, très difficile.»
Vêtements SP s’est mis à discuter avec les différents paliers de gouvernements pour essayer de trouver une solution et pour poursuivre une production malgré le contexte de la pandémie. «Je me suis mis sur le téléphone et sur les courriels, a raconté Steve Bérard. Et donc, on a envoyé une cinquantaine de messages à différents paliers de gouvernements […]»
Peu de temps après l’annonce des fermetures, l’entreprise a rapidement planché sur des prototypes de blouses médicales.
«Bon an mal an, le Québec est tissé serré, a rappelé M. Bérard. Donc, j’ai eu beaucoup de retours d’appel et de compréhension […] On pouvait donner un coup de main. On [s’est mis] à développer une jaquette, ici, à l’interne. J’ai fait revenir du monde le mercredi. Le jeudi et le vendredi, on faisait des prototypes et le lundi matin suivant, on [redémarrait] la production parce qu’on avait des demandes pour des jaquettes de contagion pour les hôpitaux du Québec.»
Le réflexe de Vêtements SP de prêter main-forte dans le domaine médical lui a permis de rappeler un total de 90 employés sur 250 pour œuvrer dans les usines de Granby et Saint-Hyacinthe. «Ce n’est pas 100 % de mes opérations, mais ça représente pas mal 100 % de ce qui est ma couture en fait», a relaté Steve Bérard.
Réorganisation et soutien gouvernemental
Avant la pandémie, l’entreprise Vêtements SP n’était pas organisée pour produire des blouses médicales. Un tour de force a été nécessaire pour aménager les installations et les machines.
M.Bérard souhaite profiter du moment pour offrir ce produit encore longtemps, mais il estime que les gouvernements devront s’assurer que les demandes soient là à long terme et pas seulement pour la crise.
«[Ils] ont mentionné à plusieurs reprises comme quoi il fallait trouver des solutions locales pour le futur, a fait valoir le gestionnaire. Est-ce que ça va rester à 100 %? Évidemment non parce que produire au Québec et au Canada coûte beaucoup plus cher qu’en Asie. Je recommande aux gouvernements du Québec et Canada de garder un 50 % des achats locaux, ce qui permettrait à une compagnie comme la mienne ou à d’autres de pouvoir avoir un assez gros volume d’achats pour s’organiser.»
Vêtements SP a pensé à se lancer dans de nouvelles opportunités bien avant la pandémie, mais son choix ne s’était pas encore arrêté. Et l’avenue médicale n’était pas du tout dans les plans de l’entreprise.
«On est toujours à la recherche de nouvelles opportunités, a confié Steve Bérard. Le textile n’est pas nécessairement très facile en Amérique du Nord en général. On avait fait des tests dans différents autres domaines, mais jamais on a pensé au médical parce que si on retourne il y a deux mois, 100 % de ces équipements-là sont achetés en Asie. Donc, il n’y avait pas de demandes locales pour ça.»
La crise sanitaire actuelle aura donc ajouté de l’expertise à l’entreprise, qui peut maintenant étendre son expertise bien au-delà de la confection sportive.