Des véhicules électriques pensés par un ingénieur d’ici
AFFAIRES. Le jour où les motoneiges électriques sillonneront les sentiers et où les motomarines à batterie s’attaqueront aux vagues n’est plus aussi loin. L’entreprise montréalaise Taiga Motors, cofondée par le Granbyen Paul Achard et ses collègues Samuel Bruneau et Gabriel Bernatchez, a reçu plusieurs réservations pour ses conceptions, qui ont déjà trouvé preneurs à l’échelle internationale.
L’aventure pour les trois ingénieurs formés à McGill a d’abord débuté il y a de ça quelques années alors qu’ils travaillaient en équipe sur des projets de conception de véhicules électriques dans le cadre de compétitions organisées par la Society of Automotive Engineers (SAE).
«On avait eu quand même l’expérience de travailler ensemble pendant quelques années, explique le Granbyen Paul Achard, qui a étudié au Collège du Mont-Sacré-Cœur, en entrevue téléphonique. On a tous été inscrits dans ces équipes-là pendant pas mal tout le long de nos études. On a eu le temps de se croiser et de travailler ensemble un peu.»
Parmi ces projets, la motoneige électrique en faisait partie. Paul Achard et ses collègues se sont donc joints à l’équipe déjà en place pour une compétition étudiante.
«L’année qu’on était dans l’équipe, on a réussi à gagner la compétition, indique le Granbyen. Déjà là, c’était comme un bon start. En gagnant la compétition, on a attiré quand même pas mal d’attention. Les individus, les entreprises cherchaient des motoneiges électriques pour leurs opérations et contactaient l’équipe directement pour voir s’ils pouvaient acheter une motoneige électrique. C’est ce qui nous a montré qu’il y avait une opportunité d’affaires là-dedans. On est trois ingénieurs qui ont appris à faire de la business par nécessité.»
La technologie de propulsion électrique
Paul Achard et ses collègues ont fait leur étude de marché pendant un bon huit mois avant de s’installer dans leur premier atelier en 2016.
Le Granbyen ne se gêne pas pour dire que «la force d’une entreprise comme la nôtre, c’est vraiment la technologie de propulsion électrique».
«On est en fait un des rares manufacturiers canadiens qui développent ses propres systèmes de batteries, son propre moteur, confie-t-il. Tout le logiciel qui va en arrière de ça, c’est nous-mêmes qui le développons. En faisant ça, ça fait en sorte qu’on peut développer des technologies de propulsion électrique qui se transposent dans plusieurs types de véhicules différents.»
Même si Taiga Motors planche aussi sur la conception de motomarines électriques, la motoneige électrique «est vraiment notre premier focus parce qu’on savait qu’on pouvait être les premiers à le faire».
«Ça donne vraiment un cachet à notre entreprise, affirme Paul Achard. La motomarine ensuite, c’est un peu comme la deuxième étape pour nous parce qu’on a vu que c’est un marché similaire à la motoneige, mais c’est un peu plus global. Il y a aussi beaucoup d’intérêt de ce côté-là. Le monde se plaint du bruit, de la pollution et il aime la performance. C’est trois points qui donnent beaucoup de force à la plateforme électrique.»
Les véhicules électriques, qui se détaillent à un prix de base d’environ 18 000 $ CAD, sont entièrement conçus par Taiga Motors et l’entreprise fait appel à des contractants pour produire les composantes et les petits assemblages.
«À la base, c’est toute une technologie qui est développée chez nous, insiste le Granbyen. Ce qui fait en sorte qu’on peut vraiment avoir un contrôle sur la chaîne de production. À la fin de la journée, ça donne un véhicule qui est beaucoup mieux intégré. On a mis beaucoup d’efforts à trouver des solutions sur le marché […]»
Le marché international
L’entreprise Taiga Motors a déjà reçu plusieurs réservations pour ses bolides électriques, en raison notamment du gros avantage côté performance.
«C’est vraiment le torque que tu as à bas régime, admet Paul Achard. C’est-à-dire que tu as vraiment une très forte accélération sur la ligne de départ. Ensuite de ça, tu vas avoir environ la même vitesse maximum qu’un véhicule à combustion. Le poids est environ similaire […] C’était un de nos critères de départ.»
Concrètement, la motoneige a une autonomie allant jusqu’à 140 km en sentiers et la motomarine peut fonctionner pendant près de 3h avant d’avoir besoin d’une recharge.
«On a pas mal une liste d’attente pour nos véhicules, confirme Paul Achard. On a une priorité de livraison pour nos clients. On espère commencer nos livraisons dès l’hiver prochain. En ce moment, on a entre 500 et 1000 réservations, disons pour la motoneige.»
Plusieurs des réservations proviennent de montagnes de ski et certaines sont même des États-Unis et de la Suède.
Pour le moment, l’entreprise compte une douzaine d’employés en recherche et développement, mais elle souhaite s’agrandir bientôt.
«On est en pleine expansion, fait remarquer le cofondateur. On espère doubler ou tripler notre équipe cet été ou d’ici la fin de l’année. C’est très probable qu’on fasse l’assemblage final de nos véhicules en région. On pense à d’autres plateformes […] On sait que notre technologie de propulsion est bien applicable aux véhicules terrestres. C’est une belle chose pour une entreprise québécoise comme la nôtre.»