L’inflation passe du trot au galop, mais pourquoi ?

ÉCONOMIE. Une épicerie à 250 $, un plein d’essence à 90 $, une pinte de lait contenant deux litres frôle les 5 $… Avec ces prix, les gens peuvent bien craindre de sortir faire les commissions, c’est pratiquement un «brun» qui part à chaque fois ! -Pourquoi toutes ces augmentations ? Le Granby Express a fait appel à un expert afin de répondre à vos questions sur cette inflation qui ne cesse de monter en flèche.

«Les principales variables à l’origine de l’augmentation du coût des biens et services se répartissent en quatre grandes catégories qui sont imbriquées: les mises à l’arrêt répétées de l’économie, les pénuries de biens et de mains-d’œuvre, la masse monétaire et le comportement actuel des consommateurs.»

Ce sont les principaux facteurs économiques et sociaux identifiés par le conseiller du cabinet financier montréalais TWMG, Peter Weston. Cependant, de façon concrète, comment ces quatre variables ont-elles une incidence sur le prix que l’on doit payer à chaque fois qu’on sort la carte ?

Les arrêts répétés de l’économie

Nul besoin d’être économiste pour comprendre qu’arrêter l’économie à «tout vent» aura un impact sur cette dernière, mais quelles sont les causes derrière cette généralité ? Voici la réponse de notre économiste:

«L’économie a été arrêtée pour la première fois en mars 2020. Depuis, les propriétaires d’entreprises subissent des pressions pour maintenir leurs profits prépandémiques. Ayant été forcés de fermer pendant des mois, ils ont été fortement incités à augmenter leurs prix afin de compenser les pertes.»

Autrement dit, on demande aux entreprises de faire les mêmes profits qu’ils feraient sur un an, mais sur huit mois, à titre d’exemple. À ce problème, il n’y a qu’une seule solution, une augmentation des prix qui se reflète directement dans les poches des contribuables-consommateurs.

Les pénuries

Quand il est question de pénuries, il est sous-entendu une pénurie de marchandises, bien sûr, mais aussi de main-d’œuvre. C’est bien d’avoir les marchandises nécessaires à toutes les transactions, mais encore faut-il des employés pour mener ces transactions. De surcroît, il y a une surenchère sur ces derniers.

«Une pénurie de production et de distribution de biens pèse sur l’économie et a une relation directe avec la hausse des prix. Si la demande reste constante ou augmente, le prix de l’offre augmentera inévitablement. L’économie canadienne a également connu une pénurie de -main-d’œuvre ; de nombreux employés ont été mis au chômage de façon temporaire ou permanente et beaucoup n’ont pas réintégré le marché du travail.»

La masse monétaire

«Chaque fois qu’une monnaie est artificiellement injectée dans l’économie, elle se dilue. Lorsque la masse monétaire augmente dans l’économie, la quantité de biens échangés, ou encore, les niveaux des prix doivent également augmenter. Comme nous l’avons vu précédemment, il y a eu une pénurie dans la quantité de biens produits et échangés », indique Peter Weston.

Ce que le conseiller financier explique ici est le principe «d’argent artificiel». Autrement dit, la masse monétaire constitue l’argent qui est en circulation au pays. Lorsque le gouvernement injecte des fonds dans l’économie, il y a plus d’argent qu’il n’en circule réellement, mais il n’y a pas nécessairement les biens de consommation pour combler cette plus-value. Autrement dit, c’est comme si de l’argent était «inventé». Les conséquences indirectes sont, entre autres, de diluer la valeur du dollar, car c’est -comme-ci les gens s’enrichissaient sans créer de la richesse.

Le comportement des consommateurs

La quatrième variable qu’est le comportement des consommateurs fait référence à notre besoin de consommer. Dans nos sociétés occidentales, la consommation est souvent un exutoire à nos «trop-pleins». Peter Weston explique cette variable de façon très concrète.

 Nous le voyons sur le marché du logement. Lorsque les vendeurs ont cinq à six personnes qui font une offre sur une maison, le prix de ladite maison grimpe de façon inéluctable.»