Cégep de Granby en zone rouge: enseignants et étudiants connectés malgré la distance

ÉDUCATION. Le décompte est lancé au Cégep de Granby où les étudiants complètent présentement la dernière semaine d’examen soulignant du même coup la fin de la session d’automne 2020. Une session grandement mouvementée pour les étudiants, mais aussi les enseignants qui ont dû s’adapter à la nouvelle réalité de l’enseignement à distance. 

Inara Adel et Ivana Ruiz Fuentes sont toutes deux finissantes du programme Sciences humaines profil individu au Cégep de Granby. Jamais elles n’auraient pensé terminer leurs études collégiales sur fond de crise sanitaire. Après quelques semaines d’adaptation, elles se sont habituées à cette nouvelle réalité qui comporte son lot de défis pour tous. «C’est certain qu’il y a eu une adaptation à faire, car c’est nouveau pour tout le monde», souligne Ivana Ruiz Fuentes. Respectant les consignes par la Santé publique et du ministère de l’Enseigenement supérieur, le Cégep a ouvert ses portes aux étudiants en août dernier en formule hybride pour limiter la propagation du virus. Jusqu’à la mi-novembre, certains cours ont été offerts en présentiel tout en respectant les consignes sanitaires. La cafétéria, la bibliothèque et les autres espaces publics ont toutefois été fermés par mesure préventive.

Lorsque l’Estrie a basculé en zone rouge en novembre dernier, les cours se sont alors passés en ligne. Tous confinés, les enseignants ont livré la matière via leur écran d’ordinateur à une trentaine d’écrans rivés vers eux. Outre les petits problèmes de connexion, les enseignants ont dû faire face à un plus grand défi, soit de continuer à établir un lien avec les étudiants. «Ça transforme le rôle de l’enseignant. Faire son travail à distance demande de meilleures habiletés pour maintenir l’interaction dans le cours. Le plus difficile a été de trouver le bon angle pour maintenir une relation significative de l’enseignant et de l’étudiant», explique Vincent Larose, directeur des études au Cégep de Granby. À l’écoute de ses étudiants, l’administration a entendu le cri du cœur de certains étudiants découragés par la situation. «Les étudiants nous le disent que c’est plus difficile de se motiver, se concentrer. Il y en a d’autres qui trouvent ça difficile de ne pas avoir accès à la vie institutionnelle du Cégep», affirme M. Larose.

C’est le cas, entre autres, d’Inara Adel qui a eu plus de difficulté à s’adapter à sa nouvelle routine. «Je me suis habituée au cours en ligne, mais ça n’a pas été facile. Ce n’est pas tout le monde qui a l’environnement propice pour suivre ses cours à la maison. Avec mes frères et sœurs qui crient partout, je m’enfermais dans ma chambre pour faire mes devoirs. Comme je suis tout le temps dans ma chambre, la motivation et l’énergie ne sont pas toujours là non plus», souligne la finissante. Afin de remédier à la situation, l’établissement a mis sur pied certains programmes d’aide pour aider les enseignants et étudiants à mieux passer à travers la session. Les centres d’aides ont été maintenus en ligne et un service de dépistage d’étudiants en difficulté a été implanté en partenariat avec le Carrefour de la Rive-Sud pour offrir des ressources au niveau psychosocial aux étudiants pris avec des problèmes de concentration et de motivation. Pour Inara, le meilleur remède pour contrer le manque de motivation a été de prendre l’air entre deux séances d’étude. «Ce qui m’a aidé, ç’a été de me changer les idées en allant prendre de l’air. Prendre 10 minutes pour aller prendre une marche faisait toute la différence», mentionne Inara Adel.

C’est en présentiel que se sont déroulés les examens pour les étudiants, le tout en respectant les consignes de distanciation physique entre eux.

 

En mode solution
C’est sans surprise que le plus grand souhait des étudiants et enseignants est un retour à la normale dans les salles de cours. En attendant le feu vert du gouvernement, l’administration misera dès la session d’hiver sur l’enseignement comodal. Cette nouvelle méthode permet à l’enseignant d’offrir son cours en présentiel à la fois devant un groupe restreint et l’autre partie du groupe en direct grâce à de grands écrans disposés dans la salle. Une rotation permettra à tous les étudiants d’assister à tour de rôle  en présentiel au cours. De plus, l’ajout de ressources enseignantes sera mis à la disposition des étudiants. «Il y aura plus d’enseignants ce qui va nous permettre de diminuer le nombre d’étudiants notamment dans les classes de français et philosophie pour mieux les encadrer», mentionne Vincent Larose. Le dernier aspect sera l’ajout d’une semaine d’études en avril pour mieux segmenter la session et donner un peu de répits à tous.

Malgré les embûches et les différentes adaptations, le Cégep brosse tout de même un bilan positif de la session d’automne. «Ça l’a été difficile pour tout le monde, mais le niveau d’engagement et les efforts mis en place par tous est tout simplement admirable et c’est ça qui va faire que l’on va passer à travers», souligne M. Larose.

Souhaitant connaître le pouls des enseignants par rapport à la situation, le Granby Express a tenté de joindre le Syndicat des enseignantes et enseignants du Cégep de Granby.Au moment d’écrire ses lignes, le syndicat n’a pas répondu à notre demande d’entrevue.