Cégep de Granby: une structure comme les pros chez les E-Nouk

ÉDUCATION. Alors que le sport électronique gagne en popularité un peu partout dans le monde, le Cégep de Granby a décidé de joindre lui aussi le mouvement en mettant en place, cette année, une activité parascolaire structurée avec les E-Nouk.

C’est un étudiant qui a d’abord proposé l’idée et sur le coup, ça n’a pas plu tout de suite au directeur des affaires étudiantes et des services à la communauté, Michel Bélanger. Mais il a rapidement changé son fusil d’épaule voyant le potentiel d’avoir une telle activité parascolaire entre les murs de son institution d’enseignement supérieur.

Sur la photo: le directeur des affaires étudiantes et des services à la communauté, Michel Bélanger, et l’animatrice à la vie étudiante qui chapeaute le dossier du projet E-Sport, Katie Girard. (Photo:Granby Express-Vincent Lambert)

«J’avais regardé le reportage d’Alexandre Taillefer où on parle de son fils qui s’est suicidé et qui avait des problèmes de jeux, indique le principal intéressé. C’est sûr que la première réaction que j’ai eue est que je n’étais pas sûr que je veuille amener ça dans nos murs.»

Après avoir regardé ce qui se faisait ailleurs, Michel Bélanger s’est rendu compte que plusieurs avaient de mauvaises perceptions, lui le premier.

«Je ne connaissais pas tellement ça […], admet-il. Aujourd’hui, au contraire, je suis content d’en parler. Je suis fier qu’on ait ça dans nos murs. On est convaincu que ça apporte une plus-value à ce niveau-là. Et on a même de beaux résultats.»

Bien que le E-Sport a fait son entrée au Cégep de Granby, pas question d’y aller au hasard dans le choix des jeux.

«On est une maison d’enseignement supérieur, rappelle M. Bélanger. On veut valoriser des valeurs qui sont positives avec le choix des jeux. Pour nous, c’était non négociable. Ce n’est pas n’importe quoi qui va rentrer ici.»

Comme des pros

Le Cégep de Granby a lancé officiellement son activité à l’automne après avoir mis en place une session pilote pour savoir ce que les adeptes voulaient et ce qu’il était capable de leur offrir. Et le succès a été instantané si bien que depuis le début de l’année, 28 garçons font partie de l’équipe, laquelle est aussi ouverte aux filles.

«Le programme comprend trois volets (jeux, pédagogie, saines habitudes de jeux et saines habitudes de vie) dans la manière dont on l’a apporté, précise Katie Girard, animatrice à la vie étudiante qui chapeaute le dossier du projet E-Sport. On leur offre le matériel; on a seize tours à leur disposition où les jeux sont déjà tous installés. On a aussi deux locaux. On a adhéré à une ligue collégiale où on joue contre d’autres collèges. On a aussi un entraîneur pour chacun des jeux.»

Pour pouvoir demeurer dans l’équipe des E-Nouk, les joueurs doivent suivre une structure bien précise, mais aussi livrer de bonnes performances académiques.

«Ils doivent réussir leur cours, poursuit Mme Girard. Donc, la réussite scolaire est très importante et elle est un incitatif à rester dans l’équipe. On s’est collé un peu à ce que le RSEQ offre. On dirait des joueurs élites. Si on détecte des besoins ou s’il y a une dépendance aux jeux, on peut prendre des ententes […] On a aussi ce service-là pour essayer de capter s’il y a un besoin.»

Même si l’équipe des E-Nouk passe du temps devant l’écran, elle n’est pas pour autant sédentaire puisqu’elle a l’obligation de bouger, mais aussi de bien s’alimenter.

«Le collège a accepté qu’on ait un entraîneur physique, se réjouit Katie Girard. Ils (les joueurs) sont obligés de faire deux heures d’activité physique par semaine. Il y a des périodes de gymnase pour eux pour qu’ils puissent se réunir en même temps et créer d’autres activités. On leur offre aussi des ateliers sur l’ergonomie et les collations santé. Tout ça combiné ensemble, ça a mené à une belle activité parascolaire.»

Un sentiment d’appartenance

Les adeptes de sport électronique ont développé un réel sentiment d’appartenance à leur équipe, notamment en ayant leur propre logo et leur propre nom.

«Ils font partie d’une équipe qu’on appelle les E-Nouk, commente Michel Bélanger. Les jeunes voulaient avoir une identification, des chandails à l’effigie de leur groupe. Vraiment, pour eux, c’est un sentiment d’appartenance. Ils ont eu un droit de regard sur le logo. Les jeunes, vraiment, sont attachés à une identité. Ce que je trouve fort intéressant.»

L’activité parascolaire du sport électronique entre les murs du Cégep permet d’accrocher plusieurs jeunes garçons, de les sortir de l’isolement et de leur faire de nouvelles connaissances.

«On sait que la majorité des personnes qui jouent à ces jeux-là sont des garçons, fait valoir Michel Bélanger. Pour nous, c’est une façon de les intéresser à poursuivre leurs études au niveau collégial avec structure en place. L’objectif est qu’on développe des compétences et qu’on développe l’étudiant le plus large possible.»

Dans le réseau collégial, une trentaine d’institutions sont actives dans le sport électronique ou sont en train de développer le programme. Selon M. Bélanger, ça ne fait que commencer. «Il y a un engouement pour ça. Il y a une volonté de développer ça. C’est en train de se mettre en place.»