Débat électoral dans Shefford: des idées aux antipodes et pas de K.O.
POLITIQUE. La rencontre au sommet entre les six candidats dans Shefford d’hier soir n’a pas nécessité de prolongation pour déterminer un gagnant. Le débat de la Chambre de commerce Haute-Yamaska s’est terminé par un match nul malgré quelques échanges pimentés.
Réunis à l’église St-Georges devant une foule d’une centaine d’électeurs, les candidats Pierre Breton (Libéral), Andréanne Larouche (Bloc québécois), Nathalie Clermont (Parti conservateur), Katherine Turgeon (Parti vert), Raymonde Plamondon (Nouveau Parti démocratique), et Mariam Sabbagh (Parti populaire du Canada) se sont prêtés à l’exercice. Diffusé sur les ondes de M105, le face-à-face électoral a abordé trois thèmes: l’aide aux entreprises, le transport et l’emploi et l’immigration.
Un buffet de propositions
Premier segment du débat, l’aide aux entreprises a donné lieu à des propositions tous azimuts. D’un côté, le libéral Pierre Breton est revenu sur son bilan économique rappelant au passage les 15 M$ investis par son gouvernement dans les entreprises du comté et la création de 4000 emplois découlant de cette aide depuis 2015. Quant à la candidate conservatrice, Nathalie Clermont, elle a déclaré qu’un gouvernement d’Andrew Sheer annulerait «les hausses d’impôts sur les investissements des petites entreprises imposées par Trudeau.»
D’autres engagements ont aussi retenu l’attention: la protection des fleurons économiques québécois (Andréanne Larouche, BQ), le virage vers une économie verte (Katherine Turgeon, Parti vert), l’abolition des subventions aux entreprises (Mariam Sabbagh, Parti populaire du Canada) et le développement de technologies innovantes (Raymonde Plamondon, NPD).
En transport, Katherine Turgeon, du Parti vert, a rappelé le souhait de sa formation politique d’atteindre la cible de zéro émission de gaz à effet de serre. Elle a d’ailleurs soumis l’idée que l’achat d’un vélo neuf pourrait être admissible à un crédit d’impôt. La néo-démocrate Raymonde Plamondon croit de son côté aux retombées de l’électrification du transport collectif et au retour des autobus ruraux pour réduire l’indépendance à l’automobile. Au Parti populaire du Canada, Mariam Sabbagh a moussé le recours au plastique pour paver les routes. Une solution qui pourrait être mise à l’essai au Québec, a confié la candidate de Maxime Bernier.
Par ailleurs, le projet du train de passagers Montréal-Sherbrooke semble faire l’unanimité chez les candidats Breton, Larouche et Clermont. Les trois débatteurs ont tour à tour affirmé vouloir soutenir l’initiative.
Le débat s’est ensuite animé quelque peu lorsque Nathalie Clemont, du Parti conservateur, s’en est prise à Andréanne Larouche, du Bloc québécois, sur la pertinence de la formation indépendantiste à Ottawa. «Le Bloc québécois nous a fait une multitude de propositions. Il est facile de dire plein de choses lorsqu’on ne peut être au pouvoir (..). Peu importe le nombre de députés du Bloc, votre parti ne peut pas avoir d’impacts sur les décisions du gouvernement», a déclaré la conservatrice.
Ce à quoi la bloquiste a répliqué du tac au tac: «Advenant que vous soyez élue le 21 octobre, Mme Clermont, et que les libéraux sont au pouvoir à Ottawa, est-ce vous allez démissionner? Est-ce que vous allez changer de parti pour aller du côté libéral? (…) C’est une question de balance du pouvoir et on risque de la détenir lors de l’élection du 21 octobre.»
Du soutien pour l’emploi et les immigrants
La rencontre s’est conclue sur l’enjeu de l’emploi et de l’immigration. Pour Andréanne Larouche, la lutte à la pénurie de main-d’œuvre passe notamment par le maintien des 65 ans et plus en emploi et une hausse salariale sans pénalité. «On veut aussi mettre en place un crédit d’impôt pour les diplômés récents et les immigrants qui acceptent un emploi en région.»
Dans le camp des verts, l’instauration du revenu garanti, la hausse des congés payés et les semaines de travail écourtées figurent au programme du parti représenté par Katherine Turgeon. Au NPD, on privilégie des investissements en formation pour favoriser les emplois de qualité, a exprimé Raymonde Plamondon.
«Au Parti libéral du Canada, nous sommes d’avis que la formation est la solution à la pénurie de main-d’œuvre et c’est pourquoi nous avons conclu une entente avec le gouvernement du Québec pour y investir 6 milliards de dollars. La formation de la main-d’œuvre est essentielle et nous croyons que l’immigration fait aussi partie de la solution», a affirmé Pierre Breton.
Un meilleur contrôle des frontières et une gestion renforcée du système d’immigration sont au programme des conservateurs, a laissé entendre Nathalie Clermont.
À propos de l’emploi et de l’immigration, Mariam Sabbagh et le Parti populaire du Canada désirent quant à eux réduire le seuil de nouveaux arrivants à 150 000 par année. Selon la candidate, le problème de recrutement pourrait se résorber si les employeurs offraient, entre autres, un meilleur salaire et de meilleurs avantages sociaux.