Faux bonbons dangereux: «les trafiquants deviennent de plus en plus rusés»_Nicolas Bédard
FAITS DIVERS. Le nombre de perquisitions menées en Estrie par la Sûreté du Québec et la police de Granby se multiplient. Les forces policières visent notamment les trafiquants et les laboratoires de production de drogue de synthèse, dont certains imitent l’apparence de bonbons.
Il se trouve que ces bonbons sont dopés à la cocaïne et à la benzodiazépine, un produit qui ressemble à l’antidépresseur Xanax. Il serait très populaire chez les jeunes du secondaire et des 18 à 25 ans, rapporte le directeur général Nicolas Bédard du centre l’Envolée de Shefford, un centre de traitement de l’alcoolisme et des toxicomanies pour hommes. «Ce n’est pas une nouveauté. C’est récurrent. Les gens tentent de reproduire un peu ce que la SQDC vend comme produits comestibles. Il y a souvent des logos qui peuvent être associés à des bonbons durs», notamment dans le cas des méthamphétamines précise M. Bédard. «D’un bonbon à l’autre, la concentration en substances psychotropes varie énormément. On se ramasse en surdoses. C’est un peu le problème avec les laboratoires clandestins. Les gens qui les fabriquent ne sont pas des chimistes, loin de là. »
Nicolas Bédard estime que l’Estrie est devenue une plaque tournante dans la production de méthamphétamines. «On dénote de plus en plus de démantèlement de laboratoires». Une affirmation que n’a pas pu nous confirmer Aurélie Guindon de la Sûreté du Québec. La Sûreté du Québec a récemment saisi une importante quantité de drogue les 23 et 24 septembre derniers. Près de 500 000 comprimés de ce qu’on croit être des méthamphétamines ont été saisis dans le Canton de Stanstead.
«Les trafiquants deviennent de plus en plus rusés et vont copier les grandes marques afin de déjouer les forces policières», souligne M. Bédard. Cela permet aussi aux consommateurs de passer inaperçus. «D’époque en époque, ça revient continuellement. Ce qui nous préoccupe, c’est surtout les méthamphétamines. Les ravages que ça cause», observe M. Bédard. Un nombre croissant des clients du centre l’Envolée souffrent de troubles psychologiques irréversibles qui nécessitent un suivi en psychiatrie. «Des clients qu’on a vus, il y a huit ans, quand on les retrouve, ce n’est plus les mêmes personnes. Il y a des séquelles irréversibles.» Et la pandémie n’a pas aidé en provoquant des ruptures de stock des drogues régulières. Les trafiquants se sont alors tournés vers des produits faciles à produire, n’importe où précise M. Bédard. «Ça ne va pas en s’améliorant. Tout est mélangé maintenant avec du fentanyl. Pour Montréal et le Québec en général, on observe une hausse de surdoses de 30 % ou 40 %. Ça va de mal en pis en toxicomanie», observe Nicolas Bédard.