De nouvelles recommandations concernant la qualité de l’eau à Sainte-Cécile-de-Milton
SANTÉ. L’analyse des derniers échantillons d’eau prélevés récemment dans quelques secteurs de Sainte-Cécile-de-Milton révèle la présence de contaminants nommés PFOS et PFOA, des composants chimiques qui pourraient se révéler dangereux pour la santé. Même si des incertitudes demeurent concernant la probabilité et l’importance des effets sur la santé, la Santé publique recommande notamment aux femmes enceintes, à celles souhaitant le devenir et aux nourrissons, de ne pas consommer l’eau du robinet.
C’est depuis février 2023 que le Québec a les yeux braqués sur Sainte-Cécile-de-Milton et son réseau d’eau, alors qu’une première étude sur les -PFAS dans l’eau potable, publiée par le chercheur Sébastien Sauvé de l’Université de Montréal, a révélé un résultat dans cette municipalité légèrement au-dessus de l’objectif fixé par Santé Canada.
À la suite de ces résultats et à l’émoi causé dans la population, la Municipalité a décidé de s’allier au ministère de l’Environnement et avec la Direction de la Santé publique de l’Estrie pour effectuer d’autres tests. Ainsi, des échantillons ont été prélevés à dix adresses entre février et octobre 2023 dans quatre secteurs : soit la rue Principale, le nord de la rue Principale, l’ancien lieu d’enfouissement sanitaire ainsi que le secteur à l’ouest de l’ancien site d’enfouissement.
L’analyse a révélé la présence de deux contaminants spécifiques de la grande branche des PFAS : Les PFOS et PFOA, des contaminants potentiellement cancérigènes et dont les concentrations étaient plus élevées dans les secteurs de la rue Principale et près d’un ancien lieu d’enfouissement sanitaire. Des polluants éternels avaient également été trouvés dans le puits fournissant l’école primaire, qui a par ailleurs déjà changé sa source d’eau potable et interdit l’accès aux abreuvoirs.
Santé Canada recommande un niveau de 30 nanogrammes par litre comme limite acceptable, mais dans l’un des puits de Ste-Cécile, le taux mesuré était de 34. Pour avoir une idée plus concrète, imaginez quatre cuillères à table de ces substances répandues dans un stade olympique rempli d’eau, a expliqué Philippe Cantin, le responsable de la Division de l’eau potable au ministère de l’Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs (MELCCFP).
La limite dépassée
Les PFAS se retrouvent dans plusieurs objets du quotidien comme des manteaux, des produits cosmétiques, et autres. Selon les spécialistes, les PFAS qu’on retrouve dans l’environnement peuvent contaminer les eaux souterraines et les eaux de surface, mais la présence de ces contaminants dans quelques puits privés de Sainte-Cécile-de-Milton reste encore un mystère pour les autorités concernées, malgré quelques suppositions. «On n’a pas retrouvé de PFOA et des PFOS dans les autres municipalités, c’est un peu une première pour nous. Peut-être que par la suite on va se mettre à vérifier dans d’autres villes et on va en trouver, mais c’est la première fois au -Québec qu’on fait affaire à cette situation», a indiqué la Dre Mélissa Généreux, de la direction de la Santé publique.
Pour mesurer l’impact de ces contaminants, des valeurs guides ont été établies par l’Institut national de santé publique du Québec (INSPQ). Les valeurs chroniques indiquent les risques pour la santé lorsqu’on est exposé pendant plusieurs années à une eau potable contenant ces deux contaminants. Des conséquences telles qu’une réponse immunitaire affaiblie face aux vaccins, un risque accru de cholestérol et une probabilité plus élevée de développer un cancer du rein ont été relevés.
Les valeurs sous-chroniques représentent les risques pour la santé lors d’une exposition de courte durée, allant de quelques semaines à quelques mois. Les personnes les plus vulnérables sont les femmes enceintes et les nourrissons âgés de moins d’un an, qui peuvent développer des problèmes tels qu’un développement altéré, notamment au niveau osseux, ainsi qu’un faible poids à la naissance.
«On observe des dépassements des valeurs guides, à la fois chroniques et sous-chroniques, dans deux secteurs qui ont été testés, celui qui est près du lieu d’enfouissement, et celui de la Principale. Et ce qui retient notre attention, c’est la présence des deux contaminants qu’on aime moins, qu’on connaît et qu’on étudie », a souligné Dre Généreux. «Il y a encore un contexte d’incertitude scientifique, on n’est pas dans les effets du tabac ou des choses vraiment bien connues, les scientifiques continuent à suivre ça de près, mais on trouvait ça important de venir vous présenter ce qu’on sait jusqu’à maintenant», a-t-elle ajouté.
Opter pour une source d’eau alternative
À la lumière de ces résultats, la Santé publique de l’Estrie a ciblé quatre groupes sociaux pour lesquels elle suggère de suivre de nouvelles recommandations. Alors que les femmes enceintes et les nourrissons sont priés de rester loin du robinet et d’opter pour d’autres sources alternatives, pour les milieux résidentiels et les milieux de vie, dont l’école, on recommande notamment aux occupants de ces endroits de réduire leur exposition à l’eau du robinet. En ce qui concerne les autres milieux (les restaurants, les commerces et les entreprises) considérant la plus faible consommation d’eau, il n’est pas nécessaire de réduire l’exposition à l’eau du robinet. À noter que faire bouillir l’eau n’est pas une méthode efficace pour réduire ces contaminants.
Dans les zones où aucun test n’a été effectué, il est recommandé de limiter l’utilisation de l’eau du robinet et de choisir une source d’eau alternative pour les boissons, en attendant des évaluations environnementales complémentaires. «On aimerait ça tester l’ensemble des puits et faire une espèce de caractérisation de l’ensemble des secteurs opportuns pour aller chercher des références», a mentionné Paul Sarrazin, maire de Sainte-Cécile-de-Milton.
Une centaine de citoyens étaient présents dans la salle à l’occasion du dévoilement de ces nouvelles données. Quelques-uns se sont inquiétés des répercussions sur leur santé, alors que d’autres craignaient des préjudices sur la valeur de leur maison. D’autres citoyens ont plutôt voulu savoir d’où provenaient ces contaminants, et si les bouteilles d’eau vendues en épicerie étaient également sans risque.