Eau contaminée aux PFAS à Sainte-Cécile-de-Milton: tous les yeux tournés vers le dépotoir

MUNICIPAL. Le dossier de l’eau contaminée aux perfluorés (PFAS) préoccupe de plus en plus les citoyens et la Municipalité de Sainte-Cécile-de-Milton. Et les résultats des derniers prélèvements n’ont rien pour rassurer les résidents du secteur des rues Rose-Marie et Ménard: 92 % des 25 puits inspectés situés à proximité du site d’enfouissement contiennent une forte concentration de PFAS. 

Selon le ministère de l’Environnement, le dépotoir opéré par la compagnie Matrec serait possiblement en cause pour expliquer le taux élevé de contamination de l’eau aux PFAS du moins pour les propriétés établies sur les rues Rose-Marie et Ménard. Sur les 25 échantillons prélevés en avril 2024 dans ce coin de la municipalité, pas moins de 24 puits affichent une valeur supérieure à la norme acceptable de PFOA et de PFOS; deux types de substance chimique apparentés aux PFAS. D’après les résultats comptabilisés, les sources d’eau comportaient 10 nanogrammes de contaminant par litre d’eau (ng/l). Un constat qui diffère de la cote recommandée à 4 nanogrammes par litre d’eau. 

Sur le plan scientifique et médical, l’avis de non-consommation d’eau pour l’ensemble des résidences des rues Rose-Marie et Ménard demeure en vigueur. D’ailleurs, la Direction de la santé publique de l’Estrie (DSP) recommande aux gens de recourir à « une autre source d’eau alternative pour boire, pour préparer des boissons (thé, café, jus, lait pour bébé) et des aliments à base d’eau. »

«Pour les autres secteurs de la municipalité, ce qu’on retient, c’est qu’il y a du PFOA et du PFOS à niveau de concentration assez faible. La signature n’est pas la même que dans le secteur Rose-Marie-Ménard. Et on ne pense pas que la source est liée au site d’enfouissement sanitaire», a affirmé la Dre Mélissa Généreux, médecin-conseil à la Direction de la santé publique de l’Estrie.

Quant aux effets des PFAS sur la santé des gens, les premiers signes pourraient apparaître sur le long terme, a fait savoir la DSP: faible réponse immunitaire aux vaccins, augmentation du taux de cholestérol, risques de cancer, faible poids à la naissance des poupons.

«Quand un grand paquet de gens est exposé (aux PFAS), en moyenne, il y a un peu plus de personnes qui pourraient développer ces types de problèmes qu’un groupe de gens qui n’ont pas du tout été exposés», a indiqué la Dre Généreux.

Chose certaine, la forte délégation citoyenne présente à la soirée d’information, mercredi soir, en avait gros sur le coeur contre le gestionnaire du site d’enfouissement. Certains participants ont d’ailleurs déploré l’absence d’un représentant de Matrec lors de la rencontre.

Outre les environs du dépotoir, le secteur de l’école primaire sur la rue Principale inquiète également les autorités de la DSP. Une concentration de 35,7 ng/ de PFAS a été observée dans les puits auscultés en avril dernier par le professeur-chercheur Sébastien Sauvé lors de la cueillette de 88 échantillons sur le territoire. Une donnée critique par rapport à la valeur guide en vigueur aux États-Unis qui est de 30 ng/l. Pour cette zone, la provenance de la source de contamination n’a pas été déterminée.

Des actions réclamées

Pour les résidents des rues Rose-Marie et Ménard, entre autres, la diminution des PFAS dans l’eau passera par l’ajout d’un système de traitement  (voir tableau). Or, malgré ces avenues, des Miltonnais craignent pour la valeur de leur propriété.

«On ne veut pas vous laisser seuls pour régler tout ça. On veut trouver une solution et interpeller le gouvernement, car il a une grande responsabilité dans cette situation. Il est hors de question que la Municipalité mette un sou là-dedans», a déclaré le maire Paul Sarrazin. 

Porteur d’un recours collectif contre Matrec au nom des citoyens de Sainte-Cécile-de-Milton, Me Bryan Furlong a réitéré son intention de démontrer le rôle de l’entreprise dans ce dossier de l’eau contaminée. «D’un point de vue purement légal, il y a une cause à effet. Pourquoi aller chercher des subventions quand la réelle problématique doit être réglée par le citoyen corporatif (Matrec)? Vous mentionnez, le professeur Sauvé, que ça ne coûte pas si cher que ça (régler la problématique). Si ça ne coûte pas si cher que ça, réglons-là la problématique», a exprimé le juriste.

Prendre un pas de recul

À ce stade-ci du dossier, le conseil municipal n’entend pas se positionner d’ici la fin de l’année, a fait savoir le maire Sarrazin en entrevue avec la presse locale.

«On va devoir prendre un pas recul et se faire une tête sur la situation pour préparer la suite. Une chose est sûre, les citoyens demandent à être informés (…). Au retour des Fêtes, on arrivera peut-être avec des propositions», a confié l’élu.

Pour ce qui est des responsabilités de la compagnie Matrec dans cette affaire, Paul Sarrazin souhaite plutôt user de la voie diplomatique au lieu de s’adresser aux tribunaux pour dénouer l’impasse. «J’ai toujours préconisé une entente à l’amiable avec les acteurs. J’aime mieux trouver des solutions que d’aller devant les tribunaux. L’argent que tu donnes aux avocats, il ne revient pas», a conclu le maire de Sainte-Cécile-de-Milton.

Comment réduire son exposition?

  • Système d’osmose inversée (norme CSA-B483.1 ou NSF 58)
  • Filtration avec adsorbants (norme CSA-B483.1 ou NSF 53)
  • Pichet filtrant (norme NSF 53)
  • Utilisation d’une source d’eau alternative

      N.B.: l’eau bouillie n’élimine pas les PFAS.

      Source: Direction de la santé publique de l’Estrie