Itinérance au centre-ville de Granby: une restauratrice sonne l’alarme

SOCIÉTÉ. Vandalisme, attroupement à toute heure du jour, méfait, consommation et vente de stupéfiants au vu et su de tous. Marie-Claire Tissier en voit de toutes les couleurs depuis l’ouverture de son resto Les copains d’abord. Pour cette restauratrice en affaires depuis à peine deux mois au centre-ville de Granby, l’omniprésence d’itinérants dans les environs des commerces ne doit pas devenir la norme. Elle et sa partenaire d’affaires, Virginie Filloux, craignent de voir une certaine peur s’installer.

D’entrée de jeu, Marie-Claire Tissier assure n’avoir aucune dent contre ces hommes et ces femmes qui vivent dans la rue; faute d’avoir un toit.

«Je n’ai aucun ressentiment envers eux. Ce que je déplore, c’est qu’on les laisse faire ce qu’ils veulent (…). L’une de nos vitrines a été fracassée, on a été victime d’un vol durant les travaux d’aménagement de notre bistro. En décidant d’ouvrir au centre-ville, on le savait qu’il y avait des itinérants», confie la restauratrice qui habite Granby depuis quatre ans.

Mais à la tombée du jour, les rassemblements d’individus à la place du Marché changeraient complètement le climat du centre-ville selon ses dires. «Les soirs, je trouve que ce n’est pas sécuritaire. Ça consomme (des stupéfiants) à la vue de tout le monde sans se cacher. C’est bien beau les voitures de police qui passent, mais que font les policiers», se demande Mme Tissier.

Des clientes ont d’ailleurs confirmé à la commerçante éviter le centre-ville en soirée de peur d’être invectivées par ces individus qui batifolent à la place du Marché. «Certaines d’entre elles m’ont dit: si je n’étais pas accompagnée, je ne viendrais pas.»

Passer de la parole aux actes

En dépit de la présence d’errants, Marie-Claire Tissier ne regrette aucunement de s’être établie au centre-ville de Granby. Bien au contraire, elle y croit à cette rue Principale, affirme-t-elle. Cependant, les belles paroles sur les façons de se sortir de cette crise de l’itinérance doivent cesser, ajoute-t-elle.

«Si c’est la volonté de la mairie de faire bouger les choses, tant mieux. On ira dans le même sens. Mais si je vois qu’il n’y a pas pas grand-chose qui bouge, je vais aller faire mon tour au conseil municipal (…). Il faut arrêter de dire…on va faire, on va faire. C’est bien beau la partie administrative, mais bougeons. Arrêtons de faire des comités et des comités. On parle trop et on fait trop de réunions pour faire des réunions», se désole Mme Tissier.

La restauratrice croit que les intervenants impliqués dans le dossier de l’itinérance devraient de prime à bord concentrer leurs énergies à trouver un logement à ces personnes qui vivent dans la rue. «En France, ils ont adopté un système qui fait en sorte que les logements vacants, qui ne sont pas loués sur une longue période, sont assujettis à une amende (taxe). Déjà, ça renflouerait des caisses, car des propriétaires ne voudront pas les louer. Et cet argent pourrait servir à la Municipalité à financer la location de logements plutôt que d’aller pleurer à un gouvernement», affirme Mme Tissier.

Près d’une centaine de signalements

Depuis mars dernier, la Ville de Granby tient un registre numérique sur les enjeux en matière d’itinérance. À ce jour, environ 97 plaintes ou signalements (voir le tableau) ont été enregistrés via le formulaire en ligne, selon les informations transmises par la Division des communications de la Ville.

Les principaux motifs des plaintes et des signalements

-Cohabitation sociale / comportements dérangeants / sécurité;

-Occupation des lieux au centre-ville;

-Dommages à la nature, déchets, coupe d’arbres, feux;

-Occupation des lieux en nature;

-Référencement (demande comment aider quelqu’un);

-Bris physique à un bâtiment;

-Information sur le plan d’action.

Source : Ville de Granby