La culture sous-financée: le milieu des arts se mobilise
CULTURE. Le Conseil des arts et des lettres du Québec (CALQ) est mandaté par le ministère de la Culture et des Communications pour investir dans la culture au Québec. Ses budgets stagnent depuis des années, alors le milieu culturel fait front commun pour réclamer un meilleur soutien de l’État.
Frédéric Messier est le directeur général de la Maison de la culture de Waterloo (MCW). Il préside aussi le Réseau Centre, un organisme qui regroupe 22 salles de spectacles réparties dans cinq régions centrales du Québec (Estrie, Beauce, Mauricie, etc.). Avec une vingtaine d’autres réseaux culturels du Québec, les diffuseurs de spectacles demandent au CALQ de rehausser et de rendre permanent le financement octroyé aux organismes du secteur de la culture.
« Une bonne partie des crédits que nous recevons du CALQ ne sont pas récurrents; ils proviennent de mesures et programmes temporaires, alors notre budget devient incertain d’une année à l’autre », explique le DG de la MCW.
Par ailleurs, la partie du financement provenant du CALQ qui est stable stagne depuis trop longtemps globalement. Au cours des six dernières années, les montants octroyés n’ont augmenté que de 7 %, alors que l’inflation pour la même période s’élevait à 22 %, selon le Front commun pour les arts. Parallèlement, les gestionnaires de salles de spectacles sont aux prises avec des coûts qui ont explosé et des ventes de billets moins bonnes que ce qu’elles étaient avant la Covid.
Moins d’audace et de découvertes
La conséquence de ce sous-financement n’est pas nécessairement la fermeture de diffuseurs de spectacles, mais cela fait en sorte qu’ils doivent prendre moins de risques, en offrant une programmation moins diversifiée. Frédéric Messier donne comme exemple que cela « veut dire moins de place aux artistes de la relève et au théâtre en région », entre autres. Pour éviter les déficits, certains envisagent également d’annuler des spectacles qu’ils avaient prévu présenter dans les prochains mois.
C’est sensiblement la même réalité du côté du Palace de Granby, où l’incertitude budgétaire pousse les gestionnaires de la salle à établir une programmation de spectacles moins audacieuse que ce qu’elle pourrait être. « Les spectacles de danse, de théâtre et de cirque sont coûteux à produire et ils attirent des publics plus nichés, alors nous en programmons moins que ce que nous aimerions », relate la directrice générale du Palace, Christine Plante.
Un blitz médiatique au sujet du sous-financement en culture a lieu actuellement, alors que dans chaque région du Québec, des diffuseurs de spectacles se joignent à d’autres acteurs culturels locaux pour rencontrer les élus afin de leur démontrer les importantes retombées économiques et sociales qu’ont les investissements en culture dans les communautés.
Le front commun d’associations d’organismes soutenus par le CALQ représente environ 160 000 emplois dans diverses disciplines culturelles: musique, théâtre, arts visuels, musées, danse et autres. Il demande à ce que les crédits annuels du CALQ, qui sont actuellement de 94 M$, soient portés à 200 M$ dans le budget provincial de ce printemps, afin de répondre adéquatement aux besoins des organismes culturels.