Le fameux développement
CHRONIQUE. Depuis le mois de janvier dernier, j’ai la chance de travailler pour la LHJMQ, où je côtoie assez fréquemment Éric Chouinard, ancien choix de premier tour (16e) du Canadien en 1998. Chouinard occupe le poste de Vice-président des opérations hockey pour le circuit Cecchini.
Chronique Gérant d’estrade avec Raphaël Doucet.
Celui qui est également directeur général du Blizzard du Séminaire St-François dans la Ligue M18AAA du Québec (anciennement midget AAA) est très bien placé pour parler du développement des jeunes joueurs, pour l’avoir vécu comme joueur et pour le vivre comme gestionnaire.
La semaine dernière, on soupait ensemble à London dans le cadre du Défi des Espoirs LCH-É.U. et je me suis mis à lui partager ma vision du développement. Selon moi, il y a une bonne dizaine des facteurs qui influencent le développement d’un jeune entre le moment où il sera repêché par une équipe de la LNH, à 18 ans, et l’atteinte (ou non) de son plein potentiel, dans la vingtaine.
Je lui énumérais mes points qui touchent autant la LNH que la Ligue américaine et il était plutôt d’accord.
Voici : dans quel genre d’organisation il tombe ; une équipe en reconstruction ou une équipe qui veut gagner tout de suite ? Est-ce que ça va cliquer avec son coach ? Sera-t-il entouré de bons leaders qui voudront bien l’aider à devenir un meilleur joueur et un « meilleur homme » ou bien de vétérans qui penseront à leur petit nombril (surtout dans la Ligue américaine) ? Aura-t-il le mal du pays ; s’-ennuiera-t-il de son père, de sa mère, de sa famille ou de sa blonde ? Il vivra seul ou avec des colocs pour la première fois de sa vie ; sera-t-il capable de cuisiner… et de faire son lavage ? Comment les médias vont-ils le traiter ; tombera-t-il dans un marché anodin comme Anaheim ou est-ce que tous ses gestes seront scrutés à la loupe comme à Montréal ? Aura-t-il 10 chances de se faire valoir (comme c’est souvent le cas avec les choix de premier tour) ou seulement une ou deux ? Comment réagira-t-il à l’adversité, lui qui est sans doute habitué de dominer depuis qu’il est jeune ? Comment va-t-il dealer avec tout l’argent qu’il a sans ses poches (à 18 ans, tu peux facilement faire un million dans la LNH !) ? Comment va-t-il gérer ses « nouveaux amis » (car, quand tu deviens une vedette, soudainement, des tas de gens veulent te fréquenter et d’inviter ici et là) ?
Je pourrais ajouter d’autres points, mais ce sont les principaux.
Donc, soyez un peu indulgents avant de traiter de flop un jeune de 18, 19, 20 ou 21 ans qui n’a pas encore atteint la LNH ou qui n’a pas encore été capable de s’y établir.
Beaucoup, beaucoup de choses vont se passer dans sa vie entre le moment de son repêchage et le moment où il devrait devenir le joueur tant attendu… s’il le devient.