Lock-out au Zoo de Granby: des employés témoignent

RELATIONS DE TRAVAIL. Quelque 130 employés du Zoo de Granby ont appris lundi, en rentrant au travail, qu’ils n’étaient pas les bienvenus. En effet, le lock-out décrété par la direction les empêche de retrouver leur emploi, pendant que les négociations pour le renouvellement de leur convention collective n’avancent toujours pas.

« Hier, nous étions prêts à rentrer travailler pour donner une chance à l’employeur d’avancer les négociations, mais on a su en se présentant qu’on n’avait pas accès au site », déclare le technicien en soins animaliers, Kévin Leclerc. Les employés touchés sont des techniciens vétérinaires et en soins animaliers, des naturalistes-interprètes, des mécaniciens ainsi que des membres du personnel administratif.

M. Leclerc revendique une meilleure adaptation de la période de probation pour les employés. « Ça m’a pris près de quatre ans pour devenir permanant. Présentement, on a des employés qui le deviennent en moins d’un an. Ce sont de très bons employés, mais ça fait en sorte qu’il y a une moins grande expertise au niveau des employés avec les animaux », explique-t-il en constatant qu’il perd du temps avec les animaux quand il fait de la formation.

Celui qui s’occupe des éléphants continue à leur donner des soins le matin et l’après-midi, puisque très peu de personnes ont la formation nécessaire pour s’en charger. « J’arrive à 7h30 avec ma collègue pour aller prendre soin des éléphants. Ensuite, je vais à la ligne de piquetage. Normalement, je retourne voir les animaux à 14h30. Je serai payé pour le temps que je fais », déclare Kévin Leclerc. Une entente entre le syndicat et l’employeur a permis cette pratique.

Répondre à la demande

Le milieu de l’éducation au Zoo de Granby est touché. « Récemment, on était 12 employés. Ce nombre a descendu à 9 et ce sera bientôt 8. On nous demande quand même d’en faire plus », déplore la naturaliste-interprète, Sarah-Claude Flibotte, qui souhaite une nouvelle augmentation des effectifs pour être en mesure d’offrir un meilleur service.

Elle affirme que son équipe n’arrive plus à répondre à la demande hors du zoo. Les Zoomobiles vont visiter des écoles pour offrir des ateliers. Ces activités éducatives sont suspendues durant le conflit de travail.

« J’invite Paul Gosselin à nous rendre visite sur la ligne de piquetage, nous sommes ici tous les matins pour accueillir tous les visiteurs dans la joie et la bonne humeur », lance Mme Flibotte au président-directeur général du Zoo de Granby.

Les familles sont touchées

De son côté, Brigitte Bélanger se désole de voir qu’une attraction touristique familiale prive les familles de ses employés d’un accès à ses parcs. Leurs laissez-passer sont refusés à l’entrée. « C’est inacceptable que l’employeur vienne toucher nos familles. Les enfants n’ont rien à voir dans le conflit, il mélange tout en ce moment », dit la naturaliste-interprète.

Elle constate aussi une hausse de la charge de travail. « Quand j’ai commencé ma carrière au zoo en 2008, je travaillais une fin de semaine sur quatre. L’employeur veut nous limiter à une seule fin de semaine complète de congé par mois durant tout l’hiver. Présentement, nous travaillons une fin de semaine sur trois », mentionne Mme Bélanger, qui croit que cela aura un important impact sur la conciliation travail-famille. De plus, l’employeur a coupé les assurances des salariés durant le conflit de travail.

Une nouvelle rencontre mercredi

Les négociations ont repris lundi entre les parties patronale et syndicale. « On a soumis 15 nouvelles dates de négociation à l’employeur, on lui suggère fortement d’accepter et de se présenter. Pour le reste, ça avance à pas de tortue comme toujours », affirme le président du syndicat du Zoo de Granby, Jonathan Roy, qui avait averti l’employeur en septembre dernier qu’il souhaitait une réécriture de la convention collective. Cette dernière a pris fin en décembre.

De son côté, le Zoo de Granby a soumis une offre globale aux 130 employés en conflit de travail le 22 juillet dernier. « On préfère continuer à négocier le normatif, parce qu’on est loin de parler du salarial. Je ne sais pas quand on va arriver là », ajoute M. Roy, qui confirme que certains employés se sont trouvé des emplois à temps partiel pour combler le manque à gagner.

La prochaine rencontre à la table de négociation est prévue mercredi. Le président du Conseil central des syndicats nationaux de l’Estrie-CSN, Denis Beaudin, a souligné que des avancées sont survenues au niveau du mouvement de main-d’œuvre et de la formation des employés.

« On souhaite un changement d’attitude de l’employeur mercredi, ajoute M. Beaudin. Plus ça avance, plus on se demande ce qu’on fait à la table de négociation si on ne peut pas vraiment négocier. »

Abraham Santerre.