Plaidoyer pour un toit décent pour tous

MUNICIPAL. La question du logement, de la densification et du développement résidentiel à Granby s’est retrouvée au coeur des discussions et des échanges, hier soir, lors de la séance de consultation en marge de l’élaboration de la première politique d’habitation de la Ville de Granby. Un constat est ressorti au terme de la rencontre: pour offrir un toit décent à tous, l’ensemble de la communauté devra être mise à contribution. 

Signe que le dossier du logement est de plus en plus une préoccupation pour bien des citoyens, pas moins de 70 participants ont pris part, jeudi soir, à l’exercice de réflexion à l’invitation de la Ville de Granby.

Réunis dans la salle du conseil, des résidents, des intervenants du milieu communautaire et de la santé et des représentants du secteur de la construction et de l’immobilier ont été invités par la firme BC2, responsable de l’animation de la soirée, à cogiter sur la situation de l’habitation durant un peu plus de 90 minutes. Répartis en sous-groupe, les participants avaient pour mandat de mettre sur papier leurs idées, leur vision et de réfléchir sur les enjeux et les pistes de solution afin d’établir les bases et les fondements de la politique qui orientera les activités résidentielles sur le territoire de la ville.

«Ce que vous allez nous donner aujourd’hui (12 octobre) comme idées et les échanges riches, qui vont avoir lieu, vont nous alimenter comme conseil municipal. N’hésitez pas à venir nommer les besoins et les enjeux», a déclaré la mairesse Julie Bourdon aux membres de l’auditoire.

Et visiblement, les participants à la soirée de consultation ont compris le message que leur a adressé la mairesse. À partir de la question Pour vous, l’habitation en 2030 à Granby, c’est…, ces derniers ont dressé une liste exhaustive de suggestions et de propositions: logement abordable, milieu de vie sain et inclusif, contrôle de la croissance immobilière, développement respectueux envers les actifs naturels, optimisation du bâti existant, diversification du type d’habitation (bigénérationnelle, mini-maisons, coopératives, etc.), maximisation des immeubles vacants, mise à jour régulière de l’inventaire immobilier, mise en place de leviers municipaux pour les promoteurs, offrir une voix aux locataires, réduction de la bureaucratie et bien d’autres.

Le rôle du centre-ville

Mais ce qui a retenu particulièrement l’attention durant dans les échanges, c’est le rôle que doit jouer le centre-ville alors que la ville fait face à un manque criant de logements. Des citoyens présents à la rencontre ont notamment soulevé l’idée de convertir des édifices «vides» en immeubles d’habitation pour lutter contre la pénurie de logements.

Comme il y fallait s’y attendre, les promoteurs immobiliers et les entrepreneurs ont été légèrement pointés du doigt pour l’explosion des coûts des loyers et des nouvelles propriétés. Ce quoi a bien voulu réagir une représentante de l’industrie de la construction présente dans la salle à la suite d’un commentaire émis par un participant. «L’aspect financier, c’est le nerf de la guerre. On veut tous avoir de la verdure, des maisons écoénergétiques, mais tout ça a un coût (…). Pour ceux qui ne le savent, c’est le promoteur qui assume les infrastructures (réseau d’égout, aqueduc, rue, trottoir, etc.) et bien évidemment la facture doit être refilée à quelqu’un malheureusement», a exprimé Hinda Sifoued, directrice générale de l’Association des professionnels de la construction et de l’habitation du Québec-région Haute-Yamaska (APCHQ). 

La porte-parole de l’APCHQ a par ailleurs endossé la proposition de rénover les habitations locatives déjà en place afin d’assurer leur pérennité à long terme. «Les logements vacants, il va falloir faire quelque chose avec ça. On parle beaucoup de développer, mais il y aussi ce qui est existant et qu’on va devoir rénover. Et là encore, il faut se poser la question: qui fait quoi et avec quels moyens? Et ça n’inclut pas uniquement les municipalités ou les entrepreneurs. Ça inclut également les fournisseurs, les institutions financières…c’est un travail collectif», a mentionné Mme Sifoued. 

Courtier immobilier dans la région de Granby depuis une quarantaine d’années, Pierre Bellefleur, s’est dit, de son côté, préoccupé par la flambée des prix des propriétés. Selon ses dires, les consommateurs devront revoir leurs attentes et leur comportement en cette période de surchauffe immobilière. «On a d’immenses maisons, on a d’immenses appartements et l’offre qu’on propose aux gens, c’est toujours gros. Les familles vont devoir être plus performantes (…). Le consommateur va devoir s’ajuster. Ta maison de 1800 pieds carrés, ça ne sera plus ça et ça va obliger le contracteur à s’adapter.»