Transport médical: la révolution Médurge
SANTÉ. Alors que Santé Québec cherche par tous les moyens à couper 1,5 milliard de dollars dans le réseau de la santé, une entreprise d’ici, Médurge Cardiovision, veut faire partie de la solution en proposant un service de transport médical beaucoup moins onéreux. La PME de Saint-Alphonse-de-Granby est d’ailleurs en train de gagner son pari avec sa révolution technologique à l’essai depuis un peu plus d’un an avec le CIUSSS de l’Estrie-CHUS.
Compressions budgétaires, effectif infirmier réduit, prolongation des délais d’intervention, pénurie de ressources. Chez Médurge Cardiovision, on croit avoir développé la solution efficiente pour optimiser les transports médicaux entre les établissements et les grands centres hospitaliers spécialisés. Avec le recours à la technologie, l’entreprise transporte des patients en attente de soins en cardiologie sans avoir à mobiliser des ambulanciers ni même une infirmière. Au cours du trajet, le chauffeur de Médurge (un paramédic retraité) attitré conduit le patient pendant que le suivi clinique se fait à distance sous l’oeil attentif d’une infirmière clinicienne basée dans les bureaux de la compagnie. Et tout est surveillé et enregistré dans une base de données.
«Le plus gros de notre tâche, c’est la gestion des patients à distance. C’est ce qu’on a créé chez Médurge. Nous, ce qu’on offre, c’est la télémétrie sur la route. On prend les patients en attente d’un traitement en hémodynamie, on les amène en cardiologie et on les ramène aux soins intensifs de leur centre d’appartenance le jour même», explique le président de Médurge Cardiovision, Pascal Lapointe.
Avec ce nouveau mode de transport médical 2.0, fini la mobilisation d’une infirmière, de paramédics et d’un véhicule ambulancier pour quelques heures. «Non seulement notre service fonctionne, mais les ambulances demeurent sur le territoire pour répondre aux urgences. Un patient, qui s’en va subir un examen en hémodynamie, n’a pas besoin d’une ambulance», soutient Catherine Callebert, infirmière clinicienne chez Médurge Cardiovision.
Fondée en 2022 par Pascal Lapointe, un ex-ambulancier, et Samuel Blais, un infirmier praticien spécialisé, Médurge Cardiovision compte aujourd’hui onze employés et dispose de deux véhicules adaptés pour les transports médicaux. En plus du transport médical, elle se spécialise aussi dans les évacuations bariatriques.
Plus de 1250 transports
Développé en 2023 en collaboration avec le CIUSSS de l’Estrie-CHUS, ce nouveau service de transport avant-gardiste semble répondre aux attentes. Selon des données transmises par la PME, plus de 1250 transports ont été effectués en 14 mois «générant des économies significatives allant jusqu’à 14 000 $ par nuitée évitée aux soins intensifs.» À cela s’ajoute la libération de 1000 ambulances «qui ont été remises en services pour intervenir en cas d’urgence et de pas moins de 1000 infirmières qui ont pu demeurer à leur poste respectif en établissement de santé.»
«On ne veut pas le détruire le réseau, on veut l’alléger. Santé Québec a coupé une tonne d’infirmières pour sauver des coûts, mais pendant ce temps-là, il y a encore plein d’infirmières, qui sont sur la route, qu’on pourrait retourner à l’hôpital», confie le président de Médurge, Pascal Lapointe.
M. Lapointe et son partenaire d’affaires, Samuel Blais, ne s’en cachent pas. Après l’Estrie, les deux entrepreneurs aimeraient bien exporter leur révolution technologique en transport médical ailleurs en province.
«Ceux qui nous restent à convaincre, c’est les gens de Santé Québec (…). Quand on nous dit qu’il manque des ambulances au Québec, ce n’est pas vrai. Le problème, c’est qu’on les utilise pour tout. Pourquoi font-elles des transferts de patients alors qu’une entreprise comme la nôtre pourrait le faire. Les ambulances, laissez-les sur les coins de rue pour répondre aux appels 911», juge M. Lapointe.