«Ça empoisonne le quartier»-Robert Choquette

MUNICIPAL. Luttant depuis une dizaine d’années contre les feux de camp, le Granbyen Robert Choquette revient à la charge avec une nouvelle proposition après avoir vu qu’aucune question sur le sujet ne se trouvait dans le sondage du Plan environnemental de la Ville de Granby. Il souhaite que les élus municipaux entendent son message et légifère cette pratique, qui est populaire auprès de bien des citoyens.

Robert Choquette n’est pas seul dans sa bataille. Une dizaine d’autres citoyens qu’il connaît partage aussi son point de vue,  mais «disons qu’ils sont un peu moins actifs que moi», reconnaît-il.

Au cours des dernières années, le citoyen du district 3 a demandé à plusieurs reprises au conseil municipal d’abolir le droit de faire des petits feux de camp sur le territoire de Granby, mais en vain. M. Choquette est récemment revenu à la charge, mais cette fois, avec une nouvelle proposition auprès de sa conseillère de quartier, Julie Bourdon et de la conseillère responsable du volet environnemental à la Ville de Granby, Catherine Baudin.

«J’ai proposé qu’on puisse faire des petits feux sur tout le territoire de la ville de Granby le vendredi ou le samedi, selon si c’est un chiffre pair au calendrier. Personne ne perd tout, c’est une formule qui est gagnante. Tout le monde met un peu du sien. J’ai eu comme retour que la Ville avait commandé un sondage Léger.»

Selon ce sondage, qui a été effectué auprès de 351 citoyens âgés de 18 ans et plus, l’interdiction de l’utilisation de foyers extérieurs a reçu l’appui de 20 % des citoyens contrairement à 72 % qui étaient en désaccord avec cette mesure. Dans une autre question, 85 % de la population a affirmé être en faveur d’une réglementation pour que les poêles à bois intérieurs respectent les recommandations en matière d’émission de particules.

«Il y a une incohérence, estime Robert Choquette. Les gens désirent avoir un bon poêle qui ne dégage pas de vapeurs nocives, mais ils souhaitent aussi faire des petits feux extérieurs avec aucune protection. Ils sont pour l’environnement, mais ne veulent pas faire d’actions.»

Même s’il aimerait qu’une réglementation s’applique partout dans la ville, M. Choquette indique que sa proposition serait un bon compromis, tout comme l’utilisation de petits poêles au gaz, qui selon lui, sont «une solution de rechange propre pour l’environnement.»

Robert Choquette n’a pas réalisé de petits feux de camp entre amis depuis l’âge de douze ans. «Ça fait plusieurs années que je suis contre ça parce que je connais des gens qui ont des problèmes de santé. Les petits feux aggravent leur situation et des fois, ils doivent aller à l’hôpital parce que ça crée une crise d’asthme. Si le feu vient de 12 maisons plus loin, tu vas le sentir. Ça empoisonne le quartier.»

«Le maire Pascal Bonin se vante tout le temps qu’on est la meilleure ville pour la qualité de l’air, mais on est 29e sur 39 au Québec. C’est un début de discussion que je veux essayer de faire. J’ai mis quelque chose sur la table et il faut commencer avec un début pour venir à une entente.»

Des effets néfastes bien présents

Robert Choquette souhaite que les petits feux de camp soient réglementés puisqu’ils ont des impacts néfastes sur la santé et l’environnement. Selon l’Association pulmonaire du Québec, la présence de feux de camp est problématique pour certaines personnes atteintes de problèmes pulmonaires.

«Du point de vue de l’environnement, il y a un danger, c’est un polluant, explique Marie-Ève Séguin, inhalothérapeute à l’Association pulmonaire du Québec. Il y a certaines substances qui sont plus nuisibles que d’autres lorsqu’on brûle un bois qui est traité, du plastique ou des choses comme ça. Il y a des produits toxiques qui sont envoyés dans l’air. Pour la santé, c’est prouvé que ça a des effets néfastes.»

Un simple contact avec la fumée peut aggraver chez certaines personnes leur santé. «Les gens atteints de maladies pulmonaires sont très vulnérables face à ce type de pollution, précise Mme Séguin. Certains, à cause du feu, ne peuvent pas sortir de chez eux.»

«[Les feux de camp] peuvent provoquer la diminution du système pulmonaire, le développement de l’asthme et mener à des troubles cardiaques. Les feux de camp libèrent des hydrocarbures qui peuvent causer certains types de cancer à travers le système immunitaire. Il y a un danger qui est là.»

La Ville réagit

La conseillère du district 3, Julie Bourdon, confirme qu’elle reçoit plusieurs commentaires de citoyens lorsqu’il y a la présence de feux de camp sur de petits terrains principalement. Elle confie d’ailleurs qu’elle prend en note de ce qui lui est demandé, notamment par M. Choquette.

«On est en train de travailler le Plan vert. J’aimerais ça, à tout le moins, qu’on regarde au niveau de la Ville afin de pouvoir peut-être restreindre les feux sur les petits terrains d’une certaine manière. J’aimerais qu’on favorise aussi l’utilisation de bûches écologiques pour diminuer la pollution environnementale. On entend cette préoccupation de certains citoyens.»

Parce que la majorité de la population, suite au sondage, a illustré son intérêt quant au maintien des petits feux de camp, la conseillère Catherine Baudin, responsable du volet environnemental à la Ville, indique qu’étant donné que  «la majorité des gens souhaitent conserver la liberté de faire des feux de camp à tout moment, je ne pense pas qu’on aille vers une interdiction.»

«À Granby, on a la chance d’être quand même assez étalé, commente Mme Baudin. C’est peut-être pour ça qu’il n’y a pas de réglementation qui a été mise en place pour l’interdiction ou la restriction des feux de bois mise à part une distance à respecter.»