Québec: La santé des moins nantis se dégrade plus rapidement

SANTÉ. Le taux de problèmes de santé modérés à sérieux a augmenté plus vite chez les Québécois à faible revenu que chez les mieux nantis de 2007 à 2014, indique une étude de l’Institut de la statistique du Québec (ISQ) publiée mardi.

Parmi les 20 % de la population gagnant le plus faible revenu, ce taux est passé de 21,8% à 28% de 2007 à 2014. À titre de comparaison, ce taux est passé de 8,6% à 10,6% parmi les 20% des citoyens les plus fortunés au cours de la même période.

De plus, les personnes moins fortunées ou ne détenant pas de diplôme d’études secondaires ont plus de problèmes de santé chronique, présentent de plus hauts taux de tabagisme, sont plus sédentaires et tendent à manger moins de fruits et de légumes que leurs concitoyens plus riches, conclut l’étude.

«Quand on regarde l’ensemble des 25 indicateurs [de santé examinés], les personnes à faible revenu ou avec un niveau de scolarité plus bas ont toujours des indicateurs moins bons», explique Katrina Joubert, auteure de l’étude.

Pour le chercheur à l’Institut de recherche et d’informations socio-économiques (IRIS) Philippe Hurteau, ces résultats démontrent les conséquences de coupes dans les services de première ligne, tels les CLSC, la prévention et les services à domicile, depuis 15 ans. «Quand on coupe dans ces soins-là, on dit souvent : “C’est pas grave, les gens vont pouvoir faire affaire au privé.” Évidemment, les gens plus défavorisés ne peuvent pas le faire, avance-t-il. Chez des gens fragilisés économiquement, il n’est donc pas surprenant de constater une diminution au niveau de leur santé.»

Il ajoute que la période examinée par l’ISQ correspond aussi à l’important ralentissement économique qui a débuté en 2008.

Au cabinet de la ministre responsable de la Santé publique, Lucie Charlebois, on a fait savoir qu’un des objectifs de la politique gouvernementale de prévention en santé est justement d’améliorer la qualité de vie dans les communautés. Le gouvernement devrait présenter un plan d’action à cet égard en 2017, a-t-on ajouté.

Moins de fumeurs
L’étude de l’ISQ permet de voir que le taux de tabagisme a baissé de façon «significative» au Québec depuis 2007.

Ce taux est passé de 19% à 15% dans l’ensemble de la population, et une diminution a été observée dans toutes les tranches de la société.