Granby: les «machines à boules» sont de retour

DIVERTISSEMENT. Les nostalgiques pourront, sous peu, replonger dans les années 1970 et 1980: si tout se déroule tel que prévu, une toute nouvelle arcade devrait ouvrir ses portes dès ce jeudi à Granby, rue Centre.

Le vaste local, vide depuis plusieurs années, est désormais meublé de machines à boules, de jeux vidéo et de tables de billard. Des jeux de dards, de bowling et de hockey sur coussin d’air ont aussi pris d’assaut les lieux; même un punching bag pourra être testé sur place.

Si les arcades traditionnelles ont littéralement été rayées de la mappe il y a une vingtaine d’années, le propriétaire d’Amusement Centre-ville, Luc Jean, entend bien ramener le jeu à la mode. «Vous allez voir, ça va se remplir. C’est attendu», lance celui qui a possédé, de 1984 à 1989, Clerco Amusement. «De nos jours, ça ne peut plus être populaire, parce qu’il n’y en a plus nulle pas. Si on remet des machines, ça va revenir en force», fait-il valoir. Celui-ci a d’ailleurs décroché, à 15 ans, son tout premier emploi chez Amusement Harold, à l’époque située rue du Parc.

Si la nouvelle attraction risque évidemment d’attirer bon nombre d’adolescents, l’endroit ne leur est pas entièrement consacré, précise le propriétaire. Ce dernier estime que de nombreux adultes fréquenteront l’arcade. D’ailleurs, un groupe de passionnés, dont il fait partie, n’attendait que l’occasion de renouer avec les arcades.  «Je n’ai pas d’attente précise, mais je sais que ça va faire boom», lance l’entrepreneur, qui travaille sur le projet depuis plusieurs mois. Au moment d’écrire ces lignes, il ne lui manquait plus qu’à officiellement recevoir le permis d’opération qui permettra à l’arcade d’accueillir ses premiers joueurs.

Une ligue de billard destinée aux personnes âgées du territoire est d’ailleurs prévue durant le jour et l’après-midi; les aînés seront invités à venir briser l’isolement en jouant sur place trois fois par semaine. Les baby-boomers, ceux que M. Jean surnomme «les nostalgiques», pourront quant à eux venir s’exercer dans le cadre d’une deuxième ligue leur étant dédiée, en soirée.

Amusement Centre-ville ouvrira sous peu ses portes au 18, rue Centre.

Une «zone sensible»

Les citoyens du secteur n’ont pas à s’inquiéter, plaide M. Jean, qui compte bien éviter les débordements; la consommation de drogue et d’alcool ne sera d’ailleurs pas tolérée sur place. «Ça va devenir un lieu de rassemblement, mais je ne garderai pas les jeunes qui vont flâner ici. Ils vont aller ailleurs s’ils veulent vendre du pot, je vous le promets», fait valoir celui qui n’a pas bu une seule goutte d’alcool depuis 22 ans. «Je pense que ça va être très bon pour le centre-ville», ajoute-t-il.

Tous ne sont toutefois pas de son avis: en séance régulière le 3 décembre dernier, deux conseillers municipaux, Jocelyn Dupuis et Jean-Luc Nappert, se sont opposés à une modification au règlement permettant d’opérer, dans le secteur, dix jeux électroniques au lieu de quatre.

«C’est une crainte que j’ai que ce soit localisé au centre-ville. […] C’est déjà un milieu fragile et sensible», a fait savoir M. Nappert, précisant qu’un rapport émis par le Service de police de Granby (SPG) fait état de certaines réticences. Le changement à la législation municipale a néanmoins été adopté à la majorité.

Le maire, Pascal Bonin, est  pour sa part d’avis que le nouvel attrait contribuera à attirer des gens au centre-ville et «qu’il ne faut pas avoir peur d’avoir peur». «Laissons les jeunes être des jeunes et laissons les gens avoir du plaisir. […] Quand on était jeunes, il y avait plein d’arcades dans la ville et personne n’est mort de ça», plaide-t-il, confiant que le propriétaire tiendra les lieux de façon adéquate. «Ce n’est pas à l’avantage de M. Jean que des gens intoxiqués bûchent sur ses machines», ajoute le premier magistrat.

Réparation, location et vente

Amusement Centre-ville se consacrera également, dès son ouverture, à la réparation et à la vente de machines à boules, une expertise peu répandue en province. «Je me suis entouré de gens passionnés qui connaissent ça, autant que moi et même plus que moi», explique M. Jean. Ces équipements sont destinés à monsieur et madame Tout-le-Monde ainsi qu’à leur utilisation personnelle.

Si le service en est un assez pointu, admet l’homme d’affaires, ce dernier demeure convaincu qu’il répondra à une certaine demande. «Une maison sur 1000 a une machine à boules qui traîne dans sa cave», calcule-t-il. Les activités ne se limiteront pas au territoire de Granby, mais profiteront à l’ensemble des Québécois, renchérit le spécialiste.

Lors du passage du GranbyExpress, une Captain Fantastic Elton John trônait d’ailleurs dans l’arrière-boutique, un équipement  datant de 1976 dont le prix peut s’élever jusqu’à 10 000 $.

M. Jean souhaite également «remettre sur la route» des machines en procédant à leur location, que soit dans les bars ou sur les terrains de camping. Comme il n’y a plus, de nos jours, que cinq ou six opérateurs actifs en province, il croit que son projet revêt un potentiel  d’affaires plus qu’intéressant.
Amusement Centre-Ville est située tout juste à côté du terminus d’autobus, au 18 rue Centre.