Afghanistan: un an de pouvoir des talibans depuis la prise de Kaboul

KABOUL — Les talibans ont marqué lundi un an de leur retour pouvoir depuis qu’ils se sont emparés de Kaboul, la capitale afghane. Cette prise de contrôle rapide a déclenché un départ précipité des dirigeants du pays soutenus par l’Occident, a amené l’économie en chute libre et a fondamentalement transformé le pays.

Des combattants talibans barbus, certains brandissant des fusils ou les bannières blanches de leur mouvement, ont organisé de petits défilés de la victoire à pied, à vélo et à moto dans les rues de la capitale. Un petit groupe a défilé devant l’ancienne ambassade des États-Unis en scandant «Longue vie à l’islam» et «Mort à l’Amérique».

Un an après cette journée dramatique, beaucoup de choses ont changé en Afghanistan. Les anciens insurgés luttent pour gouverner et restent isolés internationalement. Le ralentissement économique a plongé des millions d’autres Afghans dans la pauvreté et même la faim, alors que le flux d’aide étrangère s’est réduit significativement.

Pendant ce temps, les partisans de la ligne dure semblent dominer le gouvernement dirigé par les talibans, qui a imposé de sévères restrictions à l’accès à l’éducation et à l’emploi pour les filles et les femmes, malgré les promesses initiales contraires. Un an plus tard, les adolescentes sont toujours interdites d’école et les femmes sont tenues de se couvrir de la tête aux pieds en public, seuls les yeux sont visibles.

Certains essaient de trouver des moyens d’empêcher l’éducation de stagner pour une génération de jeunes femmes et des écoles clandestines dans les foyers ont vu le jour.

Il y a un an, des milliers d’Afghans s’étaient précipités à l’aéroport international de Kaboul pour fuir les talibans au milieu du retrait chaotique de l’armée des États-Unis de la capitale après 20 ans de guerre — le plus long conflit américain.

Certains vols ont repris relativement rapidement après ces jours chaotiques. Lundi, une poignée de vols commerciaux devaient atterrir et décoller d’une piste qui, l’été dernier, a vu des hommes afghans accrochés aux roues des avions s’envolant, certains chutant mortellement.

Les cours d’école étaient vides lundi alors que les talibans annonçaient un jour férié pour marquer cette journée, qu’ils appellent «la fière journée du 15 août» et le «premier anniversaire du retour au pouvoir».

«La confiance en Dieu et le soutien du peuple ont apporté cette grande victoire et la liberté au pays», a écrit Abdul Wahid Rayan, le chef de l’agence de presse talibane Bakhtar. «Aujourd’hui, le 15 août, marque la victoire de l’Émirat islamique d’Afghanistan contre l’occupation américaine et alliée de l’Afghanistan.»

Lors d’un rassemblement pour marquer l’anniversaire, le vice-premier ministre taliban, Abdul Salam Hanafi, a adressé ses félicitations à «la nation entière le jour de la conquête de Kaboul, qui a marqué le début de la fin complète de l’occupation».

Dans des propos diffusés en direct par la radio et la télévision d’État, il s’est vanté de ce qu’il a qualifié de «grandes réalisations» sous les talibans, telles que la fin présumée de la corruption, l’amélioration de la sécurité et l’interdiction de la culture du pavot.

À la veille de l’anniversaire, l’ancien président afghan, Ashraf Ghani, a défendu ce qu’il a qualifié de décision de fuir en une fraction de seconde, affirmant qu’il voulait éviter l’humiliation de se rendre aux insurgés. Il a déclaré à CNN que le matin du 15 août 2021, avec les talibans aux portes de Kaboul, il était le dernier au palais présidentiel après la disparition de ses gardes.

Tomas Niklasson, l’envoyé spécial de l’Union européenne en Afghanistan, a déclaré que le bloc des nations restait attaché au peuple afghan et à «la stabilité, la prospérité et la paix durable en Afghanistan et dans la région».

«Cela nécessitera un processus politique inclusif avec une participation pleine, égale et significative de tous les hommes et femmes afghans et le respect des droits de l’homme», a écrit M. Niklasson.

La ministre allemande des Affaires étrangères, Annalena Baerbock, a déclaré qu’une responsabilité internationale envers l’Afghanistan demeure après le retrait de l’OTAN.

«Un régime qui bafoue les droits de l’homme ne peut en aucun cas être reconnu, a-t-elle affirmé dans un communiqué. Mais nous ne devons pas oublier le peuple afghan, même un an après la prise du pouvoir par les talibans.»