Après d’importantes pannes, Porto Rico assermente sa nouvelle gouverneure

Jenniffer González Colón a prêté serment jeudi en tant que nouvelle gouverneure de Porto Rico lors d’une cérémonie, qui s’est tenue dans un contexte de colère généralisée à la suite de la panne d’électricité qui a frappé le territoire américain il y a quelques jours.

Mme González, une républicaine qui soutient le président élu Donald Trump et dont le Nouveau Parti progressiste a obtenu un troisième mandat consécutif après avoir remporté l’élection du 5 novembre, s’est engagée à stabiliser le réseau électrique en ruine de l’île des Caraïbes. Le Nouveau Parti progressiste cherche à faire de Porto Rico un État américain à part entière, plutôt qu’un territoire.

Elle s’est aussi engagée à améliorer les infrastructures, les hôpitaux et les écoles de Porto Rico, ajoutant qu’elle avait l’intention de renforcer l’éducation bilingue.

Avant le début d’une cérémonie pour célébrer sa prestation de serment, Mme González a assisté à la messe entourée de sa famille et de ses partisans.

«Quoi de mieux que de venir d’abord remercier Dieu et de lui demander de me donner la sagesse, la force et les outils pour accomplir tout ce que j’ai promis au peuple de Porto Rico», a-t-elle déclaré aux journalistes.

Une manifestante au visage couvert a interrompu la cérémonie à la paroisse Santa Teresita de San Juan. Elle a crié : «Jennifer, nous sommes venus pour toi! Puerto est sans électricité».

Pendant ce temps, un petit groupe de manifestants s’est rassemblé au Capitole. Ils étaient particulièrement irrités par le fait qu’un militant bien connu ayant été élu au Sénat de Porto Rico pour la première fois n’ait pas été autorisé à entrer dans le Capitole. La commission électorale a noté qu’il n’avait pas encore été officiellement certifié.

Des temps difficiles sur l’île

Yara Humarán Martínez, une physiothérapeute dont la mère de 83 ans n’a toujours pas d’électricité, faisait partie des manifestantes.

«Je n’ai aucun espoir qu’elle change quoi que ce soit», a-t-elle déclaré.

Mme González a promis de nommer un «tsar» de l’énergie pour examiner les éventuelles violations contractuelles alors qu’un autre opérateur est recherché pour éventuellement remplacer Luma Energy, une entreprise privée qui supervise la transmission et la distribution d’électricité à Porto Rico.

Aucun contrat ne peut cependant être annulé sans l’approbation préalable du Bureau de l’énergie de Porto Rico et du conseil de contrôle fédéral qui supervise les finances de l’île.

Des coupures de courant étaient encore signalées jeudi alors que les équipes tentaient de stabiliser le réseau après la panne qui a eu lieu tôt mardi, laissant 1,3 million de clients dans le noir pendant que les Portoricains se préparaient pour le réveillon du Nouvel An.

Alors que l’électricité avait été rétablie pour 99 % des 1,47 million de clients totaux de l’entreprise, plus de 600 000 d’entre eux se sont retrouvés temporairement sans électricité le jour de l’An lorsqu’une partie du système s’est à nouveau effondrée, indique Luma Energy.

Mme González a battu l’ancien gouverneur Pedro Pierluisi lors des primaires de son parti en juin.

À ce moment, elle était la représentante de Porto Rico au Congrès et s’était présentée sous la bannière de M. Pierluisi il y a quatre ans.

Après l’avoir battu, elle a remporté les élections générales du 5 novembre avec plus de 526 000 voix, soit 41 %. Derrière elle se trouvait Juan Dalmau, qui représentait le Parti de l’indépendance de Porto Rico et le Mouvement pour la victoire citoyenne.

C’était la première fois que le Parti démocratique populaire, qui soutient le statu quo territorial de l’île, arrivait troisième dans une course au poste de gouverneur.

Si le défi immédiat de Mme González est le réseau électrique de Porto Rico, elle hérite également d’une économie fragile qui se renforce lentement depuis que le gouvernement du territoire américain a déclaré en 2015 qu’il était incapable de payer sa dette publique de plus de 70 milliards $ US.

En 2017, le territoire a déposé le bilan de la plus grande faillite municipale américaine de l’histoire.

Depuis, toutes les agences gouvernementales, à l’exception d’une seule, ont restructuré leur dette. L’Autorité de l’énergie électrique de Porto Rico a encore du mal à le faire; elle doit plus de 9 milliards $ US de dette, soit la plus importante de toutes les agences gouvernementales.

Les experts préviennent que l’île continuera d’avoir de la difficulté à attirer les investisseurs tant que la dette ne sera pas restructurée et le réseau électrique renforcé.

Mme González doit également faire face à des pressions pour créer des logements abordables, réduire les factures d’électricité ainsi que le coût de la vie, réduire la criminalité violente, stimuler l’économie de Porto Rico – l’île étant exclue des marchés financiers depuis 2015 – et améliorer un système de santé boiteux alors que des milliers de médecins quittent pour le continent américain.

Devenir le 51e État

Comme les anciens gouverneurs de son parti, Mme González a déclaré qu’elle ferait pression pour que Porto Rico devienne le 51e État, mais un tel changement nécessiterait l’approbation du Congrès américain et du président.

Un référendum non contraignant organisé lors de l’élection du 5 novembre, le septième du genre, a demandé aux électeurs de choisir l’une des trois options suivantes: le statut d’État, l’indépendance et l’indépendance avec libre association, dans le cadre de laquelle les questions des affaires étrangères, de la citoyenneté américaine et de l’utilisation du dollar américain seraient négociées.

Avec 63 % des électeurs participants, le statut d’État a recueilli plus de 615 000 voix, soit 59 %, l’indépendance venant en deuxième position pour la première fois avec plus de 309 000 voix, soit 29 %. L’indépendance avec libre association a recueilli plus de 128 000 voix, soit 12 %.

Bien que les Portoricains soient citoyens américains, ils ne sont pas autorisés à voter aux élections présidentielles et les responsables du Nouveau Parti progressiste ont affirmé que l’île était traitée de manière inégale en ce qui concerne Medicaid, Medicare et d’autres programmes fédéraux.

«Le statut d’État signifie l’égalité, et je veux que nous ayons accès à cet accès aux opportunités, a déclaré Mme González. Je veux que ces opportunités soient offertes ici pour que notre peuple puisse aller de l’avant.»