Le monde est à un «malentendu» de l’anéantissement nucléaire, dit le chef de l’ONU

TANZANIA, Tanzanie — Le chef des Nations unies a averti lundi que «l’humanité n’est qu’à un malentendu, qu’une erreur de calcul, de l’anéantissement nucléaire», citant la guerre en Ukraine, les menaces nucléaires en Asie et au Moyen-Orient et de nombreux autres facteurs.

Le secrétaire général de l’ONU, AntónioGuterres, a lancé ce terrible avertissement à l’ouverture de la réunion de haut niveau, longtemps retardée, qui doit examiner le traité historique vieux de 50 ans visant à empêcher la propagation des armes nucléaires, et à terme, à parvenir à un monde sans armes nucléaires.

Le danger de l’augmentation des menaces nucléaires et d’une catastrophe nucléaire a également été soulevé par les États-Unis, le Japon, l’Allemagne, le chef des affaires nucléaires de l’ONU et de nombreux autres orateurs lors de la réunion visant à examiner les progrès et à convenir des futures étapes de la mise en œuvre du Traité de non-prolifération nucléaire, connu sous le nom de TNP.

Le secrétaire d’État américain Antony Blinken a déclaré que la Corée du Nord se préparait à effectuer son septième essai nucléaire, que l’Iran «n’a pas voulu ou n’a pas pu» accepter de revenir à l’accord nucléaire de 2015 visant à limiter son programme nucléaire et que la Russie s’est livrée «de manière imprudente et dangereuse» à une démonstration de sa force nucléaire en Ukraine.

Il a cité l’avertissement du président russe Vladimir Poutine après son invasion du 24 février selon lequel toute tentative d’ingérence entraînerait des «conséquences que vous n’avez jamais vues», soulignant que son pays est «l’une de plus grandes puissances nucléaires».

Ceci est contraire aux assurances données à l’Ukraine de sa souveraineté et de son indépendance lorsqu’elle a renoncé à ses armes nucléaires de l’ère soviétique en 1994, a expliqué M. Blinken, et envoie «le pire message possible» à tout pays pensant qu’il a besoin d’armes nucléaires pour se défendre et dissuader toute agression.

La Russie s’est emparée de la plus grande centrale nucléaire d’Europe à Zaporizhzhya et l’utilise comme base militaire pour tirer sur les Ukrainiens, «sachant qu’ils ne peuvent pas et ne riposteront pas, car ils pourraient accidentellement heurter un réacteur nucléaire ou des déchets hautement radioactifs entreposés», a récemment fait savoir M. Blinken. 

António Guterres a déclaré à de nombreux ministres, responsables et diplomates réunis dans la salle de l’Assemblée générale où se tient la conférence d’examen d’un mois que nous étions «à un moment de danger nucléaire jamais vu depuis le plus fort de la guerre froide».

Mesures à prendre 

La conférence est «l’occasion de définir les mesures qui permettront d’éviter certaines catastrophes et de mettre l’humanité sur une nouvelle voie vers un monde sans armes nucléaires», a déclaré le secrétaire général.

M. Guterres a averti que «les armes géopolitiques atteignent de nouveaux sommets», près de 13 000 armes nucléaires sont dans des arsenaux à travers le monde, et les pays en quête de «fausse sécurité» dépensent des centaines de milliards de dollars en «armes apocalyptiques».

António Guterres a appelé les participants à la conférence à prendre plusieurs mesures : renforcer et réaffirmer de toute urgence «la norme de 77 ans contre l’utilisation des armes nucléaires», travailler sans relâche à l’élimination des armes nucléaires avec de nouveaux engagements pour réduire les arsenaux, s’attaquer aux «tensions latentes dans le Moyen-Orient et Asie» et promouvoir l’utilisation pacifique de la technologie nucléaire.

Le premier ministre japonais Fumio Kishida a rappelé que la première bombe atomique a été larguée en août 1945 sur sa ville natale d’Hiroshima. Il a fait écho à de nombreux points de M. Guterres disant que le chemin vers un monde sans armes nucléaires est devenu plus difficile, mais «abandonner n’est pas une option».

En vigueur depuis 1970, le TNP est le traité qui a le plus d’adhésions parmi tous les accords de contrôle des armements, avec quelque 191 pays membres.

En vertu de ces dispositions, les cinq puissances nucléaires d’origine – les États-Unis, la Chine, la Russie (alors l’Union soviétique), la Grande-Bretagne et la France – ont convenu de négocier en vue d’éliminer un jour leurs arsenaux et les nations sans armes nucléaires ont promis de ne pas les acquérir en échange de la garantie de pouvoir développer l’énergie nucléaire à des fins pacifiques.

L’Inde et le Pakistan, qui n’ont pas adhéré au TNP, ont la bombe dans leur arsenal. Il en est de même pour la Corée du Nord, qui a ratifié le pacte, mais a annoncé plus tard qu’elle se retirait. L’Israël, qui est non signataire, est soupçonné d’avoir un arsenal nucléaire, mais ne le confirme pas et ne le nie pas. 

La réunion, qui se termine le 26 août, vise à générer un consensus sur les prochaines étapes, mais les attentes sont faibles pour un accord substantiel – le cas échéant.