Les changements climatiques et le secteur agricole menacent les insectes

Les changements climatiques et la perte d’habitat provoquée par le secteur agricole malmènent les populations mondiales d’insectes, chaque problème aggravant l’autre, prévient une nouvelle étude.

Si les insectes peuvent parfois être embêtants, ils sont aussi essentiels à la pollinisation des plantes et à la fertilisation des sols. Certains sont aussi d’une beauté à couper le souffle.

Les scientifiques notent toutefois un effondrement important aussi bien du nombre total d’insectes que de la diversité des espèces. Les insecticides et la pollution lumineuse sont également pointés du doigt.

Les gigantesques monocultures qui envahissent l’habitat des insectes et leur offrent moins de nourriture sont problématiques pour eux, tout comme le réchauffement planétaire. 

Une nouvelle étude publiée cette semaine dans la prestigieuse revue scientifique Nature s’appuie sur 750 000 échantillons provenant de 18 000 espèces. Elle démontre que l’interaction entre la perte d’habitat et les changements climatiques frappe de plein fouet les populations d’insectes.

Là où les populations d’insectes ont plongé, les chercheurs ont constaté dans environ la moitié des cas que les changements climatiques et la perte d’habitat s’amplifiaient mutuellement. Dans plus du quart des cas de perte de biodiversité, ce qui signifie moins d’espèces, la même dynamique était à l’œuvre.

«Nous savons que les insectes sont menacés. On comprend maintenant beaucoup mieux comment et par qui», a dit l’auteure de l’étude, l’écologiste Charlotte Outhwaite, du University College of London.

«Dans ce cas, la perte d’habitat et le changement climatique peuvent souvent être pires que s’ils agissaient seuls, puisqu’un peut aggraver l’impact de l’autre et vice versa, a-t-elle ajouté. Nous n’obtenons pas un portrait complet si nous examinons ces choses individuellement.»

Par exemple, la monoculture réduit souvent la couverture par les arbres, augmentant la température dans un endroit donné. À cela s’ajoute le réchauffement climatique, a dit Mme  Outhwaite. Les insectes qui doivent échapper à la chaleur ou qui essaient de migrer vers le nord pour trouver du temps plus frais pourront rencontrer des problèmes si leur habitat est occupé par de gigantesques fermes.

Cela est surtout problématique dans des pays comme l’Indonésie et le Brésil, où les forêts sont décimées et où la température augmente davantage qu’ailleurs dans le monde, a prévenu Mme Outhwaite.

C’est très difficile pour le très agaçant moucheron.

«Le cacao est principalement pollinisé par le moucheron et les gens n’aiment pas les moucherons. Ce sont les petites pestes qui vous piquent et vous ennuient pendant vos pique-niques, a dit Mme Outhwaite. Mais si vous aimez le chocolat, vous devriez les apprécier parce que sans eux, nous aurions beaucoup moins de cacao.»

On peut dire la même chose des abeilles, qui sont lourdement affectées par le réchauffement planétaire et la monoculture, a-t-elle souligné.

Les insectes pollinisateurs sont responsables d’environ le tiers de l’alimentation humaine, selon le département de l’Agriculture des États-Unis. Et environ 40 % des pollinisateurs invertébrés, comme les abeilles et les papillons, sont menacés d’extinction, selon un rapport des Nations unies paru en 2016.

Cette étude est importante parce qu’elle est la première à expliquer comment, ensemble, les changements climatiques et l’agriculture industrielle nuisent aux insectes, dit David Wagner, un entomologiste de l’Université du Connecticut qui n’a pas participé aux travaux.

Ses résultats sont d’autant plus crédibles que les chercheurs ont examiné différentes espèces et des échantillons provenant de partout dans le monde, a-t-il ajouté.