Les États-Unis abattent le ballon chinois et récupèrent les débris

WASHINGTON — Une opération était en cours samedi après-midi dans les eaux territoriales américaines de l’océan Atlantique pour récupérer les débris d’un ballon chinois soupçonné d’espionnage.

Le ballon, gros comme trois autobus et volant à environ 18 000 mètres d’altitude, a été abattu par un avion de chasse de l’Air Force, selon deux responsables qui n’étaient pas autorisés à discuter publiquement de la question et ont parlé sous couvert d’anonymat.

La Garde côtière a conseillé aux bateaux de quitter immédiatement la zone en raison d’opérations militaires américaines «qui présentent un danger important» et l’agence responsable de l’aviation a fermé l’espace aérien.

Des images télévisées ont montré une petite explosion, suivie de la chute du ballon vers l’eau. Des jets militaires américains ont été aperçus dans les environs et des navires ont été déployés sur l’eau pour l’opération de récupération.

Les responsables cherchaient à synchroniser les différentes parties l’opération afin de pouvoir récupérer autant de débris que possible avant qu’ils ne s’enfoncent dans l’océan. Le Pentagone avait précédemment estimé que ces débris pourraient se disperser sur un large périmètre.

La Chine a répondu qu’elle se réservait le droit de «prendre d’autres mesures» et a critiqué les États-Unis pour «une réaction excessive évidente et une grave violation de la pratique internationale».

Dans sa déclaration de dimanche, le ministère chinois des Affaires étrangères a déclaré que «la Chine défendra résolument les droits et intérêts légitimes de l’entreprise concernée, tout en se réservant le droit de prendre d’autres mesures en réponse».

Le ballon a été repéré samedi matin au-dessus des Carolines alors qu’il s’approchait de la côte. Il a aussi volé au-dessus du Montana, qui abrite l’un des trois entrepôts de silos de missiles nucléaires américains.

M. Biden avait d’abord souhaité abattre le ballon au-dessus de la terre, lorsqu’il en a été informé pour la première fois, mardi. Des responsables du Pentagone le lui ont toutefois déconseillé, avertissant que les risques pour les personnes se situant en dessous étaient plus importants que les gains potentiels de renseignements au sujet de la Chine.

La Chine a minimisé l’annulation d’une visite du secrétaire d’État américain Antony Blinken après que la découverte du ballon, soupçonné de surveiller des sites militaires américains, a troublé les relations diplomatiques entre les deux pays, affirmant qu’aucune des parties n’avait officiellement annoncé un tel plan.

«En réalité, les États-Unis et la Chine n’ont jamais annoncé de visite, si les États-Unis font une telle annonce, cela les concerne, et nous respectons cela», a déclaré le ministère chinois des Affaires étrangères dans un communiqué samedi matin.

M. Blinken devait se rendre à Pékin dimanche pour réduire les tensions américano-chinoises. Le voyage était très médiatisé, après la rencontre des dirigeants des pays en novembre dernier en Indonésie. Mais les États-Unis ont brusquement annulé l’événement après la découverte du ballon, malgré les assurances de la Chine selon lesquelles il s’agit simplement d’un appareil de recherche météorologique qui a dévié de son trajet.

M. Blinken a dit avoir déclaré au haut diplomate chinois Wang Yi lors d’un appel téléphonique que l’envoi du ballon au-dessus des États-Unis était «un acte irresponsable et que la décision de prendre cette mesure la veille de ma visite est préjudiciable aux discussions importantes que nous étions prêts à avoir».

Le Pentagone a rejeté l’affirmation de la Chine selon laquelle le ballon n’est pas utilisé pour la surveillance et n’a qu’une capacité de navigation limitée.

L’armée américaine a également fait état d’un deuxième ballon survolant l’Amérique latine. «Nous estimons maintenant qu’il s’agit d’un autre ballon de surveillance chinois», a déclaré dans un communiqué le brigadier-général Pat Ryder, attaché de presse du Pentagone.

Le ministère chinois des Affaires étrangères n’a pas immédiatement répondu à une question sur le deuxième ballon.

Samedi, le ministère chinois des Affaires étrangères a de nouveau souligné que le trajet du ballon était hors de son contrôle et a exhorté les États-Unis à ne pas le «diffamer».

Des réactions non censurées sur l’internet chinois ont reflété la position officielle du gouvernement selon laquelle les États-Unis exagéraient la situation. Certains en ont profité pour se moquer des défenses américaines, disant qu’ils ne pouvaient même pas se défendre contre un ballon.