«The Last of Us» populaire au-delà des amateurs du jeu vidéo

LOS ANGELES — «Joel et Ellie, liés par la dureté du monde dans lequel ils vivent, sont contraints d’endurer des situations extrêmes et des tueurs impitoyables lors d’un périple à travers une Amérique postapocalyptique.»

En lisant ce synopsis de la série américaine «The Last of Us», toute personne qui n’est pas familière avec le jeu vidéo duquel la série tire sa trame narrative pourrait s’attendre à voir encore une autre série sur les zombies, dans laquelle l’action et le sang ne manquent pas.

Mais grâce à ses personnages et son scénario, la série a surpassé les attentes et reçoit des éloges de toutes parts. La première saison, qui s’est conclue dimanche, a été très bien accueillie par la communauté du jeu vidéo, mais aussi par le grand public.

Le premier épisode de la série diffusée sur HBO, aux États-Unis, a notamment été vu par 4,7 millions de téléspectateurs, selon les chiffres fournis par la chaîne et la firme Nielsen.

«Personne n’avait prévu ça, à quel point la réaction du public serait positive et que la série serait populaire», reconnaît Neil Druckmann, qui est le créateur du jeu vidéo qui a fait fureur sur la Playstation 3 il y a plus de 10 ans.

«Et de voir comment les gens connectent avec les personnages, d’entendre leur interprétation de l’histoire et ce qu’ils aiment et n’aiment pas, ça me fascine vraiment», ajoute celui qui est aussi cocréateur, scénariste et producteur exécutif pour la série télé.

Pas juste des zombies

Bien sûr, la série se déroule dans un monde postapocalyptique, mais les Infectés — comme se nomment les antagonistes dans l’histoire — ne sont pas les seuls à rendre la vie difficile aux personnages principaux. La série aborde aussi des sujets qui viennent toucher les téléspectateurs, comme le passage du temps, le deuil, l’espoir et la parentalité.

L’intrigue émotionnelle et les personnages complexes ont donc trouvé un écho en dehors des amateurs des genres traditionnels dans lesquels la série s’inscrit.

«J’ai un peu peur des trucs d’horreur, de zombies et ainsi de suite. Normalement, je ne regarderais pas ce genre d’émission», souligne Victoria Jin, une étudiante en droit de 24 ans.

Mais même si elle n’a jamais joué au jeu vidéo, elle a commencé à regarder la série avec des amis. Une fois rendue au troisième épisode, qui explore la relation entre le survivaliste Bill (Nick Offerman) et son partenaire Frank (Murray Bartlett), elle était réellement accrochée.

«C’est tout le drame, le chagrin… il y a des émotions et des relations humaines. C’est vraiment ce qui a captivé mon attention», explique l’étudiante.

Les performances des acteurs ne sont pas passées inaperçues auprès des amateurs, qui parient déjà sur des nominations aux Emmy pour Pedro Pascal, qui joue Joel, et Bella Ramsey, qui joue Ellie.

Un genre en vogue

Les adaptations de jeux vidéo font tourner les têtes à Hollywood. Netflix a eu du succès avec ses propres adaptations «Arcane», adaptée du jeu en ligne «League of Legends», et «Castlevania», adaptée d’une série de jeux vidéo d’action-aventure d’horreur gothique du même nom.

Cependant, il n’est pas aussi simple qu’il le paraît de créer une adaptation réussie d’un jeu populaire.

Contrairement à d’autres adaptations, «The Last of Us» avait toutefois une arme en réserve: les créateurs du jeu ont joué un rôle important dans la création et le développement de la série télé.

Même à l’écran, Troy Baker et Ashley Johnson, qui prêtaient leurs voix à Joel et Ellie dans le jeu, ont été recrutés pour jouer d’autres personnages dans la série.

Selon Neil Druckmann, son partenariat avec son fidèle acolyte Craig Mazin y est aussi pour beaucoup pour expliquer le succès de l’adaptation.

«Il a joué (au jeu) plusieurs fois et il a pris le temps de réfléchir aux personnages et à leurs relations. Tout ça a clairement eu un impact profond sur lui», note-t-il.

Toutefois, même si Hollywood se tourne de plus en plus vers les jeux vidéo, Neil Druckmann souligne que l’amour et le travail acharné qui entrent dans la conception d’un jeu vidéo devraient toujours être la priorité de ses créateurs.

«L’amour pour les jeux vidéo, c’est primordial, rappelle-t-il. Ce qui me passionne, c’est qu’on essaye toujours de faire quelque chose de nouveau, car une histoire de jeu vidéo peut explorer des horizons beaucoup plus larges que tout autre média.»

Au Québec, la série est diffusée sur Super Écran et disponible en ligne sur la plateforme Crave.