Climat: point de presse chaotique du ministre Benoit Charette

MONTRÉAL — Un point de presse du ministre de l’Environnement sortant Benoit Charette s’est déroulé de façon chaotique, vendredi, alors que le candidat s’apprêtait à participer à une manifestation sur les changements climatiques à Montréal.

Accompagné de quelques ministres sortants et candidats, dont Pierre Fitzgibbon et Chantale Rouleau, Benoit Charette s’est fait insulter et a été abruptement interrompu par des manifestants, dont certains organisateurs de la manifestation.

Le caquiste vantait le bilan environnemental de son parti lors d’un point de presse au parc Jeanne-Mance, vers 12h15, lorsqu’une foule agitée a commencé à l’invectiver et le critiquer.

«Engagez-vous ou décalicez», «vous n’êtes pas les bienvenus», «dehors la CAQ», ont scandé plusieurs manifestants. 

Questionné à savoir s’il comptait toujours participer à la manifestation malgré le tumulte, le ministre sortant a répondu «oui bien sûr», en mentionnant qu’il avait assisté à plusieurs marches depuis 2019. 

Une forte présence policière entourait les politiciens qui se sont alors dirigés près du Monument à George-Étienne Cartier situé dans le Parc du Mont-Royal. 

Les insultes et les cris des manifestants se sont amplifiés et les politiciens caquistes ont quitté les lieux vers 13h20.

Plusieurs manifestants ont alors scandé «na na na na, hey, hey, goodbye».

Les organisateurs avaient prévenu les politiciens

Les organisateurs de la manifestation avaient pourtant averti les politiciens que ceux qui ne partagent pas les revendications climatiques de la coalition qui manifestait vendredi à Montréal ne devraient pas se présenter à la marche.  

«Si ces politiciens ne partagent pas nos revendications, non, ils ne sont pas les bienvenus», a indiqué François Geoffroy, porte-parole des Travailleurs et travailleuses pour la justice climatique, qui fait partie de la coalition, lors d’un point de presse vendredi matin.

«Quand on participe à une manifestation, habituellement, c’est qu’on appuie les revendications», a renchéri Véronique Laflamme, porte-parole du FRAPRU et membre de la coalition.

La coalition de syndicats, d’associations étudiantes et de groupes communautaires demande notamment la «sortie complète du pétrole et du gaz d’ici 2030».

«La première revendication, c’est une sortie complète des énergies fossiles, autant en termes de production que de consommation d’ici 2030, donc c’est une revendication radicale qui suppose des transformations en profondeur de notre société. Mais c’est le discours qu’on veut mettre de l’avant, parce que malheureusement, ça fait 30 ans qu’on traîne la patte au niveau de la transformation de nos sociétés et là on est en train de se confronter à un mur», a indiqué François Geoffroy, en précisant que cette revendication implique de ne plus utiliser de véhicules à essence d’ici 2030.

Marcher à la queue en signe d’humilité

Dans un courriel transmis à La Presse Canadienne jeudi soir, Marie-Josée Parent, responsable des relations avec les médias pour la coalition, avait indiqué avant la manifestation: «Nous demandons aux chefs (de parti) qu’ils ne viennent marcher que s’ils endossent nos revendications. Il leur sera aussi demandé de marcher à la queue de la manifestation en signe d’humilité face à l’ampleur de cette crise qui doit aller au-delà de la partisanerie.»

Gabriel Nadeau-Dubois, Manon Massé et plusieurs militants qui agitaient des drapeaux de Québec solidaire étaient présents à la marche. 

À propos du traitement que les manifestants et les organisateurs avaient réservé aux candidats de la Coalition avenir Québec, le co-porte-parole de Québec solidaire a indiqué ceci: «S’ils gouvernent le Québec pendant quatre ans et ce qu’ils font, c’est principalement défendre le troisième lien, je pense que c’est normal que les jeunes qui s’inquiètent pour l’avenir ne soient pas très contents de les voir dans leur manifestation».

«Nous, on est en fin de cortège parce que tout le monde nous jase, il y a plein de solidaires dans cette marche-là», a fait savoir Manon Massé.

Plus tard en après-midi, M. Nadeau-Dubois est revenu sur le comportement de certains manifestants à l’égard du ministre sortant de l’Environnement, Benoit Charette, et d’autres candidats de la CAQ.

«Moi ce que j’ai vu cet après-midi, c’est des jeunes de 13, 14, 15, 16  ans, scander des slogans pour exprimer leur désaccord envers un parti politique, la CAQ. Ça s’est fait pacifiquement, ça s’est fait oralement. Je pense que dans une société où on aime notre liberté d’expression, c’est correct pour les citoyens de dire qu’ils ne sont pas d’accord. Je n’ai pas vu de geste d’intimidation ou de violence. Si j’en avais vu, je les aurais dénoncés», a-t-il dit.

La cheffe libérale Dominique Anglade, dont la présence à l’événement n’était pas prévue à son horaire, a reçu un accueil mitigé lorsqu’elle s’est finalement présentée en après-midi, seule avec ses conseillers et ses gardes du corps. Quelques jeunes lui ont réclamé un «selfie», tandis que d’autres l’ont accusée de faire de la «récupération politique» en lançant: «Laissez-nous marcher tranquilles!»

«Pour moi, c’était important d’être présente. Quand je prends un engagement, je le respecte. Ça fait des années que je viens. Normalement, je viens accompagnée de mes enfants. Cette fois-ci, ce n’est pas possible, mais c’est vraiment important pour moi d’être présente», a indiqué la cheffe libérale.

L’équipe du chef péquiste Paul St-Pierre Plamondon avait également prévu participer à la manifestation, mais en matinée, M. St-Pierre-Plamondon a dû annuler ses activités pour la journée en raison de «symptômes grippaux».

La manifestation s’est terminée vers 16h, après que des leaders étudiants eurent prononcé des discours à la Place du Canada.

Taxer la richesse

Les groupes qui organisaient la marche demandent également «la taxation de la richesse, afin de réinvestir massivement dans les services publics et les programmes sociaux afin que cette transition ne mène pas davantage à l’accroissement des inégalités sociales».

Des mobilisations étaient prévues à Montréal, Québec, Sherbrooke, Gatineau, Rimouski, Trois-Rivières, Rouyn-Noranda, l’Assomption, Saint-Jérôme, Granby, Mont-Laurier et Victoriaville.

«C’est l’avenir des générations futures qui est en jeu. Pourtant, c’est la recherche de la croissance économique qui oriente encore la vision des gouvernements, et ce, peu importe les conséquences», a exposé Amélie Beaulé, déléguée de l’Association étudiante du Cégep Saint-Laurent.

La Planète s’invite au Parlement, le Front étudiant d’action climatique, la Coalition étudiante pour un virage environnemental et social – CEVES, le Front d’action populaire en réaménagement urbain (FRAPRU), les Travailleurs et travailleuses pour la justice climatique (TJC), le Mouvement d’éducation populaire et d’action communautaire du Québec (MEPACQ) font partie de la coalition.