De plus en plus de Québécois consomment du cannabis depuis sa légalisation
QUÉBEC — De nouvelles données semblent indiquer que la légalisation de la consommation de cannabis de manière récréative et sa mise en marché par l’État ont eu pour effet d’augmenter le nombre de consommateurs au Québec.
Selon l’«Enquête québécoise sur le cannabis 2021», publiée cette semaine par l’Institut de la statistique du Québec, une personne sur cinq, âgée de plus de 15 ans, soit 20 % de la population, a consommé du cannabis au cours de la dernière année. À titre comparatif, en 2018 – année où entraient en vigueur la loi fédérale sur le cannabis et la loi provinciale qui encadre le cannabis – le taux était de 14 %.
L’augmentation de l’engouement pour cette drogue dite «douce» serait observable dans tous les groupes d’âge, sauf chez les adolescents de 15 à 17 ans, où l’on note un recul de 22 % de consommateurs en 2018 à 19 % en 2021.
Les plus grands consommateurs de «pot» seraient les 21 à 24 ans alors que 43 % d’entre eux ont affirmé en avoir pris en 2021. De manière générale, les hommes (23 %) sont aussi plus nombreux que les femmes (16 %) à recourir à cette substance.
De plus, la pandémie de COVID-19 qui a pesé lourd sur la santé mentale de beaucoup de gens en apportant son lot d’anxiété et en aggravant le sentiment d’isolement de plusieurs a favorisé la consommation de cannabis. Près d’un adepte sur quatre (24 %) a rapporté avoir augmenté sa consommation pendant la crise sanitaire.
Au moment de rédiger la Loi fédérale sur le cannabis, le rapport final du groupe de travail sur la légalisation et la réglementation de cette drogue avait établi plusieurs objectifs, dont ceux de protéger les jeunes; de retirer les profits des mains de groupes criminels; et d’établir et exécuter un système strict de production, de distribution et de vente.
Les données semblent indiquer que ces cibles demeurent accessibles surtout en ce qui concerne la prise de contrôle du marché de la production et de la distribution alors qu’à peine 11 % des répondants ont dit s’être approvisionnés de manière illégale en 2021. Cela représente une importante chute par rapport aux 32 % de consommateurs qui disaient l’avoir fait en 2018.
Toujours selon le rapport de l’Institut de la statistique, 70 % des consommateurs se seraient approvisionnés directement auprès de la Société québécoise du cannabis (SQDC) au cours de la dernière année.
La croissance des ventes enregistrées par la SQDC témoigne également de l’engouement pour le cannabis alors que le premier rapport annuel publié en 2019 faisait état de ventes totalisant 71,3 M $ avec 13 succursales.
L’année suivante, les chiffres ont bondi avec des ventes de 311,6 M $ grâce à un réseau de 41 succursales. Puis, en 2021, on a dépassé le demi-milliard avec des ventes de 537,2 M $ dans un réseau de 66 succursales.
Par ailleurs, en plus d’avoir un effet croissant sur la consommation, la légalisation et la prise de contrôle du système d’approvisionnement par l’État ont aussi eu pour conséquence de changer la perception du public face au «pot».
Si moins de la moitié des Québécois (48 %) trouvaient «socialement acceptable de consommer occasionnellement du cannabis» en 2018, c’est aujourd’hui près des deux tiers de la population (63 %) qui considèrent la chose correcte.