Des militantes trans s’élèvent contre une subvention à un groupe jugé transphobe

MONTRÉAL — Des membres de la communauté LBGTQ+ envoient une volée de bois vert au gouvernement Legault pour avoir subventionné un groupe qui aurait tenu des propos jugés transphobes.

Le réseau anglais de Radio-Canada, CBC, a récemment rapporté avoir retracé sur le compte Twitter de Pour les droits des femmes du Québec (PDF) le partage de ressources qui encouragent les personnes transgenres à faire une détransition et qualifient les chirurgies de genre de «mutilations». Il mentionne aussi avoir trouvé une série de gazouillis s’en prenant à des militantes transgenres.

Celeste Trianon, une militante transféministe qui dirige un cabinet juridique venant en aide à des femmes transgenres dit avoir été souvent ciblée par PDF.

«Il a récemment commencé à m’attaquer en raison de ma stature au sein de la communauté trans du Québec. PDF Québec a notamment partagé de la désinformation à mon sujet, sur mon organisation et sur moi personnellement. Il a publié des articles calomnieux à mon endroit», dit Celeste Trianon.

Elle ajoute avoir reçu plusieurs menaces de mort à cause de la mésinformation répandue par le groupe.

Fae Johnstone, une militante d’Ottawa, dit avoir été prise à partie la semaine dernière sur Twitter par PDF Québec. Elle mentionne que le groupe l’avait déjà décrite comme une personne «misogyne».

«C’est vraiment blessant de lire ça et de constater que ce groupe contribue à la campagne de haine contre moi. C’est vraiment atroce, raconte-t-elle. PDF Québec ne considère pas que les trans savent eux-mêmes ce qu’ils sont, mais qu’ils ont été trompés ou qu’il y a quelque chose qui cloche chez eux».

La militante affirme n’avoir appris que la semaine dernière que PDF Québec avait reçu une subvention du gouvernement du Québec. «C’est absolument atroce», lance-t-elle.

PDF Québec, qui se décrit comme un groupe féministe, mixte et non partisan, a été créé en 2013. Il a reçu une première subvention de 120 000 $ en 2019-2020. Il n’a pas répondu aux nombreuses demandes d’entrevue.

Catherine Poulin, une porte-parole du ministère du Travail et de la Solidarité sociale, qui a versé la subvention, dit que le ministère n’était pas au courant des allégations de transphobie contre le groupe.

«On va s’en occuper en accord avec l’entente de subvention signée avec cette organisation, laisse-t-elle savoir. Si l’organisation ne respecte pas cet accord, une mesure corrective sera demandée avant le renouvellement de l’aide financière, qui est prévue en avril 2023.»

À l’Assemblée nationale

La porte-parole libérale pour les dossiers concernant les communautés LGBTQ+, Jennifer Maccarone, avait déclaré jeudi que cette subvention «va à l’encontre du Plan d’action de lutte contre l’homophobie et la transphobie».

La ministre de la Condition féminine, Martine Biron, a répondu «qu’il n’y a personne ici qui peut être d’accord avec ce genre d’affirmation là», évoquant qu’un travail de consultations est entrepris afin de renouveler la stratégie gouvernementale concernant les communautés LGBTQ+. 

«Chaque groupe a son opinion, (…) a ses objectifs». «Je pense que les groupes doivent être respectés dans leur ensemble et être écoutés. Ils sont consultés actuellement, et c’est bien évident que je vais m’assurer que ce n’est pas négatif ou haineux à l’égard des autres», a déclaré la ministre.

Cet article a été produit avec le soutien financier des Bourses Meta et La Presse Canadienne pour les nouvelles.