Des scientifiques dévoilent une lettre de 60 mètres réclamant un meilleur financement

OTTAWA — Quelques centaines de scientifiques et chercheurs se sont rassemblés sur la colline du Parlement jeudi afin d’exiger du gouvernement fédéral une bonification du financement en sciences.

Une des principales demandes des organisateurs de l’événement «Soutenez notre science» est une augmentation de près de 48% de la valeur des bourses d’études supérieures et des bourses postdoctorales accordées par des organismes subventionnés par Ottawa.

Selon le groupe de manifestants, le financement pour les étudiants de troisième cycle n’a pas augmenté depuis 2003. La hausse réclamée permettrait d’égaler la valeur de l’inflation observée depuis cette année-là, soutient le collectif.

«La plupart de nos salaires ont presque doublé depuis 2003 alors c’est inimaginable de vivre avec un (revenu) de 20 ans en arrière», a dit Jeannette Whitton, professeure au département de botanique de l’Université de Colombie-Britannique qui s’est rendue au rassemblement.

Cette dernière a affirmé entendre «extrêmement souvent» les préoccupations financières de la part de jeunes scientifiques qu’elle côtoie.

«J’ai une étudiante présentement au baccalauréat qui aimerait bien faire sa maîtrise, mais elle peut faire plus d’argent en plantant des arbres l’été qu’elle pourrait en faire dans toute une année, et ce, même avec une subvention prestigieuse», a-t-elle donné en exemple.

À son avis, la communauté scientifique risque d’être de moins en moins diversifiée et représentative de l’ensemble de la population puisque seuls les jeunes provenant de milieux plus aisés pourront continuer d’avoir les moyens d’étudier en sciences.

Anh-Khoi Trinh, un étudiant présent à la manifestation de jeudi, a souligné que bien des jeunes songent à aller poursuivre leur parcours professionnel ailleurs qu’au Canada afin d’y trouver de meilleures conditions.

«Depuis 2003, la valeur des bourses est à 21 000$ par année et si on compare avec d’autres pays comme les États-Unis, on voit qu’il y a des universités où le salaire minimum est à environ 48 000 $US par année. On est donc à moins de la moitié que certains collègues aux États-Unis», a résumé celui qui est doctorant en physique à l’Université McGill.

Il a confié à La Presse Canadienne avoir cette réflexion lui-même. Pour l’heure, il a dit préférer l’idée de continuer son parcours au Canada, mais avoir fait le choix de se détourner de la recherche puisqu’il estime que cette option est trop précaire.

Les organisateurs du rassemblement ont présenté une lettre ouverte adressée au premier ministre Justin Trudeau et à son ministre de la Science et de l’Innovation François-Philippe Champagne. Le document ferait 60 mètres de long en raison des signatures rassemblées de milliers de scientifiques canadiens.

Les manifestants ont fait valoir que de nombreux étudiants de troisième cycle et chercheurs postdoctoraux reçoivent du financement de trois agences fédérales, mais que, bien souvent, ces bourses n’atteignent même pas la valeur du salaire minimum.

Ils demandent la création de 50 % plus de bourses pour les étudiants de troisième cycle et les chercheurs postdoctoraux.