Innovation dans le traitement des traumatismes crâniens

MONTRÉAL — Une innovation québécoise pourrait permettre d’améliorer le traitement et le pronostic des patients qui ont subi un grave traumatisme crânien.

Dans la foulée d’un accident, les médecins sont parfois contraints de retirer un volet osseux au niveau de la boîte crânienne permettre au cerveau d’enfler en sécurité ou pour combattre une hémorragie. Ce volet pourra n’être remis en place qu’après plusieurs semaines.

Les plaques de fixation crânienne dynamiques imaginées par Simon Lapointe, un étudiant à la maîtrise en génie mécanique à l’Université de Sherbrooke, en collaboration avec le neurochirurgien Christian Iorio-Morin permettent plutôt de laisser le volet osseux à sa place.

Cela permettra au patient d’être opéré une seule fois plutôt que deux, trois ou même quatre fois comme c’est le cas présentement.

L’innovation est née de l’intérêt de M. Lapointe pour les projets qui ont un impact concret dans la vie des gens, «et il n’y a rien de plus concret que la santé», a-t-il dit.

«J’ai parlé avec des patients qui ont eu la problématique, a-t-il ajouté. Puis c’est là que tu vois, que tu comprends en fait, pourquoi tu fais ce travail-là. C’est ça qui me motive.»

Intervention majeure

La craniectomie décompressive est une intervention chirurgicale majeure qui est pratiquée une vingtaine de fois par année au Centre hospitalier universitaire de Sherbrooke, auquel est rattaché le docteur Iorio-Morin.

Normalement, le volet osseux qui est retiré est conservé au froid en attendant que la guérison soit suffisante pour qu’on puisse le remettre en place; cela implique donc au minimum deux interventions, une pour l’enlever et une pour le replacer, mais d’autres pourront être nécessaires en cas de problème.

Faites de titane, les plaques de fixation crânienne dynamiques permettent au neurochirurgien de laisser le volet osseux en place après l’avoir découpé. Rattaché au crâne avec ces plaques, le volet bougera au besoin en fonction de l’enflure du cerveau, puis reprendra éventuellement sa place naturelle.

Parfois, admet le docteur Iorio-Morin, les médecins s’interrogent sur la meilleure approche à adopter après avoir opéré un patient qui leur est arrivé avec une importante hémorragie intracrânienne.

«Une fois que l’hémorragie est évacuée, des fois on se tire aux cartes un petit peu, a-t-il dit. Ça a l’air correct, mais on est tellement au début de la maladie du patient que peut-être que dans cinq jours ce ne sera plus correct, et là on prend une chance et dans certains cas on remet l’os.

«Et là, si on se trompe, il faut faire une deuxième chirurgie pour retourner l’enlever dans cinq jours quand c’est enflé, puis ensuite deux mois plus tard faire une troisième chirurgie pour le réimplanter.»

Dans un tel scénario, ajoute-t-il, ce sont deux interventions qui seraient évitées avec les nouvelles plaques, avec tout ce que cela implique d’anesthésies générales répétées, de risques d’infection et de temps monopolisé au bloc opératoire.

«C’est vraiment de faire le moins de chirurgies possible, si on est capables de s’en sortir avec une technique qui nous permet de laisser l’os en place», a résumé le docteur Iorio-Morin.

Les chercheurs estiment qu’il faudra environ trois ans pour obtenir toutes les autorisations nécessaires pour rendre cette innovation accessible au grand public.