Le nombre de Canadiens qui donnent du sang chute à son niveau le plus bas en dix ans

OTTAWA — La Société canadienne du sang affirme avoir de la difficulté à renflouer ses réserves nationales qui se trouvent à un niveau alarmant bas en raison de la pandémie de COVID-19.

D’après l’organisme, le coronavirus a eu pour effet de réduire le nombre de donneurs à son plus bas en une décennie.

«Le nombre de personnes qui donnent du sang régulièrement à travers le Canada a chuté de 31 000 depuis le début de la pandémie, ce qui a mis encore plus de pression sur le reste de la communauté de donneurs», a expliqué le directeur général de la chaîne d’approvisionnement et vice-président aux relations avec les donneurs, Rick Prinzen.

«Bon nombre de nos donneurs réguliers donnent déjà plusieurs fois par année», ajoute-t-il.

Son équipe supervise les inventaires à partir desquels le sang et les produits du sang sont régulièrement distribués à travers le pays pour répondre aux besoins des hôpitaux et de leurs patients.

Environ 400 000 Canadiens donnent du sang de façon régulière, mais ces produits ont une date de péremption. Pour le plasma congelé, on parle d’un an. Pour les globules rouges, on dispose de 42 jours. Pour les plaquettes, on n’a que cinq jours. Ainsi, il faut s’assurer de compter sur des contributions constantes pour s’assurer que l’offre réponde à la demande.

 La Société canadienne du sang dit espérer que la Semaine nationale du don de sang, qui se déroule cette semaine, permettra d’attirer 100 000 nouveaux donneurs cette année. Le hic, c’est que la saison estivale est normalement une période creuse pour les dons alors que les gens annulent souvent leurs rendez-vous et partent en vacances.

«La vie des patients dépend de la mobilisation de nouveaux donneurs», insiste M. Prinzen.

«À l’heure actuelle, nous avons aggravé les pertes de donneurs dues à la COVID-19 et nous n’avons pas pu recruter de nouveaux donneurs lors d’événements communautaires en personne en raison des restrictions des deux dernières années», a déclaré M. Prinzen.

La demande pour des produits du sang avait fortement chuté au plus fort de la pandémie avec la limitation des déplacements et l’annulation d’un grand nombre de chirurgies. Au même moment, la Société canadienne du sang devait ralentir ses activités en raison des consignes de distanciation physique, alors on retrouvait un certain équilibre.

Maintenant que la vie reprend son cours, la demande atteint les niveaux d’avant la pandémie – même légèrement au-dessus – en raison d’un «rattrapage du système de santé», a fait savoir le PDG, Dr Graham Sher.

Les approvisionnements en sang sont adéquats, mais il n’est pas viable de compter sur moins de donneurs qui font plus souvent des dons de sang, a spécifié le Dr Sher.

«Nous dépendons de plus en plus d’un nombre réduit de donneurs et nous comptons sur ces personnes pour qu’elles viennent à un rythme encore plus soutenu», a -t-il indiqué. 

La Société canadienne du sang n’a pas encore vu l’effet de la décision de mettre fin à une restriction imposée aux hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes, de donner des produits sanguins pendant trois mois, a déclaré le Dr Sher. La politique doit entrer en vigueur au plus tard le 30 septembre.

«Nous aurons alors un programme de donateurs plus inclusif qu’il ne l’est actuellement et nous modifierons le type de questions que nous poserons aux donateurs.»

Une augmentation des dons aidera, mais il est difficile de dire de combien, a mentionné le Dr Sher. 

Selon lui, cela augmentera légèrement avec l’arrivée de nouveaux donateurs, mais il souligne qu’il ne voudrait pas s’appuyer sur ce mécanisme pour combler le déficit. 

Eric Polo, 15 ans, de Toronto, reçoit chaque mois des produits sanguins pour une maladie rare qui affecte la production de globules rouges de son organisme.

«Ils me maintiennent en vie, a-t-il témoigné. Je suis reconnaissant pour ce que font les donneurs de sang.»