L’ombudsman de Toronto se penche sur l’itinérance et les campements de fortune

TORONTO — L’ombudsman de Toronto affirme que la Ville doit traiter avec dignité et respect les personnes en situation d’itinérance qui vivent dans des campements improvisés. 

L’ombudsman Kwame Addo mène une enquête sur le démantèlement par la Ville de Toronto, l’été dernier, de campements installés dans des parcs de la métropole. Il a publié jeudi un rapport provisoire, qui contient déjà quelques recommandations adressées à l’administration municipale.

M. Addo estime ainsi que la Ville devrait élaborer un plan détaillé décrivant comment et quand elle mettra à jour son protocole de réponse aux campements, organisera des consultations publiques sur cette mise à jour, et définira clairement le rôle et le mandat de son bureau affecté précisément aux campements.

«Nous avons entendu des personnes qui vivaient dans des campements dire qu’elles ne croyaient pas que la Ville les traitait avec respect et dignité, a-t-il déclaré dans une entrevue. Ces campements étaient leurs maisons et elles n’avaient pas l’impression que la Ville respectait cela.»

La Ville et la police de Toronto ont démantelé l’été dernier quatre campements de personnes en situation d’itinérance dans trois parcs de la métropole, ce qui a provoqué des confrontations avec les occupants et leurs sympathisants.

M. Addo a déclaré que la Ville avait un protocole de réponse aux campements obsolète – il n’a pas été mis à jour depuis 2005 – et a noté que le bureau qui coordonne les actions de la Ville à l’égard des campements manquait de ressources.

La mise en pratique de ses recommandations améliorera la façon dont la Ville réagit aux campements de sans-abri, a-t-il déclaré, soulignant la complexité d’un enjeu qui touche le logement abordable, la pauvreté et les droits de l’homme.

«L’évacuation des campements est extrêmement perturbatrice et, dans certains cas, traumatisante pour les personnes qui y vivent, a déclaré M. Addo. La balle est maintenant dans le camp de la Ville.»

Le maire de Toronto, John Tory, a déclaré que lui et le personnel de la Ville acceptaient toutes les recommandations de l’ombudsman, y compris le renforcement du bureau des campements pour appliquer un protocole plus juste et cohérent pour évacuer les campements de sans-abri.

La Ville s’efforcera d’évacuer les campements d’une manière moins perturbatrice et plus compatissante, mais elle continuera de veiller à ce que les parcs soient accessibles à tous, a dit M. Tory.

«Les parcs publics ne sont pas un endroit où nous pouvons avoir des campements. Ils ne sont pas sécuritaires, ils sont illégaux et ils ne sont pas sains», a déclaré M. Tory jeudi lors d’une conférence de presse après l’ouverture de 22 logements abordables récemment rénovés à Toronto.

«Il y a eu des gens qui ont manifesté leur opposition et ont dit que (les parcs) sont des endroits tout à fait appropriés pour que les gens vivent et installent des campements encore plus grands. Je n’accepte pas cela en tant que maire.»

La Ville a déclaré que le rapport de l’ombudsman sera présenté au cours d’une réunion du conseil municipal ce mois-ci.

«Le personnel de la Ville mettra en œuvre les recommandations et fournira à l’ombudsman une mise à jour au quatrième trimestre 2022, et tous les trimestres par la suite», a indiqué la Ville dans un communiqué.

Selon les données de la Ville, le nombre de campements de sans-abri à Toronto est passé d’environ 418 en juin 2021 à environ 121 au 13 juillet 2022.

L’équipe de l’ombudsman a examiné environ 11 000 documents de la Ville et s’est entretenue avec 43 sans-abri avant de publier les recommandations.

M. Addo a déclaré que son équipe surveillera la mise en œuvre de ses recommandations par la Ville et publiera un rapport complet plus tard cette année.

«Dans ce rapport, nous nous concentrerons sur la planification par la Ville des évacuations de campements, la façon dont elle s’est engagée avec les parties prenantes et comment elle a communiqué avec les membres du public au sujet des évacuations», a-t-il déclaré.