Ontario: trois partis promettent de sortir le privé des soins de longue durée

TORONTO — La pandémie de COVID-19 a mis en lumière l’état du réseau de soins de longue durée en Ontario et a démontré que les entreprises privées ne devraient pas jouer dans le marché des soins aux aînés, selon trois des quatre principaux partis politiques de la province.

Le NPD, le Parti libéral et le Parti vert ont tous promis de sortir les organisations à but lucratif du système de soins de longue durée. Avec le vieillissement de la population accéléré en Ontario, ces trois partis ont fait de cette promesse une priorité.

Seuls les progressistes-conservateurs en quête d’un nouveau mandat refusent de s’attaquer au privé dans le marché des soins de longue durée. Ceux-ci proposent plutôt des mesures pour augmenter la capacité d’accueil du marché et se vantent d’être en voie de dépasser leur promesse de 2018 d’ajouter 30 000 nouveaux lits dans le réseau d’ici 2028.

On compte actuellement 31 705 lits supplémentaires dans l’ensemble des projets en cours d’après les données contenues dans le plus récent budget du gouvernement. C’est ce budget qui sert de plateforme électorale au PPC de Doug Ford.

Le chef progressiste-conservateur n’a pas répondu aux questions des journalistes jeudi.

Sa porte-parole, Ivana Yelich, a déclaré que le PPC travaillait en collaboration avec des partenaires «pour mettre des pelles dans le sol» et remplir leur promesse d’ajouter davantage de lits dans le réseau «pour que nos aînés aient accès aux soins de qualité qu’ils méritent».

Les chiffres officiels montrent que le nombre d’aînés dans la province devrait pratiquement doubler, passant de 2,6 millions en 2020 à près de 4,5 millions d’ici 2046. La population âgée de 75 ans et plus pourrait passer de 1,1 million en 2020 à près de 2,7 millions d’ici 2046.

Les autres partis aussi se sont engagés à augmenter le nombre de lits disponibles en soins de longue durée – 55 000 d’ici 2033 pour les verts, 50 000 d’ici 2030 pour le NPD et 30 000 d’ici 2028 pour les libéraux.

Ces trois formations politiques croient toutefois que ces lits devraient être gérés par des organisations à but non lucratif ou les municipalités.

«Collectivement, en tant qu’Ontariens, nous devons tirer des leçons de ce qu’on a vu pendant la pandémie de COVID-19», a mentionné jeudi le chef libéral Steven Del Duca qui se trouvait à Richmond Hill. 

«(Doug Ford) semble clairement croire que de mettre les actionnaires et les dividendes devant les soins et nos aînés est la meilleure manière de régler le problème.»

Plus de 4500 résidents de centres de soins de longue durée sont morts de la COVID-19 en Ontario. Les résidences privées comptaient près de deux fois plus de patients infectés par le coronavirus et 78 % plus de décès comparativement aux résidences sous gestion à but non lucratif, selon une analyse menée l’an dernier par des scientifiques chargés de conseiller le gouvernement sur la pandémie.

La cheffe néodémocrate Andrea Horwath, qui se trouvait à Brampton, a souligné que les soins de longue durée étaient en crise bien avant le début de la pandémie, jetant le blâme à la fois sur les libéraux du précédent gouvernement et sur les progressistes-conservateurs.

«On a tenté de les pousser à investir dans les soins de longue durée pendant des années afin d’améliorer l’environnement horrible dans lequel les gens vivent, particulièrement dans les résidences privées», a commenté Mme Horwath en déplorant le fait qu’elles ont dû porter un lourd fardeau pendant la pandémie.

«Plus de privatisation dans notre système de santé est la mauvaise voie à emprunter. Des gens, des entreprises, des actionnaires ne devraient pas tirer des profits sur le dos de nos êtres chers», a-t-elle martelé.

Dans le camp des verts, on promet de rehausser le financement des soins de longue durée de 10 % afin d’entreprendre un virage vers un système de gestion à but non lucratif.