«Pénurie criante» d’infirmières examinatrices en cas d’agression sexuelle au Canada

SAINT-JEAN, T.-N.-L. — Une professeure adjointe en sciences infirmières à l’Université du Nouveau-Brunswick déplore la pénurie criante d’infirmières examinatrices en cas d’agression sexuelle au Canada.

Martha Paynter, qui est également auteure et militante bien connue pour l’équité en matière de santé, affirme que la plupart des infirmières examinatrices en matière d’agression sexuelle travaillent actuellement sur demande et sur appel, en plus de leur emploi à temps plein, si une victime se présente dans un établissement.

Selon Mme Paynter, de nombreuses infirmières aimeraient faire ce travail, mais elles sont déjà aux prises avec l’épuisement professionnel et des conditions rigides dans leur emploi régulier.

Les responsables de la santé du Nouveau-Brunswick et de Terre-Neuve-et-Labrador ont annoncé qu’ils avaient abandonné l’idée de former des infirmières examinatrices en matière d’agression sexuelle, parce que trop peu de candidates s’étaient inscrites.

L’Association des infirmières et infirmiers de l’Ontario, quant à elle, déplore une pénurie «préoccupante» de ces infirmières spécialisées dans cette province.

Statistique Canada rapporte que le taux d’agressions sexuelles déclarées par la police au Canada a augmenté de 18 % en 2021 par rapport à l’année précédente. Les plus fortes augmentations ont été enregistrées au Québec, à Terre-Neuve-et-Labrador et au Nouveau-Brunswick.

Les infirmières examinatrices en cas d’agression sexuelle sont des «infirmières médico-légales» formées pour recueillir adéquatement des preuves auprès des victimes et pour les aider à faire face au traumatisme. Elles peuvent également être appelées à témoigner au procès. 

Sheila Early, présidente de l’Association des infirmières et infirmiers légistes du Canada, soutient que la pénurie actuelle d’infirmières spécialisées dans les agressions sexuelles s’explique par le fait que pendant des décennies, on a confié ces tâches à un poste occasionnel.

Mme Early rappelle en entrevue que cette formation n’est malheureusement pas reconnue comme une spécialité par l’Association des infirmières et infirmiers du Canada.

L’Association des infirmières et infirmiers du Canada n’a pas immédiatement répondu à une demande de commentaires.