Pression pour retrouver les restes des femmes: les activités suspendues à la décharge

MONTRÉAL — Les opérations de collecte des ordures dans une décharge située à l’extérieur de Winnipeg ont été interrompues jeudi, alors que les appels à la recherche des restes de deux femmes autochtones soupçonnées d’avoir été victimes d’un tueur en série s’intensifiaient.

La première ministre Heather Stefanson a déclaré que la direction du site d’enfouissement de Prairie Green, un dépotoir privé au nord de la ville, a interrompu ses activités pendant que la province et la ville déterminent quoi faire.

«Il est très important que nous prenions cette pause et que nous fassions les choses correctement», a-t-elle mentionné.

«Nous devons évaluer le site. Nous devons faire beaucoup de choses différentes au cours des prochains instants. En attendant, tout ce que nous demandons pour le moment, c’est une pause.»

Certaines de ces prochaines étapes comprendront la collaboration avec les communautés autochtones, a fait savoir le maire de Winnipeg, Scott Gillingham.

«Nous ne voulons en aucun cas mettre en péril cette affaire. Mais il est important que (…) la communauté autochtone et les dirigeants autochtones contribuent également à déterminer les prochaines étapes.»

Le chef de la police, Danny Smyth, a déclaré cette semaine que tout porte à croire que les restes de Morgan Harris et Marcedes Myran se trouvent dans un dépotoir situé à l’extérieur de la ville, mais que trop de temps s’est écoulé — et donc que trop que déchets ont été déposés — pour que les recherches puissent être concluantes.

M. Smyth a cité le temps passé, le fait que 10 000 camions de déchets ont été déversés dans la région au cours des mois suivants et que les déchets de la décharge sont compactés avec de la boue épaisse à une profondeur d’environ 12 mètres.

Il a reconnu la douleur et la colère des familles et a déclaré que ce n’était pas ainsi qu’il voulait que les recherches se terminent.

Des leaders autochtones du Manitoba réclament la démission du chef de police de Winnipeg, Danny Smyth.

La cheffe de la Première Nation de Long Plain, Kyra Wilson, et la grande cheffe de l’Assemblée des chefs du Manitoba, Cathy Merrick, ont affirmé que cette décision de ne pas mener de recherches pour retrouver les corps nuit au sentiment de sécurité dans la ville.

Elles appellent à la démission immédiate de M. Smyth et réclament que des fouilles soient lancées au dépotoir.

«Le message que vous envoyez à l’ensemble de la communauté est que les Autochtones n’ont pas d’importance, a affirmé Kyra Wilson lors d’une conférence de presse jeudi à Ottawa. Que si quelqu’un veut faire du mal à nos femmes, il peut les jeter à la décharge et personne ne les cherchera».

La famille de Mme Harris s’est jointe à l’appel à la démission de M. Smyth.

Kera Harris a déclaré qu’elle en avait assez de l’inaction de la police pour retrouver la dépouille de sa mère. Elle a ajouté que si M. Smyth ne peut pas effectuer la recherche, il devrait se retirer et donner à quelqu’un d’autre la possibilité de fournir à la famille une résolution appropriée.

«Nous essayons tous de parvenir à un compromis raisonnable, mais nous n’avons pas encore reçu de mots de reconnaissance, de réponse, ni d’accord, a-t-elle déclaré. Non seulement vous avez refusé de fouiller ces décharges, mais vous n’avez proposé aucune voie alternative pour donner la paix à ces femmes.»

Jeremy Skibicki a été accusé des meurtres de quatre femmes, soit Morgan Harris, Marcedes Myran, Rebecca Contois, et une quatrième victime que les dirigeants autochtones ont appelée «Buffalo Woman».

La police pense que les femmes ont été tuées au printemps, bien que les enquêteurs n’aient jusqu’à présent localisé que le corps de Mme Contois. Une partie des restes de ses restes ont été retrouvés dans une benne à ordure de la ville et dans un autre dépotoir, le printemps dernier.

Ottawa soutient les familles

Kyra Wilson a également été rejoint par plusieurs autres dirigeants des Premières Nations du Manitoba pour demander la démission de M. Smyth.

Le grand chef Jerry Daniels de la Southern Chiefs’ Organization au Manitoba a recommandé la fermeture du site d’enfouissement pour résoudre les problèmes de sécurité.

«Vous ne pouvez pas utiliser un langage autour du fait que ce n’est pas faisable parce que cela ne fonctionne pas pour nous. Cela ne fonctionne pas pour nos femmes, et cela ne fonctionnera pas pour notre relation avec la police», a-t-il soutenu.

Le conseil de police de Winnipeg se réunit jeudi soir pour discuter des prochaines étapes, a indiqué Markus Chambers, président du conseil.

Il a déclaré que la conversation portera sur l’aide aux familles, et non sur les appels à la démission de M. Smyth.

Selon M. Chambers, comme la communauté vient de traverser des épreuves reliées au système des pensionnats et les tombes anonymes, le conseil se doit «d’être sensible à cela».

«C’est exactement là où nous en sommes en ce moment en demandant la pause», a-t-il dit.

La mort des femmes a été évoquée lors d’une réunion de l’Assemblée des Premières Nations à Ottawa où plusieurs ministres fédéraux et le premier ministre Justin Trudeau ont parlé de soutien à la communauté.

«Ces actes de violence effrayants et récurrents contre les femmes autochtones ne peuvent pas continuer. Notre gouvernement reste déterminé à apporter des changements transformateurs», a déclaré M. Trudeau aux chefs des Premières Nations.

Il a déclaré qu’Ottawa continuera de travailler pour mettre en œuvre des changements afin de résoudre le problème des femmes et des filles autochtones disparues et assassinées.

Le ministre de la Sécurité publique, Marco Mendicino, a indiqué que le gouvernement fédéral se rallierait aux familles.

«Ces familles méritent le même soutien professionnel que tous les autres Canadiens, a-t-il déclaré. Nous ferons tout notre possible pour nous assurer que les forces de l’ordre disposent des outils et des ressources nécessaires pour faire le travail.»

Toutes les décisions prises par la police seront prises de manière indépendante, a-t-il ajouté.

— avec des dossiers de Steve Lambert à Winnipeg et de Stephanie Taylor à Ottawa